Mauvais temps encore une fois pour nos retraites. Alors que Brice Hortefeux semble avoir des idées lumineuses pour nos vieux jours, le Fonds de réserve des retraites (FRR) vient d’annoncer dans son rapport annuel avoir subi une perte de valeur de 19,7% entre fin 2007 et fin 2008.
Depuis sa création, le Fonds est alimenté par un prélèvement social de 2% sur les revenus du patrimoine et de placement.
La valeur des actifs du FRR est en effet passée de 34,5 milliards d’euros fin 2007 à 27,7 milliards en décembre 2008.
Le Fonds affirme lui-même que son « matelas de bons résultats », réalisés depuis les premiers investissements du Fonds en 2004, a été largement entâché la mauvaise performance de 2008.
Sur le seul portefeuille actions, la perte de valeur se monte à 4,9 milliards d’euros. Les raisons invoquées : l’effondrement des marchés après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.
En septembre dernier, le FRR avait indiqué que l’établissement financier, auquel il avait confié un mandat de gestion en juillet 2007, avait investi en son nom 195 millions d’euros sur des titres non cotés sur le marché américain.
« Etant la propriété du FRR, ces actifs ne sont en aucun cas susceptibles d’être inclus dans le champ des actifs mis en liquidation dans le cadre de la faillite » de Lehman Brothers, assurait toutefois le Fonds dans un texte.
Le FRR expliquait également avoir demandé à la banque américaine de « suspendre tout investissement nouveau » et de continuer à suivre la gestion de ses actifs « avec la diligence requise ». Raoul Briet, le président du FFR, s’était même voulu rassurant sur le mandat de gestion confié à Lehman Brothers. « On a pas de souci sur le sort de cet argent », avait-t-il affirmé.
Mais à cette date, Bernard Devy, membre (FO) du conseil de surveillance du Fonds de réserve des retraites , annonçait d’ores et déjà que l’Organisme aurait perdu « environ 25% » de sa valeur depuis le début 2008 en raison de la crise financière. « Le FRR n’a pas fait de placement boursier hasardeux mais souffre de la forte baisse des marchés », avait alors expliqué M. Devy.
Ce chiffre avait toutefois été démenti le 23 septembre par le président du FFR, qui avait estimé que ce chiffre, dépourvu de toute vraisemblance, était surestimé. Parallèlement, le Fonds annonçait que la performance de son portefeuille d’actifs était de -11% depuis le 1er janvier 2008.
Pour faire face à une telle situation, le FRR a choisi de revoir ses orientations stratégiques en matière de placement. Il souhaite ainsi réduire légèrement la part des actions dans son portefeuille, laquelle est déjà passée de 64,5% à 49% entre fin 2007 et fin 2008.
Le Fonds souhaite également renforcer la part des obligations indexées sur l’inflation, avec un objectif de 20% du portefeuille contre 3 à 4% actuellement.
Bonne nouvelle toutefois : depuis le début de l’année, la performance du Fonds s’est redressée, et affiche une croissance de 3,4%, à fin mai.
Créé en 1999 pour pour faire face à partir de 2020 aux besoins de financement des retraites de base du privé, des commerçants et des artisans, le Fonds entend reverser, au minimum, 2,3 milliards d’euros par an entre 2020 et 2040. Tablant par ailleurs sur un montant disponible de 83 milliards d’euros en 2020.
En avril 2008, Xavier Bertrand, alors Ministre du travail, interrogé sur un éventuel projet de supprimer le Fonds de réserve des retraites (FRR), n’a pas exprimé une position des plus limpides.
« Ce fonds n’a jamais été abondé suffisamment car dès l’origine on a détourné une partie de ses excédents pour financer les 35 heures », a-t-il estimé. « Le fonds de réserve est prévu pour l’après 2020 mais comment fait-on avant? », s’est-il interrogé.
Sources : AFP, FRR, DDM, JDD