Les tensions les plus vives règnent entre Israël d’un côté et Hezbollah et Iran de l’autre.
Elles coïncident avec la fin de la période de 40 jours de deuil observés après la mort d’Imad Moughnieh, un chef militaire du Hamas tué le 12 février par l’explosion d’une voiture piégée à Damas, en Syrie.
Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a affirmé lundi que son pays était prêt à faire face à des attaques et des attentats du Hezbollah qui viendraient venger le décès de cette figure emblématique appartenant au mouvement chiite libanais.
Menace plus que pressante du côté du Hezbollah, ou volonté cachée de pointer encore une fois du doigt l’Iran ? En tout état de cause, de telles tensions devraient avoir un impact important sur les cours du pétrole.
« Les services de sécurité et de renseignements israéliens se sont préparés à faire face aux menaces d’attaques et d’attentats lancées par le Hezbollah », a affirmé M. Barak à la radio publique en appelant la population à « faire preuve de vigilance ».
Le Hezbollah, mouvement soutenu par l’Iran, a en effet accusé Israël d’avoir liquidé Imad Moughnieh, ce que les autorités israéliennes ont démenti. Son chef, Hassan Nasrallah a récemment proclamé que son mouvement allait mener une « guerre ouverte » contre Israël et que « le sang d’Imad Moughnieh contribuerait à la disparition de l’Etat d’Israël ».
Vendredi dernier, Naïm Qassem, le secrétaire général de la milice chiite, avait annoncé « avoir des preuves évidentes de la responsabilité d’Israël dans l’élimination d’Imad Moughnieh ».A noter que ce dernier était recherché par Interpol pour sa participation présumée à un attentat contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) qui avait fait 85 morts et près de 300 blessés en juillet 1994 à Buenos Aires.
Un haut responsable du ministère de la Défense, Amos Gilad, a pour sa part affirmé à la radio militaire qu’il ne croyait pas que « le Hezbollah ouvre un front au nord », à la frontière israélo-libanaise en tirant des roquettes du sud du Liban vers la Galilée.
L’ancien chef des renseignements militaires Aharon Zeevi Farkash avait pour sa part évoqué ces derniers jours dans les médias la possibilité que le Hezbollah tente d’assassiner Ehud Barak ou d’autres hauts responsables du ministère de la Défense.
En réponse, Amos Gilad a refusé de réagir en affirmant qu’il « faut tout envisager, mais de façon secrète ». es autorités israéliennes avaient déjà lancé vendredi une mise en garde contre des risques d’enlèvement de ses ressortissants en déplacement à l’étranger, en particulier les hommes d’affaires « travaillant avec des Arabes ou des musulmans ».
Selon un rapport officiel révélé lundi par le quotidien israélien Yédiot Aharonot, une pluie de missiles tirés par le Hezbollah chiite libanais et l’Iran s’abattrait sur Tel-Aviv et sa région en cas de conflit armé avec Israël. Ce rapport, censé être secret, a été rédigé par l’Administration pour l’économie d’urgence et transmis aux ministères concernés ainsi qu’aux collectivités locales, précise le journal.
Ce document affirme que ce scénario catastrophe est le fruit d’une réflexion sur le déroulement de la guerre au Liban menée du 12 juillet au 14 août 2006 contre la milice chiite du Hezbollah pro-iranien.
Le nouveau conflit évoqué pourrait être provoqué par des représailles du Hezbollah au récent assassinat d’Imad Moughnieh. Il devrait se prolonger pendant environ un mois, et impliquerait également la Syrie. Celle-ci déclencherait des hostilités sur le plateau du Golan (conquis par Israël en 1967) et tirerait des milliers de missiles Scuds contre les agglomérations de Galilée.
Des milliers de roquettes tirées par le Hezbollah viseraient également cette région, ainsi que Haïfa et Tel-Aviv. Des missiles balistiques iraniens à ogives conventionnelles frapperaient aussi Israël, qui serait en outre la cible d’attaques suicide palestiniennes et de roquettes tirées depuis la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Des raids aériens contre des objectifs militaires et stratégiques israéliens sont aussi pris en compte, de même que des tentatives d’enlèvements de civils et de militaires.
