Biélorussie : arrêt du transit d’hydrocarbures Russie/Lettonie

-bealrus-droujba-druzhba-pipeline_170 Chantage au transit d’hydrocarbures et aux investissements associés ou réel problème technique ? L’avenir nous le dira, mais cela ressemble bigrement à une pression de la Biélorussie sur le Kremlin … En tout état de cause, Minsk a suspendu le transit opéré via l’oléoduc joignant la Russie à la Lettonie à travers son territoire.

Les raisons avancées à l’heure actuelle : des problèmes techniques sur le pipeline. C’est en effet ce qu’a annoncé mercredi le porte-parole du ministère biélorussiese des Situation d’urgence.

L’exploitation de l’oléoduc Ounetcha-Polotsk-Ventspils est suspendu depuis le 17 juillet, a ainsi précisé le porte-parole Vitali Novitski. La capacité de l’oléoduc, exploité depuis plus de 40 ans, est de 4 millions de tonnes de produits pétroliers par an.

Après la dernière inspection de l’oléoduc réalisée par une société allemande, « plus de 1.082 défaillances ont été constatées et seulement 23,5% ont été réparées avant la date butoir du 17 juillet » par la société russe Zapad Transnefteprodukt qui exploite l’oléoduc, a tenu à souligner M. Novitski.

Transnefteprodukt a pour sa part démenti ne pas avoir respecté le calendrier de réparations. Pour lui, le plan en place avec la partie biélorusse prévoyait de remédier à 150 défauts de fonctionnement en 2009. Nous sommes en juillet, il resterait donc encore quelques mois pour pouvoir assurer le respect des engagements.

Une situation que Vladimir Nazarov, vice-président du groupe russe, a en conséquent qualifié d' »inattendue ».

Synthétisant les faits, la presse russe se veut nettement moins « soft » que les dépêches internationales, estimant que la Biélorussie a provisoirement interdit l’utilisation du segment biélorusse de l’oléoduc Ounetcha-Ventspils en raison de son mauvais état.

Mais selon les experts biélorusses, l’oléoduc a été construit dans les années 1960 avec des technologies de soudure aujourd’hui dépassées, leur état actuel provoquant les deux derniers accidents en date, avec une fuite de diesel. Si l’on en croit leurs propos, les compagnies russes n’investisseraient pas suffisamment dans la sécurité des oléoducs qui se trouvent en dehors de leur territoire ». Surprenant ?

Le porte-parole du ministère biélorusse des situations d’Urgence a par ailleurs argué que la suspension du transit de produits pétroliers avait été prise dans un souci d’écologie. Rappelant également des accidents s’étaient produits en 2007 et 2008, des produits pétroliers s’étant déversés dans un fleuve.

Bien sûr, la fermeture du pipeline « n’a aucun lien avec l’interdiction sur les exportations vers la Russie de la production de deux combinats de boucherie biélorusses, décrétée hier par les services vétérinaires russes », a fait savoir un porte-parole du ministère biélorusse … Je vous remercie de bien vouloir le croire.

Rappelons simplement que les relations entre Moscou et Minsk se sont récemment tendus suite au conflit concernant des produits laitiers biélorusses. Sous prétexte qu’ils ne répondaient pas aux normes sanitaires, Moscou en a interdit l’exportation sur le territoire russe.

Précisons pour comprendre l’enjeu de la situation que que l’oléoduc Ounetcha-Polotsk-Ventspils fait parte intégrante de l’oléoduc Droujba, long de quelque 6.000 kilomètres … le plus important pipeline au monde.

Le tronçon nord de l’oléoduc passe par le territoire de la Biélorussie, de la Pologne et de l’Allemagne, le tronçon sud, par l’Ukraine, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.

Après la désintégration du camp socialiste et de l’URSS, le poste de commande central de la partie russe de l’oléoduc a été transféré de Lvov à Briansk. En Russie, le pipeline traverse 32 districts dans huit régions. Presque la moitié des exportations de pétrole russe s’effectuent par ce système. 70 à 80 millions de tonnes de pétrole sont exportées via la partie occidentale (essentielle) de Droujba. Ce pétrole est canalisé vers les raffineries de Mozyr (Biélorussie), de Plotzk (Pologne) et de Schwedt (Allemagne).

Rappelons par ailleurs que fin mai, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a demandé à son gouvernement de ne pas « s’incliner devant la Russie » et d’aller « chercher son bonheur » dans une autre partie de la planète. Quelques heures auparavant la Biélorussie avait refusé la proposition de Moscou de lui accorder un crédit de 500 millions de dollars en roubles russes.

En novembre 2008, la Biélorussie a obtenu de la Russie un premier crédit préférentiel à hauteur de 1 milliard de dollars, sur les deux prévus. En mars 2009, elle a reçu 500 millions de dollars supplémentaires. Fil à la patte pour Minsk ou aide « désintéressée » de Moscou ?

Rappelons qu’en février 2009, la Biélorussie a confirmé sa volonté d’élargir les processus d’intégration avec la Russie. « La partie biélorusse a explicitement soutenu l’élargissement des processus d’intégration et a prôné à cette occasion la poursuite du concours économique offert par Moscou dans le contexte de crise mondiale », avait alors indiqué le conseiller du président russe, Sergueï Prikhodko, à l’issue d’une réunion du Conseil d’Etat supérieur de l’Union Russie-Biélorussie.

La réunion avait notamment permis d’évoquer les mécanismes destinés à garantir la stabilité des livraisons d’hydrocarbures russes à la Biélorussie ainsi que la participation ultérieure de Moscou au développement du réseau biélorusse de transport de pétrole et de gaz.

A la même date la Russie et la Biélorussie avaient signé un accord de protection conjointe de la frontière extérieure aérienne de l’Union Russie-Biélorussie , et de création d’un Système unique de défense antiaérienne.

Selon le commandant en chef de l’Armée de l’air russe le général Alexandre Zeline, la DCA unique comportera cinq unités d’aviation, dix unités de batteries de missiles sol-air, cinq unités radiotechniques et une unité de lutte électronique.

Sources : AFP, Ria Novosti

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