Iran : la Chine « remplace » Total sur Pars South (gaz)

South-pars-iran Alors que Nicolas Sarkozy recevait mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, au sujet du dossier nucléaire de Téhéran, l’agence de presse officielle Irna annonçait parallèlement   que le groupe pétrolier chinois CNPC  allait prendre la place dévolue à Total sur le projet iranien South Pars.

Achevant ainsi une « longue période de fiançailles »  entre la France et l’Iran, quoiqu’on en dise ….

Un contrat avec la China National Petroleum Corporation (CNPC)  – pour le développement de la phase 11 du projet gazier iranien South Pars – a été signé mercredi à Pékin, par une délégation iranienne menée par Seifollah Jashnsaz, directeur général de la compagnie pétrolière publique National Iranian Oil Company (NIOC) et par son homologue chinois.

« La signature de l’accord de coopération entre l’Iran et la Chine a eu lieu et CNPC a remplacé le groupe français Total » sur ce projet, ajoute Irna.  Un contrat estimé à 4,7 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros).

Néanmoins, selon le directeur général de NIOC, Total peut toutefois poursuivre les discussions sur l’aval de South Pars. A l’heure actuelle, le groupe pétrolier français ne s’est pas encore prononcé sur le sujet.  rappelons qu’il avait préalablement qualifié de « rumeurs de marché » les informations d’Irna sur une prochaine signature.

En guise de réaction, le titre Total perdait 3,46% à 40,43 euros en Bourse de Paris vers 15h00 GMT.

En mars dernier, Jashnsaz avait affirmé que Total avait « perdu du temps « sur cette phase 11 et qu’un nouvel associé  participerait au projet avec « une participation majeure ».

Parallèlement Total indiquait qu’il ne pensait pas signer rapidement d’accord sur South Pars. Un responsable du groupe laissant même entendre que les discussions avec Téhéran évoluaient « très lentement ». En avril, le directeur général du groupe, Christophe de Margerie, avait estimé pour sa part que les « conditions d’investissements proposées par l’Iran pour développer les champs gaziers » n’étaient « pas suffisamment attractives ».

Dimanche, Téhéran a annoncé  prévoir une émission d’emprunts d’Etat pour 12,3 milliards de dollars en devises étrangères et en rial iranien sur trois ans, lesquels seront destinés en partie à financer le développement de South Pars. Reste néanmoins  à « trouver » quelques 50 milliards de dollars …

Pour rappel, le gisement de gaz de South Pars est situé dans la partie centrale du golfe Persique à 100 km des côtes iraniennes et ses réserves sont estimées à 12 600 milliards de mètres cubes de gaz. Après la Russie, l’Iran possède les gisements de gaz les plus importants du monde qui sont estimés à 24 000 milliards de mètres cubes, soit 16% des réserves mondiales. Près de la moitié des réserves iraniennes sont concentrées dans des gisements offshores du golfe Persique.

Total est engagé depuis des années dans des négociations sur l’exploitation de la phase 11 du champ gazier de South Pars. Mais M. Nozari a évoqué en décembre 2007 la participation d’autres sociétés au projet.

L’Iran va signer des contrats avec Shell, Total et l’espagnol Repsol pour développer des projets dans l’immense gisement de gaz de Pars-Sud, dans les eaux du Golfe, avait ainsi annoncé fin février 2006 un responsable iranien. « Les contrats seront probablement signés » dans les prochains jours, avait alors déclaré Akbar Torkan, le directeur général de la compagnie publique Pars Oil and Gas Company (POGC), en charge du champ pétrolier.

Les contrats alors en cours de signature concernaient les phases 11 et 13 du gisement et étaient destinés à la production de gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’export. Total était prévu pour travailler sur la phase 11, avec un projet appelé Pars GNL, tandis que Shell et Repsol devaient travailler sur la phase 13, avec un projet appelé Persian GNL. Les compagnies devaient collaborer avec la Compagnie nationale iranienne de pétrole (NIOC). L’investissement pour chaque phase était alors estimé à entre 1.2 et 1.5 milliard de dollars.

Mais en septembre 2007, l’Iran avait annoncé vouloir « reconsidérer » un très important projet gazier avec Total portant sur une usine de liquéfaction de gaz à South Pars.

