Voilà qui ne devraient guère arranger le cours des choses : soulèvements sociaux et crises alimentaires pourraient une nouvelle fois agiter la planète toute entière. Alors que les prix des matières premières rentrant dans l’alimentation de base s’envolent d’ores et déjà, les agriculteurs d’Argentine ont entamé lundi une grève d’une semaine de la commercialisation des céréales et de soja.
Les quatre plus grandes organisations agricoles ont en effet appelé à la grève. Leur but : la libéralisation totale des exportations ainsi que de meilleurs prix de ventes.
Selon elles, les quotas d’exportations de blé annoncés par le gouvernement demeurent insuffisantes malgré les récentes mesures prise en vue de les passer d’augmentation de trois à sept millions de tonnes.
Les représentants des agriculteurs demandent également l’établissement d’un « prix juste » pour 30.000 petits producteurs de blé. Ces derniers souhaitent obtenir un prix à la tonne autour de 900 pesos (167 euros), alors que les moulins producteurs de farine et les exportateurs ne leur achètent qu’à 650-700 pesos (120-130 euros) à l’heure actuelle.
Eduardo Buzzi, représentant de la Fédération agraire argentine qui regroupe les petits producteurs, a quant à lui dénoncé « le transfert de ressources de la part du gouvernement national (…), de la poche des petits et moyens producteurs aux multinationales de l’exportation« .
Notons que ce mouvement intervient dix mois avant l’élection présidentielle, qui pourrait conduire au départ la Présidente actuelle, Cristina Kirchner. Toutefois, si l’on en croit les experts, l’impact international de ces mouvements sociaux devrait être limité, le blé étant la seule production concernée exportée en cette période de l’année.
Précisons tout de même que l’Argentine est le premier exportateur mondial de farine et d’huile de soja, le troisième en ce qui concerne les graines de cet oléagineux, le deuxième pour le maïs et le cinquième pour le blé.
Rappelons également que la semaine dernière, le soja et le maïs ont atteint de nouveaux records, atteignant des valeurs qui n’avaient plus été observées depuis juillet 2008.
Le boisseau de soja a ainsi grimpé à 14,3250 dollars jeudi, le contrat de maïs à échéance mars grimpant vendredi à 6,4875 dollars, après un pic à 6,52 dollars.
Raisons principales : le département américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse mercredi ses prévisions de production mondiale de maïs pour la campagne commerciale 2010/11. Ces dernières s’élèvent désormais à 816 millions de tonnes (Mt) contre 820,7 Mt en décembre et 812,40 Mt en 2009. Le stock final mondial reculant quant à lui de 3 Mt pour s’établir à 127 Mt.
Selon le Ministère de l’Agriculture US, cette situation est due par une diminution des estimations de production des Etats-Unis (-2,4 Mt à 316,17 Mt) et de l’Argentine (-1,5 Mt à 23,5 Mt).
Au cours de l’année 2008, les agriculteurs argentins avaient démarré une série d’actions contre le gouvernement, protestant contre la décision du gouvernement d’augmenter de 25% la taxe à l’exportation du soja, principale richesse du pays. Ils avaient obtenu gain de cause avec l’annulation par le Congrès des taxes flottantes à l’exportation sur les oléagineux. Fort de ce succès, en août 2009, le mouvement avait exigé la suppression de toutes les taxes, mesure justifiée selon eux par la baisse des prix internationaux observée à cette période.