Les agences de notation, les nouveaux dieux des stades financiers ?
Allez savoir … Alors que Fitch vient de distribuer notes et avis sur France et Espagne, c’est au tour de Moody’s de tenter de faire la pluie et le beau temps sur les places boursières.
Nouveau cheval de bataille : la Turquie. Mais rassurez-vous : point de Moody’s blues pour ce pays hautement stratégique qui vient de s’accorder avec l’Iran en terme de fourniture d’uranium enrichi et qui pourrait revêtir une importance cruciale pour l’indépendance énergétique de l’Union européenne.
L’agence de notation financière Moody’s a ainsi annoncé vendredi qu’elle pourrait relever la note de la Turquie. Seule « contrainte » et non des moindres : le vote par le parlement turc de nouvelles mesures de discipline budgétaire. Détrompez-vous : cela ne s’appelle pas du chantage …. mais de la négociation.
Rappelons qu’à l’heure actuelle, la Turquie a été placée par Moody’s en catégorie spéculative. En janvier dernier, l’agence de notation avait en effet relevé la note turque à Ba2, soit deux crans au-dessous de la catégorie non spéculative, le tout assorti d’une perspective stable.
En décembre 2009, Fitch avait pour sa part relevé la note de la Turquie de deux crans, juste au-dessous de la catégorie non spéculative.
Désormais, Moody’s se veut « conciliante » … en annonçant que la note pourrait être relevée « si le parlement approuve le cadre légal pour mettre en oeuvre la législation fiscale proposée par le gouvernement ».
Précisons à cet égard que le parti AKP au pouvoir a présenté cette semaine un projet de loi qui pourrait être approuvé avant le début des vacances parlementaires en juillet.
Si le texte est adopté, les nouvelles règles, qui devraient entrer en vigueur à partir du budget 2011, devraient permettre à la Turquie de « mettre un frein aux mesures de relance de ces dernières années et à la détérioration de la dette ».
« L’adoption du nouveau projet donnerait à la Turquie un cadrage en matière budgétaire maintenant que le pays n’est plus sous soumis aux programmes du Fonds monétaire international (FMI) » indique par ailleurs Moody’s.
Autre critère d’appréciation mis en avant par l’agence : d’éventuels relèvements de la note pourraient intervenir en cas notamment d’une réforme du marché du travail
A noter par ailleurs qu’à la mi-mai,le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait proposé à la Grèce, pays voisin et rival, de se mettre d’accord en vue d’aboutir à une réduction des armements de part et d’autre. En « signe de solidarité« , affirmait-il ….
« Les deux pays ont d’énormes budget de défense. Nous devons réduire ces dépenses et utiliser l’argent à d’autres fins » avait-t-il ainsi lancé.
Le porte-parole du gouvernement grec, Giorgos Petalotis, avait toutefois répondu en rappelant que malgré la crise financière actuelle, les conditions pour une telle réduction restaient « très strictes et très limitées ».
En accordant un prêt à la Grèce, le patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn avait averti quant à lui que le budget grec de la défense serait « clairement coupé ». Pour rappel, en 2010, Athènes a prévu de consacrer 6 milliards d’euros à ses dépenses militaires, soit 2,8% de son PIB, l’un des taux les plus élevés des membres de l’Union européenne.
Le ministre turc chargé des négociations d’adhésion à l’Union européenne, Egem Bagis, estime pour sa part estimé que les difficultés financières grecques s’expliquaient en partie par la course aux armements à laquelle se livrent les deux pays: «Il est temps de réduire les dépenses budgétaires dans les deux pays. Ni la Grèce ni la Turquie n’ont besoin de sous-marins allemands ou français» a-t-il déclaré.