Comme quoi, la concurrence est parfois bien utile. Elle peut même parfois avoir bon dos ….
Alors que des voix s’élèvent à nouveau en France pour taxer les super-profits de Total, Nicolas Sarkozy a demandé au directeur général du Fonds monétaire international – le socialiste Dominique Strauss-Khan qu’il a largement « aidé » à accéder à ce poste – de réfléchir à « une espèce de taxe » sur les superprofits des compagnies pétrolières, a déclaré mercredi Christine Lagarde.
But de l’opération : ne pas se limiter à une problématique franco-française mais étendre l’idée de taxer la manne pétrolière à toutes les compagnies, au nom de l’égalité des situations. Pas question de pénaliser l’opérateur pétrolier français, alors que les concurrents ne le seraient pas.
Alimentaire, mon cher Watson ! Il fallait y penser ! Car en cas de conclusions négatives de la part du FMI, Nicolas Sarkozy et le gouvernement pourront toujours se retrancher derrière cette excuse, pour ne pas appliquer de telles mesures en France. Rusé le renard !
« Si on va dans cette direction-là, il faut que ce soit sur un plan mondial parce qu’on on peut pas pénaliser le seul Total au bénéfice des autres grandes compagnies pétrolières qui elles ne seraient pas soumises à ces contraintes », a expliqué la ministre de l’Economie sur LCI.
« C’est l’esprit du président de la République qui a saisi le directeur général du FMI pour examiner la manière dont on peut tirer profit de cette rente mondiale », a-t-elle ajouté.
L’idée est « qu’au niveau mondial on puisse réfléchir à une espèce de taxe qui permettrait (aux) pays qui ont moins d’énergie de bénéficier de cette rente exceptionnelle », a-t-elle précisé.
Mi-janvier, lors de ses voeux au corps diplomatiques, Nicolas Sarkozy avait émis l’idée que les grands groupes pétroliers et miniers, qui bénéficient de profits s’apparentant à une rente, alimentent un fonds pour aider les pays pauvres à payer leur énergie. Ce n’était alors qu’un discours.
L’UFC-Que Choisir a quant à elle de nouveau réclamé l’instauration d’une « contribution citoyenne » pour les groupes pétroliers, après l’annonce par Total d’un bénéfice 2007 de plus de 12 milliards d’euros. L’association estime que cela permettrait de compenser « l’inflation continue » du prix des carburants pour les consommateurs.
Pour rappel, la Grande-Bretagne dispose d’une taxe spéciale sur les bénéfices des compagnies pétrolières réalisés en Mer du Nord, qui avait été doublée fin 2005, passant de 10 à 20%.
Total est resté en 2007 le groupe français qui a enregistré le plus gros bénéfice, grâce à la flambée des prix du pétrole. Il a dégagé un bénéfice net ajusté de 12,203 milliards d’euros.
Le groupe pétrolier américain ExxonMobil a annoncé le 1er février avoir dégagé en 2007 le plus important bénéfice de l’histoire, à 40,6 milliards de dollars, porté par la flambée des cours du brut.
Un autre groupe américain, Chevron, a accru son bénéfice net de 9%, à 18,688 milliards de dollars.
Le groupe britannique BP, numéro trois mondial, a dégagé l’an dernier un bénéfice de 20,845 milliards de dollars, certes en baisse de 5,25% par rapport à 2006 du fait notamment d’une baisse de sa production.
Source : Reuters, AFP