Nouvelles tensions dans des pays de l’ex-empire soviétique, à suivre de près, la Russie n’étant jamais très loin. Histoire de ramener à elle quelques « éventuelles » brebis égarées. A moins que l’Iran n’ait son mot à dire …
Comme à l’accoutumée, l’énergie demeure le nerf de la guerre, ou plutôt du différend qui oppose à l’heure actuelle le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
Rappelons que le gaz du Tadjikistan provient à 95% de l’Ouzbékistan, lequel est le principal fournisseur de gaz naturel de ses voisins en Asie centrale.
Selon la compagnie gazière Tadjiktransgaz, l’Ouzbékistan aurait brutalement réduit de moitié ses livraisons de gaz au Tadjikistan. Une nouvelle pas totalement suprenante alors que les relations entre les deux pays séparés par une frontière ne sont guère au beau fixe. De nombreux dossiers opposent en effet les deux protagonistes, et parmi eux figurent en bonne place l’approvisionnement en eau et en gaz.
« Depuis dimanche, l’Ouzbékistan a réduit de 28.000 mètres cubes de gaz par heure à 15.000 mètres cubes » les volumes destinés à son voisin et néanmoins client a ainsi précisé un porte-parole de la compagnie. Evoquant par ailleurs des motivations « pas claires » du côté ouzbèke.
Précisons que les relations entre Tachkent et Douchanbé se sont une nouvelle fois envenimées ces dernières semaines en raison d’un projet tadjik de construction d’un barrage hydroélectrique … qui pourrait diminuer fortement la dépendance du Tadjikistan à ses approvisionnements en gaz.
A contrario, l’un des pays les plus pauvres de l’ex Union soviétique voit dans l’édification du barrage de Rogoun un moyen de résoudre ses problèmes énergétiques structurels tout en lui permettant d’exporter de l’électricité.
Officiellement, l’Ouzbékistan redoute que le projet ait des impacts néfastes sur son industrie du coton, laquelle dépend à son tour de l’eau en provenance du voisin. En vue d’amadouer à sa façon l’opinion mondiale, la partie ouzbèke tente de mettre en avant la fibre écologique en s’inquiétant d’éventuelles répercussions sur les millions d’Ouzbeks vivant en aval.
L’affaire n’est pas nouvelle : ce qui fut un gigantesque projet de centrale hydroélectrique soviétique, a été abandonné lorsque le Tadjikistan a été confronté à une guerre civile au début des années 1990, après la chute de l’URSS.
Jeudi dernier, l’Ouzbékistan a réclamé la réalisation d’une expertise indépendante avant que ne soit relancée la construction de cet immense barrage hydroélectrique. Dans une lettre adressée à son homologue tadjik, le Premier ministre ouzbek, Chavkat Mirzioïev a averti qu’il demanderait l’aide de la communauté internationale pour défendre sa position.
En janvier, le Tadjikistan a incité ses habitants à investir dans Rogoun en achetant des actions émises par l’Etat. Le but ? récolter les quelques trois milliards de dollars manquants pour l’achèvement de ce projet.
Le géant russe de l’aluminium Rusal, qui devait investir un milliard de dollars dans la centrale, s’est retiré quant à lui du projet à la suite d’une différend avec les autorités tadjikes.
Mais l’issue pourrait venir d’ailleurs …
Début janvier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est en effet rendu au Tadjikistan, en vue de resserrer les liens.
Après un entretien de deux heures avec son homologue Emomali Rakhmon, le dirigeant a tenu à souligner l’étroitesse des liens qui unissent leurs deux pays. « La coopération entre le Tadjikistan et l’Iran est un exemple de collaboration constructive dans la région », a-t-il ainsi affirmé.
Mieux encore … Mahmoud Ahmadinejad a promis que l’Iran allait fournir environ 200 millions de dollars pour la construction de la « fameuse » centrale hydroélectrique. Téhéran va continuer à investir « dans l’énergie, l’agriculture et d’autres secteurs », s’est même engagé le Président iranien.
Rappelons à toutes fins utiles que la population du Tadjikistan, pays frontalier de l’Afghanistan, parle une langue proche du persan, bien qu’elle utilise un autre alphabet. Les deux pays s’avèrent ainsi être proches culturellement.
L’Iran est également l’un des principaux clients du Tadjikistan en alumine et en coton.
Sources : AFP, Le Parisien