Juncker n’exclut pas l’émergence d’une récession aux USA

Crises_mikeoldfieldCà y est, le mot est lâché ! Et pas par n’importe qui !

Alors que les inquiétudes sur l’état de santé de l’économie américaine ont fait plonger les Bourses mondiales, le Président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker ose désormais prononcer le mot fatidique de récession.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a estimé pour sa part lundi que la crise causée par le ralentissement de la croissance américaine était « sérieuse », et pourrait affecter les pays émergents.

« La situation aux Etats-Unis continue à se détériorer. Nous avions toujours exclu au cours des mois écoulés une récession aux Etats-Unis, mais on ne peut plus totalement l’exclure au jour d’aujourd’hui« , a déclaré à la presse Jean-Claude Juncker, à l’issue d’une réunion du forum des ministres des Finances de la zone euro.

Il a reconnu que si cette récession « devait se matérialiser, elle ne restera pas sans conséquence sur la croissance en zone euro » et qu’en tout état de cause la croissance cette année dans les quinze pays de la zone serait inférieure à ce qui était anticipé à l’origine.

M. Juncker a précisé qu’elle serait « inférieure à son potentiel« , défini généralement comme situé autour de 2%. Jusqu’ici la Commission européenne tablait sur 2,2%.

Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a précisé pour sa part que la croissance en zone euro ne « sera pas très loin » malgré tout de son potentiel et donc être assez proche de 2% en 2008.

« La situation est sérieuse (…) tous les pays du monde souffrent du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, enfin tous les pays développés« , a déclaré quant à lui à la presse M. Strauss-Kahn à l’issue d’un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

« Heureusement, les pays émergents continuent à avoir une croissance assez forte et continueront de tirer la croissance mondiale. Néanmoins, il n’est pas impossible que, même sur les pays émergents, ça ait un certain effet, que la croissance soit moins forte que celle qui était prévue« , a-t-il ajouté.

Les Bourses européennes ont connu un véritable lundi noir, la quasi-totalité des titres subissant en une seule journée leurs plus fortes baisses depuis le 11 septembre 2001, en raison des craintes renouvelées d’un ralentissement économique américain.

Le plan de relance de plus de 140 milliards de dollars présenté vendredi par George Bush, sous formes d’allègements fiscaux, n’a guère convaincu.

Interrogé sur ce point, le chef du FMI a répondu que « les Bourses n’avaient pas apprécié, semble-t-il, le paquet proposé par le président Bush« . « Dans une certaine mesure, c’était un peu prévisible mais le président Bush a voulu tenter cette solution-là. Cela montre qu’aux Etats-Unis, le débat devient assez aigu sur les risques, et donc sur la nécessité d’essayer de les conjurer par la politique monétaire, mais pas seulement par la politique monétaire« , a poursuivi Dominique Strauss-Khan.

MM. Almunia et Juncker ont rejeté lundi soir l’idée d’un plan de soutien à la conjoncture en Europe, comparable à celui des Etats-Unis, en arguant d’une situation économique à leurs yeux beaucoup moins préoccupante.

Toutefois, M. Juncker a reconnu que les pays européens pourraient faire jouer un mécanisme prévu par le Pacte de Stabilité et de Croissance de l’Union européenne (qui limite les possibilités de déficits publics des Etats) pour amortir l’effet des ralentissements économiques: les « stabilisateurs automatiques« .

Ce système autorise les pays ayant amélioré leurs comptes publics, lorsque la conjoncture était favorable, à ne pas compenser les baisses de recettes fiscales consécutives à une détérioration de l’économie par des coupes équivalentes dans les dépenses. Ce qui concrètement permet de relâcher les contraintes budgétaires.

Le ministre slovène des Finances, Andrej Bajuk, dont le pays préside l’Union européenne, s’est dit « inquiet » lundi face au ralentissement économique aux Etats-Unis et à son impact potentiel sur l’Europe.

« Nous sommes tous inquiets, nous suivons les évènements de manière quotidienne et espérons que la situation n’est pas aussi mauvaise qu’elle en a l’air« , a-t-il déclaré aux journalistes en arrivant à une réunion avec ses collègues de la zone euro à Bruxelles.

Source : AFP

(4 commentaires)

  1. à chaque récession américaine, les USA sont rentrés en guerre pour faire repartir leur machine économique…

  2. Pas faux … et depuis quelques temps, les « manips » se multiplient sur le ciment, sans que l’on sache vraiment pourquoi.
    Ils prevoient de reconstruire après avoir détruit ? …

  3. Mais pourquoi donc une récession fait-elle si peur ? Que sont quelques mois de décroissance aux US au regard de la croissance de ces dernières années et de la croissance dans le reste du monde ?
    La crise du crédit et de liquidité interbancaire me semble plus inquiétante.

  4. j’aurai bien joint un graphique mais on ne peut pas le faire dans les commentaires.
    En gros, le pire est à venir dans les subprimes aux US: la transformation programmée des prêts à taux fixes arrivés à échéance en taux variables qui était de 50 milliards de $ en novembre sera de 80 milliards en janvier et de 100 en mars…

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