Pour un peu cela serait presque vexant, à moins que « l’affaire » ne soit plus complexe qu’il n’y paraisse. Le géant public du nucléaire Areva a annoncé mercredi via la voix de sa présidente Anne Lauvergeon que le groupe n ‘était pas intéressé pas le rachat de l’agence d’énergie atomique du Canada (AECL). Ce, alors même que le canadien cherche acquéreur depuis près d’un an.
La division de l’agence atomique canadienne dédiée à la fabrication de réacteurs nucléaires n’a donc pas l’heur de plaire au groupe français, c’est en effet ce qu’a déclaré la dirigeante du groupe français lors du Congrès mondial de l’énergie, qui se tient jusqu’à jeudi à Montréal.
Laquelle a toutefois ajouté avoir eu de nombreuses discussions bipartites concernant une possible coopération entre EACL et Areva, voire une mise en commun des points forts des deux protagonistes.
« Ce sera au gouvernement canadien de prendre une décision« , a toutefois précisé Anne Lauvergeon, ne fermant pas la porte à un possible « partenariat« .
Rappelons que le gouvernement conservateur canadien n’a toujours pas trouvé de repreneur à l’heure actuelle pour EACL, agence publique mise en vente en décembre dernier qui fabrique les réacteurs nucléaires Candu. A cette date, le Canada avait lancé un appel d’offres, estimant que l’EACL avait « besoin d’investisseurs stratégiques afin de tirer pleinement parti » de la « renaissance mondiale » du nucléaire.
Un rapport d’expert lui recommandait alors de vendre au moins une partie d’EACL à des partenaires privés ou de conclure des alliances avec eux.
Figuraient sur la liste des éventuels candidats en dehors d’Areva, les sociétés Westinghouse-Toshiba (Japon), GE-Hitachi (USA) et Rosatom (Russie).
Premier producteur mondial d’uranium, le Canada dispose actuellement de 18 réacteurs en service ou en cours de rénovation, fournissant un peu plus de 15% de l’électricité du pays.
En juin dernier, la presse canadienne que le géant nucléaire français pouvait être considéré comme un favori bien placé pour obtenir le contrat des réacteurs d’Energie atomique du Canada (EACL). Trop bien placé peut-être … le monde étant parfois si petit …
Observateurs et politiciens redoutaient alors un conflit d’intérêts … N.M. Rothschild and Sons, la banque d’investissements engagée par le gouvernement canadien pour restructurer EACL ayant agi à plusieurs reprises …. comme conseiller financier pour Areva. Le gouvernement français ferait-il aujourd’hui « l’économie » d’un nouveau scandale Bettencourt ? ….. Qui sait.
La sénatrice canadienne Céline Hervieux-Payette n’avait pas mâché ses mots, évoquant « une relation incestueuse ». Cette dernière relevant par ailleurs qu’Areva a soudainement mis fin à toute activité de lobbyisme auprès du gouvernement canadien suite à l’engagement de la banque Rothschild par le gouvernement en 2009. Cheval de Troie en quelque sorte ?
Sources : AFP, Presse Canadienne, Blog du sénateur Céline Hervieux-Payette