Libye : la Chine prête à un come-back pour le pétrole

oil_china-demande.jpgC’est bien connu l’argent n’a pas d’odeur … et encore moins l’argent du pétrole.

Alors que les forces de Kadhafi semblent reprendre du terrain en Libye, des assauts meurtriers se répétant jour après jour, la Chine semble faire fi du bain de sang engendré par la quasi guerre civile, pour avancer ses pions dans ce pays riche en pétrole.

Loin de toute considérations humanitaires et éthiques, l’ambassadeur de Chine à Tripoli, Wang Wang Shing a ainsi déclaré mercredi que les entreprises chinoises étaient prêtes à revenir reprendre leurs activités en Libye.

Selon les propres termes de l’ambassadeur, les entreprises chinoises ont la « disposition, le désir et le souci » de revenir en Libye pour reprendre les projets de développement dont elles étaient chargées, en particulier dans les domaines des infrastructures, du bâtiment et des télécommunications.

Discours qui vaut tout de même son pesant d’or – dans tous les sens du terme – la Chine tentant ainsi de nous faire croire qu’elle souhaite avant tout respecter ses engagements.

 

Ne reculant décidément devant rien, Wang Wang Shing, s’exprimant lors d’une réunion avec le chef du gouvernement libyen Baghdadi Mahmoudi, a ajouté que les sociétés chinoises étaient « prêtes à coopérer avec Tripoli pour la réalisation d’autres projets de développement dans différents secteurs« . Ben voyons …

 

La Chine semble ainsi profiter à sa manière de la situation, visiblement ravie de la place nette que lui ont faite les majors pétrolières occidentales.

 

Précisons que dimanche, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a invité des compagnies pétrolières chinoises, russes et indiennes  à venir exploiter le brut libyen, la production pétrolière du pays se trouvant quasi nulle à la suite du départ de la majorité des compagnies étrangères.

Ces dernières ont suspendu totalement ou partiellement leur production de brut dans le pays, évacuant parallèlement leur personnel, en raison des violences.

Vendredi, Christophe de Margerie, PDG de la compagnie pétrolière française Total, présente en Libye a déclaré que la production libyenne de pétrole avait chuté d’environ 80% depuis le début de la révolte contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, le 15 février dernier, tombant à « 200.000 ou 300.000 barils par jour ».

Mais ce week-end, la Compagnie pétrolière nationale libyenne a annoncé que « les ports pétroliers libyens » étaient « devenus sûrs après qu’il ait été mis fin aux actes de sabotage« , précisant qu’ils étaient « désormais opérationnels« .

Fort de ce constat, la Compagnie a ainsi demandé « à tous les employés de revenir à leur lieu de travail dans toutes les installations pétrolières » et « à toutes les sociétés d’envoyer leurs pétroliers vers ces ports et d’entamer les opérations de déchargement et chargement » de brut.

Visiblement l’appel du Colonel Kadhafi a été entendu … le dirigeant libyen sachant merveilleusement surfer avec la soif pétrolière de certains pays.

Précisons par ailleurs que le 2 mars dernier, le colonel Kadhafi avait déjà menacé de remplacer les firmes occidentales par des sociétés chinoises et indiennes.

Signalons également que début mars, le Financial Times avait affirmé pour sa part que les autorités libyennes engrangeraient toujours « des centaines de millions de dollars » en revenus pétroliers, et ce, malgré les sanctions internationales prises contre le régime.

« Les revenus générés par les exportations de pétrole atterrissent à la banque centrale de Libye, et potentiellement sous le contrôle direct du colonel Kadhafi« , déclarait ainsi le journal britannique. S’appuyant pour ce faire sur une source occidentale travaillant dans le secteur pétrolier et des interlocuteurs commerciaux du secteur.

Selon le Financial Times, au cours des deux semaines de fin février-début mars, les exportations de pétrole libyennes se sont élevées à environ 770 millions de dollars (555 millions d’euros). S’agissant de volumes, la Libye a exporté 570.000 barils par jour la dernière semaine de février, et 400.000 au cours de la première semaine de mars.

Si les quantités exportées avaient certes diminué – compte-tenu notamment de l’impact de la guerre civile sur le trafic maritime et le transit pétrolier via pipeline – des entreprises chinoises et indiennes auraient poursuivi leurs approvisionnements en pétrole libyen.

Sources : AFP, Reuters, Financial Times