« Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? ». Après deux longues années de déprime tant économique que psychologique, quelques indicateurs moins désolants que prévu ont provoqué un regain d’optimisme qui frise dans certains cas l’euphorie. Ceux-là mêmes qui n’avaient rien vu venir du cataclysme financier nous annoncent depuis cet été la reprise, relayés par les politiques et les médias. Sous prétexte que la consommation « résiste » et que « la Bourse est dans le vert » (Le Parisien du 25 août), il faudrait chausser nos lunettes roses et croire que tout va repartir au deuxième semestre 2009 ou au plus tard début 2010. Ben Bernanke lui-même, le président de la Fed, n’annonce-t-il pas que « les perspectives d’un retour de la croissance à court terme apparaissent bonnes » ?
En France, le déclic a été l’annonce, après 4 trimestres de baisse consécutifs, d’une croissance enfin « positive » : +0,3%, comme en Allemagne. Pas de quoi pavoiser, mais l’esprit humain est ainsi fait qu’au milieu d’un naufrage un bout de bois qui flotte apparaît comme une planche de salut. Les déclarations rassurantes se multiplient, voyant par exemple dans l’embellie des ventes de logements neufs (merci M. Scellier) le signe d’un retournement de tendance dans l’immobilier…
En réalité, tout le monde n’est pas dupe : « Nous voyons des signes confirmant que l’économie réelle commence à sortir de sa période de chute libre, ce qui ne veut pas dire que la route qui nous attend ne sera pas semée d’embûches », a déclaré Jean-Claude Trichet, le très posé président de la Banque centrale européenne. Entre la fin de la chute libre et la sortie de crise, il y a en effet un pas. Tout ce qu’on peut dire, c’est que la récession ne s’est pas (encore ?) transformée en Grande Dépression. On le doit aux plans de relance gouvernementaux et à la reconstitution des stocks, pas à une demande réelle. Quant aux plans de sauvetage du système bancaire, ils ont atteint leur but mais n’ont aucunement irrigué l’économie réelle, c’est-à-dire les dépenses des ménages et l’investissement des entreprises. N’oublions pas que sur un an, le PIB de la zone euro accuse encore un recul de 4,7% au deuxième trimestre, après – 4,9% au premier trimestre. Pour l’ensemble de l’Union européenne, on en est à – 4,8% (chiffres Eurostat).
Comment, dans ces conditions, faire repartir la machine ? En soutenant artificiellement chacun des secteurs d’activité, comme on l’a fait dans l’automobile avec le système des primes ? En continuant à creuser les déficits publics alors que l’endettement des Etats atteint déjà des niveaux records ? La clé, c’est bien entendu la demande. Or nous sommes entrés, qu’on le veuille ou non, dans une période de désendettement forcé (voire forcené) qui favorisera l’épargne au détriment de la consommation. Après s’être gavés de crédits pendant des années grâce à des politiques monétaires volontairement laxistes, les ménages n’en peuvent plus. Surendettés, frappés par un chômage endémique et un pouvoir d’achat en érosion constante, ils n’ont plus accès au crédit et n’ont pu continuer à consommer que grâce à la désinflation. Celle-ci touche sans doute à sa fin : la bulle de liquidités née des interventions des Etats et des banques centrales s’est reportée sur les matières premières, notamment le pétrole, qui depuis décembre est remonté de 34 à environ 70 dollars le baril.
Quelle région du monde va tirer la croissance mondiale ? Certainement pas les Etats-Unis. Avec l’effondrement de l’immobilier et l’explosion du chômage (16% de la population active selon Dennis Lockhart, l’un des responsables de la Fed, si l’on prend en compte les salariés « découragés » et ceux qui ne travaillent pas autant qu’ils le souhaiteraient), les consommateurs américains se consacrent à la réduction de leur endettement et se remettent (enfin) à épargner. L’Asie ? Souvent présenté comme très prometteur, le marché chinois ne contribue que pour 3% à la consommation mondiale, contre 35% pour les Etats-Unis et 32% pour l’Europe. Le rebond de croissance observé en Chine, provoqué de surcroît par les plans publics de stimulation et non par la demande privée, ne saurait donc constituer en soi une réponse. On a même de bonnes raisons de penser que le changement de comportement des consommateurs américains mettra en péril le modèle chinois fondé sur l’exportation. Vous avez dit découplage ?
Seul l’avenir dira si nous sommes dans un scénario en V ou en W. Quoi qu’il en soit, les gouvernements font face à un dilemme : d’un côté, des finances publiques dans un état calamiteux (on vient d’apprendre par exemple que le déficit public de la France s’élevait à 109 milliards d’euros fin juillet, soit le double d’il y a un an !) ; de l’autre, la nécessité pour eux de continuer à soutenir et à relancer l’activité, sous peine de tuer dans l’oeuf la « reprise » tant espérée.
Voilà un petit texte qui dit les choses simplement et clairement !
Il faudrait que les médias et le gouvernement arrêtent de dire n’importe quoi !
Mais ça, ce ne sera pas demain la veille malheureusement…
Bon début,
Qui a des nouvelles de laurent?
merçi.
bravo, très bonne mise en perspective ; d’ailleurs le BIT vient de s’inquiéter d’un éventuel arrêt prématuré des politiques publiques de soutien de l’activité… la crise n’est pas finie, loin de là !!!
Has been le pouvoir d’achat.
Les politiques n’ont pas vu venir la crise parce que le PIB représente mal l’économie (BFM en matiné le 16/09/09)
Un nouvel indice voit le jour, le Produit Intérieur du Bonheur. Histoire de mieux manipuler les chiffres de la sortie de crise, on va introduire la libido des soixanthuitrards en camping-car dans le calcul de l’indice éco.
Depuis le temps qu’on dit que l’argent ne fait le bonheur… Le surendettement et les rafales de taxes qui nous pleuvent sur le dos; on « s’en branle » on a un président du bonheur.
Ca se précise…
(AFP) France : la consommation des ménages recule en juillet-août
Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont baissé en juillet et en août, respectivement de -1,2% et -1,0%, après une hausse en juin, notamment en raison d’un recul des achats de textile et d’automobiles, a annoncé mercredi l’Insee.
La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française, diminue également sur un an, de -1,3% en données corrigées des variations saisonnières, précise l’Institut national de la statistique.
En juin, ces dépenses avaient progressé de 1,5% (chiffre légèrement révisé à la hausse).
« Les achats des ménages en automobiles étaient dynamiques depuis le début de l’année, bénéficiant du dispositif de prime à la casse », rappelle l’Insee, mais ils ont nettement baissé en juillet (-3,9%) et, dans une moindre mesure, en août (-1,2%).
De la même manière, les dépenses des ménages en textile et cuir ont reculé de 3,0% en juillet, puis de 3,8% en août, après une hausse vigoureuse en juin.
L’Insee et Bercy attribuent cette baisse à la modification du calendrier des soldes d’été, qui ont été raccourcis.
Les achats se replient dans tous les grands groupes de produits (biens durables, textile-cuir et autres produits manufacturés).
Les économistes estiment que la consommation des ménages, qui a résisté jusqu’ici face à la crise, risque de souffrir à son tour d’ici la fin de l’année en raison d’un possible retour de l’inflation et de la flambée du chômage.
(AFP)
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