Les investissements d’industriels de la zone euro dans des pays en dehors de cette zone pour contrer les effets de la faiblesse du dollar sont « une lourde menace pour l’emploi » en Europe, a estimé jeudi Yvon Jacob, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) françaises.
Il était temps de le dire … alors que les secteur aéronautique et high-tech semblent de plus en plus être attirés par le chant des sirènes de la zone dollar.
« Le mouvement de localisation d’investissements d’entreprises de la zone euro dans les pays hors zone euro est en train de s’accélérer », a affirmé jeudi Yvon Jacob.
« Cela veut dire qu’à un terme relativement rapide, si nous restons aux niveaux de taux de changes que nous connaissons à l’heure actuelle, ce sont des investissements qui ne se feront pas en France ou dans la zone euro, et ce sont des emplois qui ne se créeront pas en France ou dans la zone euro, voire même qui vont disparaître de la zone euro », a-t-il expliqué. « Donc c’est une lourde menace pour l’emploi » en France et en Europe.
Ces décisions d’investissements sont « des décisions de moyen et long termes qui auront un impact et un effet durable sur l’emploi et l’économie française », a-t-il encore estimé. Car même si les taux de changes redeviennent « plus favorables », ces investissements, une fois réalisés, « ne reviendront pas chez nous », a-t-il prévenu.
Et c’est où la mesure se fait encore plus menaçante. Car c’est une délocalisation durable qui risque désormais de s’installer via la création d’usines nécessitant des investissements conséquents et le recours à une main d’oeuvre locale. Compte-tenu des sommes mises en jeu, tout vent contraire concernant la parité euro/dollar pourra difficilement signifier le retour vers les contrées d’origine.
Les annonces d’investissements de grands industriels européens sur des sites installés hors zone euro se multiplient, alors que l’euro a franchi le seuil des 1,50 dollar fin février, et un record à 1,59 dollar le 17 mars. Jeudi, il évoluait autour de 1,5402 dollar.
Le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) a ainsi prévenu mardi que le faible niveau du dollar allait contraindre les entreprises du secteur aéronautique à plus de délocalisations.
« Le niveau du dollar menace notre rentabilité et notre capacité à autofinancer la Recherche et le Développement« , a même affirmé le président du Gifas, Charles Edelstenne. « Nous sommes désarmés » face à la baisse du dollar et « les délocalisations constituent la seule arme à laquelle nous allons être contraints de plus en plus d’avoir recours« , a-t-il déclaré.
« Aujourd’hui, je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre que d’aller vers des pays en dollars ou à bas coût« , a ajouté M. Edelstenne, également PDG de Dassault aviation. « Avec un euro qui frôle 1,60 dollar, les gains de productivité et les couvertures de changes ne sont plus suffisants », a-t-il argumenté. « Certaines entreprises pourraient même faire faillite à ce niveau », selon lui.
EADS va ainsi profiter du contrat de 179 ravitailleurs de l’armée de l’air américaine pour installer une chaîne d’assemblage d’avions civils aux Etats-Unis. Ses Airbus A330 cargo seront désormais aussi assemblés à Mobile (Alabama).
Certes, EADS s’en défend, en criant haut et fort qu’il ne s’agit pas à proprement parler de délocalisation, la nouvelle inquiétant fortement de ce cote de l’Atlantique et plus sérieusement encore les salariés Airbus de Toulouse, Meaulte et Nantes.
Dassault Aviation avait annoncé début décembre qu’il présenterait en janvier un plan de délocalisation « pour restaurer la compétitivité du groupe face à la baisse du dollar ». Il envisageait alors de transférer la plupart de ses activités dans des zones dollar ou à bas coût. Le président du groupe aéronautique précisait alors qu' »il s’agissait « d’assurer la survie de la société »…
Le GFI, qui rassemble les plus importantes fédérations industrielles françaises, représente 90% de l’industrie française, soit 150.000 entreprises et six millions d’emplois directs et indirects.
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Ce taux de change extrêmement en défaveur de la zone euro en matière d’emploi menacerait l’emploi par des délocalisations, notamment en France.
Est-ce l’accélération d’une tendance de fond rendue tout à coup plus facile à justifier ou est-ce une tendance ponctuelle justifiée par cette parité ?
Ce n’est pas tout à fait la même chose, et la réponse à cette question devrait nous éclairer.
« Est-ce l’accélération d’une tendance de fond rendue tout à coup plus facile à justifier ou est-ce une tendance ponctuelle justifiée par cette parité ? » : tout fait d’accord avec vous, un des pbs majeurs est bien là.
C’est probablement une tendance de fond :
1/ les USA perdent de leur puissance au profit de l’Asie chinoise, les capitaux sont moins attirés sur les actifs américains;
2/ les déficits jumeaux des Etats-Unis exigent un radical changement du mode de vie US pour dépenser moins qu’ils ne produisent – et cela dans un monde où les ressources se raréfient et où la concurrence mondiale pour y avoir accès s’intensifie – les actifs américains apparaissent plus fragiles;
3/ la « zone dollar » n’est pas limitée à l’Amérique du nord : elle comprend les pays du Golfe et l’Asie. C’est là où va l’argent (pétrole, croissance) et là où il faut produire pour être compétitif.
4/ ce ne sont pas dans les « vieux pays » (principalement européens) que les gisements de consommation et de coûts existent.
D’où la baisse structurelle du dollar (accentuée par la politique de taux plus bas qui, elle, est conjoncturelle).
D’où les délocalisations inévitables pour toute entreprise qui veut rester « mondiale » ou simplement ne pas se faire tailler des croupières par les importations venues d’Asie.
Voir http://www.leblog-boursier.fr
C’est probablement une tendance de fond :
1/ les USA perdent de leur puissance au profit de l’Asie chinoise, les capitaux sont moins attirés sur les actifs américains;
2/ les déficits jumeaux des Etats-Unis exigent un radical changement du mode de vie US pour dépenser moins qu’ils ne produisent – et cela dans un monde où les ressources se raréfient et où la concurrence mondiale pour y avoir accès s’intensifie – les actifs américains apparaissent plus fragiles;
3/ la « zone dollar » n’est pas limitée à l’Amérique du nord : elle comprend les pays du Golfe et l’Asie. C’est là où va l’argent (pétrole, croissance) et là où il faut produire pour être compétitif.
4/ ce ne sont pas dans les « vieux pays » (principalement européens) que les gisements de consommation et de coûts existent.
D’où la baisse structurelle du dollar (accentuée par la politique de taux plus bas qui, elle, est conjoncturelle).
D’où les délocalisations inévitables pour toute entreprise qui veut rester « mondiale » ou simplement ne pas se faire tailler des croupières par les importations venues d’Asie.
Voir http://www.leblog-boursier.fr