Les propos pour le moins « agressifs «  – voire même qualifiés d’extrémistes – de la France envers l’Iran n’avaient pas eu l’heur de plaire à Téhéran …

Le projet portant sur plusieurs milliards de dollars doit « être reconsidéré », avait alors assuré Gholam Hossein Nozari, ministre iranien du pétrole, expliquant que les prix que Total souhaitait pratiquer pour la vente du GNL (gaz naturel liquéfié) qui sortira de l’usine sont trop élevés. Les prix proposés à Téhéran par Total vont forcer l’Iran « à étudier la faisabilité d’un nouveau plan », avait-t-il ajouté, selon le Financial Times.

Selon le FT, le ministre iranien avait également remis en cause une des clauses prévue dans le projet, selon laquelle Total récupérerait pour lui-même 5 millions de tonnes de GNL. Ceux-ci « doivent être remis sur le marché » et ne pas aller au pétrolier français, avait estimé le ministre.

L’Iran avait donné jusqu’à juillet 2007 à Total pour faire une nouvelle proposition de prix pour pouvoir finaliser ce projet, selon le FT. Total de son côté a fait valoir que les investissements nécessaires avaient considérablement augmenté depuis les premières négociations.

L' »affaire » intervenait alors que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, venait d’affirmer que Paris avait « demandé » à de grandes entreprises françaises dont Total, de ne « pas répondre aux appels d’offres » en Iran en raison de la crise autour du programme nucléaire de ce pays.

Sources : Reuters, AFP

(3 commentaires)

  1. Nucléaire: Nicolas Sarkozy rappelle l’Iran à la coopération
    AP | 03.06.2009 | 19:26
    Le président français Nicolas Sarkozy a mis en garde mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères Manoucher Mottaki contre la poursuite des « activités proliférantes » de l’Iran, évoquant le risque pour Téhéran de s’exposer à « un isolement international toujours plus grand » faute de coopération avec la communauté internationale, selon l’Elysée.
    Le président français, qui s’est entretenu pendant environ une heure avec le ministre, « a rappelé l’Iran à respecter les résolutions du Conseil de sécurité » et à s’engager dans la négociation avec les « Six » (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) sur les activités nucléaires iraniennes, selon un communiqué des services de l’Elysée.
    « A défaut, l’Iran s’exposera à un isolement international toujours croissant sur tous les plans », a menacé M. Sarkozy.
    « Une solution par la négociation est possible », a-t-il toutefois assuré.
    M. Mottaki a été reçu sur le perron du palais présidentiel par son homologue français Bernard Kouchner. Ce dernier a précisé aux journalistes présents que les deux ministres n’auraient pas d’entretien particulier comme cela avait été évoqué. AP

  2. Ce sont les conséquences de la France de Sarkozy cette France pro-americaine et Israelienne. Ce n est que le début de la stratégie chinoise pour écarter la France de son leadership en Europe et mettre en avant l’Allemagne. Avec une politique extérieur désastreuse pour nous peuple français qui risquons de lourde conséquence, après avoir rejoint l’axe OTAN et un engagement en Afghanistan ainsi que une base à Abu Dhabi proche de 250km de l’Iran. Qui n’est pas dans les intérêts de la France mais plutôt de pays « amis » comme les USA et le grand Israël. Nous avons mit au pouvoir un ami de ces grands pays qui est contre l’intérêt national.
    Que signifie le ré engagement de la France en Otan?
    Cela veut simplement dire que nos soldats iront se faire tuer pour les intérêts americains…

  3. On se demande à quoi sert ce Kouchner puisque Sarkozy s’occupe de tous les dossiers en recevant lui même l’iranien homologue du premier. En tout état de cause, Sarkozy parle pour ne rien dire et démontre clairement vers quel bord il penche. En effet, pourquoi se focalise-t-il ainsi sur l’Iran qui est dans son droit de détenir la technologie nucléaire, y compris militaire, puisque Israël nargue depuis belle lurette le monde en refusant de dévoiler son propre arsenal dont il ne s’était pas gêné d’utiliser lors qu’il a bombardé Gaza avec des ADM interdites. Toujours ce deux poids deux mesures inacceptable qui cache le réel problème du caractère belliqueux d’Israël et de son arrogance à vouloir dominer ses voisins à tout prix, y compris en étant en perpétuel état de guerre.

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