Grèce : Moody’s abaisse la note à Ba1

l_00021138.jpgMoody’s ne semble guère croire à l’effet « miracle » du soutien apporté à Athènes par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI). Où plutôt du soutien surtout annoncé … mais non concrétisé dans les faits.

La preuve en est : l’agence de notation vient d’abaisser la note de la dette souveraine de la Grèce en catégorie spéculative. Les raisons avancées : les risques liés au mécanisme de soutien lui-même.

Un argument qui n’a pas l’heur de plaire à Athènes : lundi, le ministère grec des Finances a jugé sans fondement la dégradation de la note de la Grèce, laquelle est largement induite par de sérieuses craintes quant à ses capacités de remboursement de sa dette publique.

En une seule « passe », Moody’s a tout de même baissé de quatre marches la note grecque en la ramenant de « A3 » à « Ba1 ». Sa perspective sur la dette grecque est stable. Conséquences premières d’une telle dégradation : désormais pour assurer 10 millions de dollars de dette grecque à cinq ans, il faudra débourser 740 000 dollars d’assurance.

Certes l’agence de notation reconnaît que le mécanisme mis en oeuvre par l’Europe et le FMI « élimine de fait tout risque à court terme d’un défaut de liquidités et encourage la mise en oeuvre d’un ensemble de réformes structurelles crédibles, réalisables et incitatives ». Lesquelles « ont une forte probabilité de stabiliser les exigences de service de la dette à des niveaux gérables » si l’on en croit Moody’s.

« Néanmoins, les risques macroéconomiques et de mise en oeuvre associés au programme sont importants et plus cohérents avec une note à Ba1 » poursuit l’agence. Sarah Carlson, analyste de Moody’s ne mâche pas ses mots, selon elle « il y a beaucoup d’incertitudes quant à l’impact et le calendrier de mesures sur la croissance économique de la Grèce, surtout dans un contexte économique mondial moins porteur ». Pas totalement faux …

Mais qu’à cela ne tienne, le ministère grec des Finances a rapidement réagi face à l’abaissement la note grecque, estimant que cette « dégradation ne reflète en rien ni le progrès enregistré ces derniers mois ni les perspectives ouvertes par l’assainissement budgétaire et l’amélioration de la compétitivité du pays ».

« Les éléments d’exécution du budget montrent avec une grande clarté que le programme » de redressement « convenu avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international est appliqué normalement« , ajoute par ailleurs le ministère.

Ses arguments ? la réduction de 38,8% du déficit budgétaire pour les cinq premiers mois, par rapport à la même période de 2009, une « amélioration importante reconnue par la Commission, la Banque centrale européenne et le FMI », selon le ministère.

« La récession au premier trimestre est inférieure à celle prévue pour l’année » évaluée à – 4%, dans le cadre du plan élaboré avec l’UE et le FMI, ajoute Athènes.

Rappelons que fin avril, l’un des analystes de l’agence de notation avait d’ores et déjà laissé entendre que Moody’s pourrait emboiter le pas à Fitch et Standard & Poor’s (S&P) et abiasser à son tour la note de la Grèce en catégorie spéculative.

Une annonce faite alors que le 22 avril, Moody’s avait rétrogradé la notation souveraine grecque de A2 à A3.

Début mai, Fitch Ratings a indiqué pour sa part qu’elle n’envisageait pas de nouvelles décisions sur la dette souveraine de la Grèce avant le quatrième trimestre 2010.

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Sources : Reuters, AFP

Un commentaire

  1. La dégradation de la note grecque affecte les pays fragiles
    Les obligations grecques et d’autres pays jugés fragiles au sein de la zone euro (Espagne, Portugal, Irlande) ont pâti mardi de la dégradation de la note grecque par Moody’s annoncée la veille.
    L’agence de notation a abaissé de quatre crans la note de la dette grecque, de « A3 » à « Ba1 », évoquant un risque de non remboursement de la dette publique.
    Cette annonce n’a pas eu d’effet sur les Bourses et sur l’euro qui rebondissait au-dessus de 1,23 dollar, mais elle a lourdement pesé sur le marché obligataire, ranimant les inquiétudes sur la solvabilité de la Grèce.
    A 18H00 (16H00 GMT), le rendement de l’obligation grecque à 10 ans montait à 9,060% contre 8,302% lundi soir et le taux à 2 ans grimpait à 8,548% contre 7,784% la veille au soir.
    Le « spread » (écart entre l’emprunt grec à 10 ans et l’emprunt de référence, le Bund allemand de même maturité) s’est fortement écarté pour atteindre 638 points de base. A titre de comparaison, il évoluait toutefois au-dessus de 800 points, au plus fort de la crise grecque fin avril.
    En annonçant la dégradation de la notation de la Grèce, Moody’s a imité ses concurrentes Standard & Poor’s et Fitch qui avaient déjà relégué la note de la Grèce en catégorie spéculative.
    Cette annonce a toutefois surpris et semblait prématurée aux analystes de BNP Paribas, Moody’s s’étant voulu jusqu’alors rassurante.
    L’agence de notation « avait affirmé qu’elle voulait maintenir une note A à moins que le pays ne mette pas en place le plan de stabilité et de croissance dans un délai raisonnable », rapportent les stratégistes dans une note.
    Cette dégradation va également avoir des implications lourdes pour les emprunts grecs qui ne seront plus éligibles à certains indices, comme l’iBoxx qui rassemble des emprunts d’Etat, et risquent d’être encore plus délaissés par les gérants de portefeuilles, a indiqué Cyril Beuzit, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.
    Autre conséquence majeure: le rachat de papier grec par la Banque Centrale Européenne (BCE) sera plus cher et assorti de « haircut », cette décote qui se fait au détriment du créancier.
    L’annonce de Moody’s a logiquement pesé sur les emprunts obligataires des pays fragiles de la zone euro: le rendement de l’obligation portugaise à 10 ans a grimpé à 5,406% contre 5,321% lundi soir. Les taux irlandais sont montés à 5,475% contre 5,210% et ceux de l’Espagne à 4,727% contre 4,674% lundi soir.
    Concernant les pays les plus sûrs de la zone euro, les taux se sont très légèrement tendus, avec un Bund allemand à 10 ans à 2,671% contre 2,635% lundi et l’OAT française à 3,101% contre 3,094%.
    Le spread entre la France et l’Allemagne qui avait atteint plus de 60 points de base la semaine passée se resserrait, signe que les annonces sur les retraites notamment ont calmé le jeu, a souligné M. Beuzit. Cet écart est toujours élevé (43 points de base) contre une moyenne de 25-30 points en début d’année.
    Le taux du Gilt britannique a légèrement progressé à 3,549% contre 3,539%.
    Aux Etats-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans montait à 3,295% contre 3,275% lundi et celui du bon à 30 ans à 4,216% contre 4,201%.
    Les taux à échéances courtes étaient en hausse à 0,07% contre 0,05% lundi.
    Sur le marché interbancaire, l’Euribor à trois mois est monté à 0,723% contre 0,720% lundi, son plus haut niveau depuis octobre dernier, et le Libor à trois mois exprimé en dollars à 0,539% contre 0,537%.
    http://www.romandie.com/infos/news/201006151924050AWP.asp

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