Bienvenue au club ! diront certains. Standard and Poor’s a abaissé d’un cran vendredi la note de la Belgique.
Cette dernière est désormais ramenée de AA+ à AA. Raisons invoquées par l’agence de notation : l‘endettement du royaume et la crise politique que traverse actuellement le pays, empêchant d’établir un budget pour 2012.
Si la note AA attribuée à la Belgique appartient à la catégorie des émetteurs de haute qualité, elle est désormais toutefois assortie d’une perspective négative.
Standard and Poor’s redoute notamment que les difficultés du secteur financier contraignent l’Etat à des mesures de soutien qui alourdiraient le cas échéant le niveau de la dette du pays, déjà fort élevée.
Si la Belgique se voyait de nouveau obligée à porter secours à son secteur bancaire, situation qui s’est déjà produite en 2008, sa dette, qui devrait atteindre 97% du PIB à la fin de l’année, pourrait dépasser les 100%, si l’on en croit l’agence.
Rappelons à cet égard que l’Etat belge a d’ores et déjà dû débourser 4 milliards d’euros en vue de racheter la branche nationale de la banque Dexia, en cours de démantèlement suite à son incapacité à faire face à la crise des subprimes. La liquidation annoncée du groupe coopératif Arco, actionnaire de Dexia pour près de 14%, pourrait également coûter à l’Etat 1,5 milliard d’euros sous forme de garanties.
Le groupe financier coopératif, Cera, est quant à lui mis à mal par la chute du cours de la première banque belge, KBC, dont il est un actionnaire important. L’Etat belge pourrait être amené à débourser un milliard d’euros de garanties si un besoin pressant se faisait sentir.
S&P estime par ailleurs que la crise politique qui perdure actuellement dans le royaume n’offre pas au gouvernement belge toute latitude pour mettre en oeuvre des réformes structurelles d’envergure.
Rappelons en effet qu’en raison principalement d’un conflit opposant les communautés néerlandophone et francophone, la Belgique se trouve toujours sans gouvernement de plein exercice depuis plus de 500 jours, date des dernières élections législatives.
L’agence de notation Moody’s a d’ores et déjà laissé entendre pour sa part qu’elle pourrait également abaisser la note du pays, face à un tel contexte.
Les négociations mises en oeuvre pour tenter de former un nouveau gouvernement butent depuis plusieurs semaines sur les questions budgétaires. Lundi, un nouveau pallier a été franchi, le chef des socialistes francophones, Elio Di Rupo, chargé de former le futur gouvernement, ayant jeté l’éponge. Toutefois, mercredi, le roi des Belges, Albert II lui a demandé de faire un come-back.
Réagissant à l’annonce de S&P, le Premier ministre sortant Yves Leterme a lancé quant à lui un appel aux six partis négociant la formation du nouveau gouvernement, les exhortant à trouver un accord sur le budget avant l’ouverture des marchés lundi.
Rappelons que la Belgique doit trouver 11,3 milliards d’euros pour pouvoir faire repasser son déficit sous la barre des 3% du PIB en 2012, contrainte exigée par l’UE. Une urgence d’autant plus forte que les taux d’emprunt belges à 10 ans se rapprochent dangereusement des 6%, seuil dont le franchissement est considéré comme à risques.
Autre élément à prendre en compte : la Commission européenne menace actuellement la Belgique d’une amende de 700 millions d’euros si un budget de rigueur n’est pas bouclé d’ici la mi-décembre.
Sources : AFP, Reuters, Nouvel Obs