Barrage sur le Mékong / centrale de Xayaburi : le Laos temporise le projet

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Il est de plus en plus clair que l’eau sera l’or bleu  du 21ème siècle, si ce n’est déjà fait … C’est dans un tel contexte que l’Agence vietnamienne d’information (AVI) a indiqué lundi que le Laos s’engageait à retarder la construction d’un barrage sur le Mékong. Une concession faite face aux profondes inquiétudes des autres pays riverains du fleuve, lesquels s’inquiètent d’un éventuel impact sur l’environnement.

Cette nouvelle position du Laos intervient alors que le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande ont tenté depuis quelques mois de persuader le pays de reporter le projet de centrale de Xayaburi, arguant que les études d’impact étaient insuffisantes.

L’AVI a ainsi indiqué que le Premier ministre du Laos, Thongsing Thammavon, avait informé son homologue vietnamien Nguyen Tan Dung de sa décision de suspendre temporairement le projet hydroélectrique de Xayaburi. Une décision faisant suite à une entrevue entre les deux dirigeants survenue en marge d’un sommet de l’Association des Nations d’Asie du sud-est (Asean) tenue ce week-end.

Précisons toutefois qu’en avril dernier, le journal cambodgien Bangkok Post affirmait pour sa part que le Laos aurait déjà débuté les travaux, sans attendre l’accord des autres pays riverains. Il est vrai que l’enjeu du projet est crucial pour le Laos, ce pays l’un des plus pauvres de la planète, comptant notamment sur l’hydro-électricité pour atteindre ses objectifs de croissance.

Le budget de construction du Xayaburi est évalué à près de 2,5 milliards d’euros, le chantier devant s’étaler sur une durée de huit années. Long de 810 mètres et haut de 32, il s’agit du premier barrage situé sur le courant principal inférieur du Mékong.

A noter par ailleurs que les différents protagonistes, à savoir Laos, Thaïlande, Vietnam et Cambodge se sont récemment mis d’accord pour travailler ensemble à la gestion du fleuve au sein de la Commission régionale du Mékong (MRC), créée en 1995.

En octobre dernier, une étude demandée par la MRC avait proposé de geler pendant dix ans la construction des barrages, en vue de pouvoir disposer du temps nécessaire pour étudier les risques encourus par l’écosystème et les populations riveraines du fleuve.

Selon la MRC, plus de 60 millions de personnes dans les quatre pays membres sont dépendant du fleuve pour leur transport, leur alimentation et leurs activités économiques. Le Vietnam et le Cambodge redoutent tout particulièrement une diminution importante des réserves de poissons et des mouvements de sédiments servant d’engrais, éléments essentiels aux populations locales.

Pour le WWF  (Fonds mondial pour la nature) « ce qui en jeu n’est rien de moins que les moyens de subsistance de dizaines de millions d’individus dans la région ».

Rappelons que le Mékong prend sa source en Chine, traverse le Laos, lui servant de frontière avec la Birmanie et la Thaïlande, avant de poursuivre son cours au Cambodge et de former un delta dans le sud du Vietnam.

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