Grèce/Bulgarie : vers une interconnexion des réseaux gaziers

Pipeline L’indépendance énergétique de l’Union européenne s’organise. Alors que la Turquie vient de rejoindre le projet Nabucco, la Bulgarie et la Grèce ont signé mardi un mémorandum pour la construction d’un gazoduc reliant leurs systèmes de distribution de gaz respectifs.

Le but : offrir à la Bulgarie une alternative en cas d’interruption de ses approvisionnements en gaz russe via le très stratégique transit par l’Ukraine.

Le futur pipeline, d’une centaine de kilomètres, reliera la ville bulgare de Haskovo à la ville grecque de Komotini. Il permettra notamment la livraison d’un milliard de m3 de gaz d’Azerbaïdjan, selon les termes d’un accord déjà conclu au niveau gouvernemental. Le gazoduc est prévu pour être totalement opérationnel en 2012.

C’est en effet ce que vient d’annoncer Galina Tocheva, directrice de la Holding bulgare d’énergie qui regroupe les principaux fournisseurs énergétiques publics.

Le mémorandum a été signé par la Holding bulgare d’énergie et par IG Poseidon, une coentreprise détenue par la compagnie grecque DEPA et la compagnie italienne Edison.

La construction du nouveau gazoduc doit être partiellement financée par l’Union européenne. Son coût est estimé à 120 millions d’euros.

En janvier dernier, lors de la nouvelle crise gazière qui avait opposé Russie et Ukraine, la Bulgarie s’était avérée le seul pays d’Europe à ne pas être directement approvisionné par les réseaux gaziers de ses voisins. Ce n’est qu’aux derniers jours de la crise que la Grèce a initialisé un processus permettant la livraison de gaz à la Bulgarie à hauteur de 2,5 millions de m3 par jour, par le gazoduc dit de transit. Lequel a pour vocation de transporter du gaz russe par la Bulgarie vers la Grèce et la Turquie.

Sofia envisage par ailleurs de construire un terminal en Grèce pour y recevoir du gaz liquéfié. Elle veut aussi lier son réseau de distribution à celui de la Roumanie, élargir son unique dépôt à Tchiren et édifier un nouveau dépôt.

Parallèlement, la Bulgarie participe au projet européen Nabucco destiné à réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie en acheminant du gaz d’Asie centrale vers l’UE, via la Turquie et le sud-est de l’Europe.

Jouant sur tous les tableaux, Sofia participe également au projet concurrent, South Stream, développé par le géant gazier russe Gazprom et l’italien ENI, pipeline qui doit relier la Russie à la Bulgarie, via la mer Noire.

Toutefois, le quotidien russe Vedomosti a annoncé lundi que la Bulgarie mettait ce projet en suspens ainsi que celui concernant la construction de la centrale nucléaire de Belene.

Le futur premier-ministre bulgare Boïko Borissov a en effet précise qu’il souhaitait se pencher sur les accords conclus par ses prédécesseurs. Son parti GERB (centre-droit) ayant récemment remporté les élections législatives en Bulgarie, ce dernier doit prendre cette semaine la tête du nouveau gouvernement bulgare.

La première démarche majeure du futur premier-ministre sera d’exiger un moratoire sur tous les accords importants en matière d’énergie, annonce une lettre adressée par M.Borissov à Piotr Dimitrov, ministre bulgare de l’Energie.

Suite aux « informations alarmantes » reçues par les dirigeants du GERB signalant que les compagnies d’Etat ne tenaient pas compte de la crise et des intérêts de l’Etat, le ministère bulgare de l’Energie doit suspendre toutes les négociations concernant les projets internationaux de construction de la centrale nucléaire de Belene et du gazoduc South Stream, poursuit le document.

Les accords concernant la centrale nucléaire de Belene et le gazoduc South Stream seront examinés par les experts financiers du futur premier ministre.

Pour rappel, les représentants de Gazprom et du Bulgarian Energy Holding avaient conclu en mai 2009 un accord de création d’une joint-venture pour la construction du tronçon bulgare du South Stream.

Sources : AFP, Ria Novosti