Jordanie : les Bédouins exhortent le roi Abdullah à accélérer les réformes

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Après l’Egypte, la Jordanie ? Des membres des principales tribus bédouines du pays ont laissé entendre lundi que des manifestations semblables à celles survenues en Tunisie ou Egypte pourraient être observées en Jordanie si le roi Abdullah n’accélérait pas les réformes politiques.

Précisons que les Bédouins demeuraient jusqu’à présent le principal soutien du roi de Jordanie, considérés même comme l’épine dorsale du régime,  leurs critiques sont donc d’autant moins à prendre à la légère.

S’exprimant dans une missive destinée au dirigeant de l’Etat, 36 chefs bédouins ont pointé du doigt les dépenses et les interférences dans les décisions de l’exécutif. Allusion à peine voilée – à l’épouse du roi, la reine Rania.

Pire encore, les signataires ont vivement critiqué la « crise du pouvoir » et la « corruption profonde » du pays, estimant que le royaume connaîtrait « tôt ou tard » une révolte populaire.

Une « initiative » qui n’a pas eu l’heur de plaire au pouvoir en place, puisque le principal site d’information en Jordanie, Ammon News – qui a publié le communiqué – a été contraint à une fermeture temporaire lundi. Des mesures prises sur « ordre des services de sécurité » jordaniens selon son rédacteur en chef, Basel Okoor.

Après sa réouverture, quelques heures plus tard, le site a certes publié de nouveau le communiqué sujet à controverses … mais en retirant les paragraphes concernant la famille royale, jugés pour le moins gênants.

Le rédacteur en chef du site avait déclaré dans la matinée qu' »Ammon News [avait] été totalement piraté et fermé« . « La seule institution ayant les capacités techniques de le faire sont les services de renseignement jordaniens« , avait-il affirmé.

La situation semble de plus en plus difficile pour le roi Abdullah, alors que des Islamistes et d’autres membres de l’opposition ont d’ores et déjà organisé des manifestations réclamant davantage d’opportunités en politique et en matière d’emplois. Maintenant toutefois leur soutien au chef du royaume.

Rappelons que le 2 février dernier, Maarouf Bakhit a été nommé au poste de Premier ministre, en remplacement de Samir Rifaï, limogé par le roi sous la pression de la rue.

Pour répondre aux manifestations qui se déroulent d’ores et déjà dans plusieurs villes du pays, Maarouf Bakhit a proposé au Front d’action islamique (FAI), le principal parti d’opposition, de faire partie de son gouvernement.

Mais dimanche, cheikh Hamzeh Mansour, chef du FAI indiquait : « Nous avons reçu une offre d’entrer au gouvernement de Maarouf Bakhit, que nous avons refusée. Je ne peux pas vous donner les détails de cette offre. Tout ce que je peux dire est que notre participation à un gouvernement dans les circonstances actuelles est hors de question« .

Le FAI souhaite avant tout obtenir une réforme de la loi électorale au système uninominal, son maintien ayant poussé les islamistes à boycotter les dernières élections législatives de novembre 2010.

Bravant l’échec, Maarouf Bakhit a toutefois déclaré vouloir former un gouvernement « aussi représentatif que possible« , avant jeudi 10 février, avec « des personnalités crédibles et proches du peuple ».

Pur hasard ? C’est dans un tel contexte que suite à l’attaque survenu sur un gazoduc en territoire égyptien, un responsable jordanien a indiqué que l’arrêt de l’approvisionnement de gaz d’Egypte allait entraîner pour la Jordanie des pertes de 3,5 millions de dollars par jour.

Le royaume devra en effet remplacer le gaz par du fioul et du mazout pour pouvoir assurer l’alimentation des centrales électriques du pays.

« Le gaz égyptien couvre 80% des besoins électriques de la Jordanie » qui importe 6,8 millions de mètres cubes de gaz par jour d’Egypte, a par ailleurs précisé ce responsable.

Sources : Associated Press, AFP, Le Monde, Econostrum.info

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