Le Fonds monétaire international a annoncé mercredi que son conseil d’administration avait approuvé le versement d’une troisième tranche de son prêt à la Lettonie. Le montant de cette dernière s’éleve à 200 millions d’euros.
Au final, le versement voté mercredi porte les sommes déboursées à un milliard d’euros.
En décembre 2008, le FMI avait accordé un prêt de 1,71 milliard d’euros à ce pays qui, membre de l’Union européenne, ne doit pas moins faire face à une profonde crise économique.
A noter toutefois que ce n’est qu’au prix de « sombres » coupes budgétaires que le gouvernement letton a pu obtenir un plan de financement de 7,5 milliards d’euros auprès du FMI, mais également de l’UE, de la Banque mondiale et des pays nordiques.
Cette aide s’est en effet accompagnée de mesures draconiennes dont de très fortes réductions de salaires dans la fonction publique.
Pour remplir les critères d’octroi du prêt international, la Lettonie doit ainsi réduire ses dépenses annuelles de 500 millions lats (703 million d’euros), sur la période comprise entre 2009 et 2012.
Afin d’être « conforme » à ces « exigences« , en novembre dernier, le gouvernement letton a adopté le budget le plus rigoureux de ces dernières années, avec des coupes de près de 11%. Il a ainsi augmenté les impôts, taillé dans les dépenses publiques, diminué les salaires des fonctionnaires et fermé des dizaines d’écoles et d’hôpitaux.
Mais le programme gouvernemental d’austérité, déjà approuvé par le parlement, vient d’être contesté en janvier par la Cour constitutionnelle. Cette dernière a en effet jugé que les coupes prévues dans les retraites et le gel des salaires de juges (charité bien ordonnée ? …) étaient incompatibles avec la loi fondamentale.
En décembre dernier, alors que le Parlement débattait de la dette publique, des milliers d’étudiants et d’enseignants défilaient dans les rues pour protester contre la fermeture de centaines d’écoles et des baisses de salaires allant jusqu’à 60%.
Nils Muiznieks, directeur de l’Advanced Social and Political Institute de Riga, déclare par ailleurs que si « le reste du monde applique des plans de relance allant de 1 à 10% du PIB » …. « en même temps, on demande à la Lettonie de faire d’importantes coupes budgétaires qui se montent cette année à 38% dans le secteur public et à augmenter les impôts afin de réduire le déficit. » Le message a le mérite d’être clair …
Précisons également qu’en guise « d’avant-goût » de la position allemande concernant la Grèce, la chancelière Angela Merkel s’était quant à elle opposé son veto au « renflouage » par l’Union européenne des économies les plus faibles … forçant ainsi la Lettonie – et la Hongrie – à requérir à l’assistance accrue du FMI.
Selon des estimations non officielles, le produit intérieur brut letton a chuté de plus de 18% en 2009, après un recul de 4,6 % en 2008. Selon les prévisions du Fonds monétaire international, la chute du PIB entre 2008 et 2010 devrait atteindre 30 %, soit autant qu’entre 1929 et 1933 aux
A noter également en ce qui concerne le secteur immobilier :
Richard Barley,
DOW JONES NEWSWIRES Octobre 2009
La Lettonie est à nouveau dans l’oeil du cyclone.
Le litige qui a éclaté entre le pays balte et ses voisins nordiques au sujet du respect par Riga de son engagement à réduire ses dépenses publiques, conformément aux exigences d’un programme de sauvetage international, a fait ressurgir les craintes d’une dévaluation du lats.
[….]
Les gouvernements nordiques menacent de bloquer la prochaine tranche d’aide du plan de sauvetage international de 7,5 milliards d’euros si la Lettonie ne réduit pas ses dépenses publiques de 500 millions de lats, soit environ 700 millions d’euros, dans son budget 2010. Jusqu’à présent, le Premier ministre letton Valdis Dombrovskis n’a proposé qu’une réduction de 325 millions de lats.
Le chef du gouvernement letton a par ailleurs brandi la menace d’une nouvelle loi qui déterminerait la dette hypothécaire des ménages lettons en fonction de la valeur actuelle de leur bien immobilier plutôt qu’en fonction de la somme empruntée. Certains craignent que ce soit là une manière de préparer le terrain pour une dévaluation. La plupart des crédits hypothécaires lettons sont libellés en devises étrangères et les prix de l’immobilier ont chuté de 70% par rapport à leur plus haut niveau, selon Danske Bank. Une dévaluation infligerait donc aux emprunteurs immobiliers un alourdissement de leur dette, mais la proposition de Valdis Dombrovskis permettrait de transférer le risque en grande partie aux banques nordiques, principales créancières du marché hypothécaire letton.
Ce plan pour les crédits hypothécaires n’est peut-être rien de plus qu’un moyen de pression dans les négociations avec l’Union européenne, le FMI et les gouvernements nordiques.
Les banques suédoises ont de leur côté levé des capitaux pour se préparer à des pertes sur leurs crédits baltiques. Ce qui se passera en Lettonie pourrait resté limité à la Lettonie.
-Richard Barley, Dow Jones Newswires
Très intéressant dans le cadre des relations des Etas sur-endettés de l’UE.
Etats avec « t » (quoique l’UE en soit un tas au budget grotesque de 1% …)
J’ai du mal à comprendre : 500 millions lats = 700 millions d’euros.
Je ne comprends pas qu’on puisse être un Etat membre avec une monnaie plus forte que la monnaie unique, et pourtant demander (et recevoir) des aides du FMI & co… Les pays de l’ouest (hors GB) seraient-ils les seuls à jouer le jeu ?
Merci de m’éclairer…
La force d’une monnaie est l’évolution du taux de change, non ce taux lui-même.
Lorsque la France est passée de l’ancien Franc au nouveau, cela n’a pas multiplié par 100 la force du Franc… Ce qui l’aurait fait aurait été un changement de politique tel que la banque centrale ne soit pas chargée de faire de l’inflation pour compenser les augmentations de salaire indues concédées après 1968.