Le bilan des pertes israéliennes de cette guerre hypothétique serait très lourd. En cas d’attaques non conventionnelles, notamment avec des armes chimiques, il pourrait y avoir jusqu’à 16.000 blessés et entre 169.000 et 227.000 sans abris, ainsi que des régions du pays entièrement contaminées.
Sources : AFP, Libnanews, guysen.com
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Hassan Nasrallah réaffirme que le Hezbollah vengera la mort de Moughnieh
BEYROUTH – Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réaffirmé lundi que sa formation vengerait l’assassinat d’un de ses dirigeants et qu’il choisirait « le moment, le lieu, la manière et le moyen » de le faire, minimisant cependant la possibilité d’une nouvelle guerre avec Israël.
« Les Israéliens sont inquiets et ils ont raison de l’être, car notre sang ne peut être versé en vain », a déclaré le chef du mouvement chiite libanais lors d’un discours retransmis sur écran géant dans un complexe de son fief de la banlieue sud de Beyrouth, devant quelques milliers de personnes.
« Ceux qui ont tué Imad Moughnieh doivent être punis et connaître le goût de la vengeance (…) nous choisirons le moment, le lieu, la manière et le moyen de (nous) venger », a ajouté Hassan Nasrallah qui s’exprimait à l’occasion de la fin du deuil de 40 jours après la mort de Imad Moughnieh.
Imad Moughnieh, l’un des principaux chefs militaires du Hezbollah, a été tué le 12 février par l’explosion d’une voiture piégée à Damas. Le Hezbollah a accusé Israël de l’avoir liquidé, ce qu’ont nié les autorités israéliennes.
Lors de ses obsèques le 14 février, Hassan Nasrallah avait menacé Israël d’une « guerre ouverte ».
Lundi, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a affirmé que son pays était prêt à faire face à des attaques et des attentats du Hezbollah qui viendraient venger la mort de Moughnieh.
Hassan Nasrallah a minimisé lundi la possibilité d’une nouvelle guerre avec Israël ou d’un conflit dans la région. « Je n’écarte pas une telle possibilité, mais je rappelle que la guerre israélienne n’est plus une partie de campagne. C’est une décision coûteuse que les autorités (israéliennes) ne peuvent plus prendre facilement », a-t-il affirmé.
« Il n’est pas simple pour les Etats-unis de mener une guerre contre l’Iran, ou pour Israël de mener une guerre contre la Syrie ou le Liban, car la situation avant la guerre de juillet 2006 n’est pas comme celle de l’après-guerre 2006″, a lancé le secrétaire général du Hezbollah libanais.
L’Etat hébreu et le Hezbollah se sont engagés en été 2006 dans une guerre destructrice au Liban, qui a fait 1.200 tués parmi le Libanais, pour la plupart des civils, et plus de 160 parmi les Israéliens, majoritairement des militaires.
Un rapport sur la conduite de la guerre, rendu public fin janvier, a sévèrement critiqué l’armée israélienne qui n’a pas réussi à briser l’appareil militaire du Hezbollah et à faire cesser ses bombardements du nord d’Israël.
Hassan Nasrallah a par ailleurs affirmé qu' »une majorité de Libanais soutenait la lutte en vue de la disparition d’Israël ». « Cela ne veut pas dire que nous allons ouvrir un front à la frontière sud (avec Israël) pour faire tomber ce régime sioniste. Cette responsabilité n’est pas celle du Liban et nous ne prétendons pas cela », a-t-il assuré.
Par ailleurs, il a assuré que, malgré l’assassinat de Moughnieh, les négociations en vue d’un échange de prisonniers contre les deux soldats israéliens capturés par son mouvement en juillet 2006 « se poursuivaient ».
Les soldats Ehud Goldwasser et Eldad Regev ont été capturés par le Hezbollah le 12 juillet 2006, ce qui a poussé Israël à déclencher l’offensive de 34 jours.
(AFP / 24 mars 2008 18h54)