Chavez nationalise des banques privées

venezuela_banco_bolivar.jpgNouvelle vague de nationalisation en Amérique du Sud ?

Alors que mercredi, Hugo Chavez, le très charismatique président du Venezuela avait menacé de placer « l’ensemble des banques privées » du pays sous contrôle de l’Etat, si elles ne remplissent pas leur mission, le président socialiste a annoncé jeudi la nationalisation de deux petites banques privées à capitaux locaux, Bolivar et Confederado. Deux établissements qui avaient été fermés depuis lundi pour des irrégularités présumées.

« Une fois remises sur pied, les banques Confederado et Boliva vont passer dans le système financier public », a ainsi annoncé Hugo Chavez, au cours d’une réunion avec des ministres et des responsables économiques.

Rappelons que ces deux établissements avaient été placés sous contrôle de l’Etat il y a deux semaines. Ainsi que deux autres banques Banco Canarias et BanPro, liquidées lundi pour manque de solvabilité.

Selon le chef de l’Etat, les deux banques comptent 160.000 clients et « l’objectif » est qu’elles rouvrent leurs portes avant Noël.

Selon les chiffres du secteur, Canarias, BanPro, Confederado et Bolivar Banco géraient globalement 8,8% de l’ensemble des actifs bancaires du Venezuela.

Mercredi, le président vénézuélien avait prévenu qu’il n’hésiterait pas à « placer sous contrôle l’ensemble des banques privées », si elles ne remplissaient pas « leur mission », consistant, selon lui, à « accorder des prêts aux pauvres » et au secteur productif et non à se spécialiser dans la « spéculation financière ».

« Si je suis obligé de placer sous contrôle l’ensemble des banques privées vénézuéliennes, je le ferai. Que personne n’en doute », avait alors assuré Hugo Chavez.

« Si l’oligarchie et cette campagne (de rumeurs) qui a commencé sur internet cherchent à provoquer une ruée vers les guichets bancaires pour renverser Chavez, qu’ils ne se méprennent pas : ce qui va tomber, c’est le système bancaire privé. Cela va leur revenir comme un boomerang », a-t-il ajouté. Précisons que des rumeurs de fermetures de banques ou de nationalisations circulent depuis quelques jours au Venezuela, provoquant la formation de longues files d’attente devant plusieurs établissements financiers.

Pour éviter une ruée vers les guichets, plusieurs responsables gouvernementaux vénézuéliens ont souligné la solidité du système financier national et garanti aux 750.000 clients des deux banques concernées qu’ils ne perdaient pas leur épargne.

Si plus de 70% du secteur bancaire vénézuélien est privé, l’Etat s’est converti en principal acteur du marché financier à travers la nationalisation en mai dernier de Banco de Venezuela, le troisième établissement du pays qui appartenait au groupe espagnol Santander.

Depuis 2007, le gouvernement vénézuélien a lancé une politique de nationalisations de plusieurs secteurs stratégiques, comme celui du pétrole, de l’électricité, des télécommunications, de la sidérurgie, du ciment et des banques.

Mais rappelons que malgré le retour à la hausse du prix du baril, le Venezuela peine à sortir de la crise. Mi-novembre, son ministre de l’Economie et des Finances, Ali Rodriguez, a annoncé l’entrée du pays en récession au troisième trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) du pays a ainsi enregistré un recul de 4,5% au troisième trimestre, après six ans de croissance.

Selon le ministre, ce recul serait dû à la chute des prix du pétrole et les baisses de production décrétée par l’Organisation des pays exportateurs de Pétrole, dont fait partie le Venezuela. Quoi qu’il en soit, le pays maintient cependant ses prévisions d’un faible retour de la croissance (+0,5%) pour 2010, avec ou sans hausse du prix de pétrole …

Si l’on en croit Ali Rodriguez, le taux d’inflation, qui a dépassé la barre des 30% en 2008, devrait encore atteindre 26% cette année et entre 20 et 22% l’an prochain.
Selon Domingo Maza Zavala, ancien directeur de la banque centrale, l’inflation pourrait même atteindre les 35 % en 2010.

La nationalisation des banques pourrait alors être une sorte de bouée de sauvetage pour le gouvernement Chavez. Ce dernier puisant notamment dans le réserves de la Banque Centrale pour relancer l’économie.

Sources : AFP, reuters, Le Monde