Non, ce n’est pas une reprise d’un nouveau discours de Sarkozy prononcé en direct du Fouquet’s ! mais la teneur d’une lettre adressée par le chef de la fédération allemande de l’industrie, Jürgen Thumann.
Dans son courrier, envoyé à 15.000 sociétés allemandes, il déconseille au gouvernement de s’immiscer dans la rémunération des patrons.
Merci au quotidien allemand Bild de nous relayer l’information.
« La grande coalition ne devrait pas se laisser entraîner sur une fausse route, celle de limiter par la voie législative les appointements des patrons, à cause des campagnes électorales dans les Etats régionaux », a estimé M. Thumann dans cette lettre dont des extraits ont été publiés dans Bild.
« Ensemble, rappelons qui crée la prospérité et la croissance en Allemagne: les nombreuses entreprises excellentes avec leurs collaboratrices et collaborateurs hautement qualifiés« , a écrit M. Thumann à l’adresse des entrepreneurs.
« Nous, entrepreneurs et dirigeants suivons des valeurs claires. La morale ne s’exprime pas en chiffres », ajoute-t-il dans sa missive.
Déclenché par la publication des rémunérations très généreuses des dirigeants du groupe Porsche – six membres du directoire du constructeur automobile Porsche, y compris son président Wendelin Wiedeking, se sont tout de même partagés la bagatelle de 113 millions d’euros – un débat autour des salaires faramineux de certains patrons allemands fait rage depuis un mois en Allemagne, à un moment où le salaire net de la plupart des Allemands stagne.
Le président du conseil de surveillance de Porsche et l’un des héritiers de la dynastie familiale, Wolfgang Porsche, avait du défendre le salaire de Wiedeking, estimé par la presse à plus de 60 millions d’euros. Le patron de la firme automobile « vaut chaque euro » de son salaire, avait affirmé M. Porsche. M. Wiedeking avait récemment rappelé que sous sa présidence, la valeur de l’entreprise était passé de 300 millions d’euros à 25 milliards en treize ans.
Face à l’ampleur de la polémique, le président allemand Horst Köhler avait appelé à « une culture de la modération ». La chancelière Angela Merkel lui avait emboîté le pas en s’en prenant aux indemnités injustifiées.
Cette dernière, pourtant très proche des milieux d’affaires, a été ovationnée récemment au congrès du parti CDU quand elle a lancé : « Pourquoi fait-on baigner dans de l’argent les patrons qui ont échoué sur toute la ligne ? » .
Il est vrai que salariés et électeurs allemands acceptent difficilement le versement de primes de départ démesurées à des patrons ayant même nui à l’entreprise. Des managers responsables comme le nouveau président de Siemens, Peter Löscher, admettent qu’il y a là un problème. « Des primes d’accueil, des indemnités sans aucune contrepartie, des salaires élevés pour ceux qui n’ont pas de succès, dit-il, tout ça ce sont des excès; les patrons doivent rester avec les pieds sur terre ».
Trois élections régionales sont prévues en janvier et février. En Allemagne, il n’y a ni plafond, ni plancher à la rémunération du travail. Le chef de gouvernement de la Sarre (sud-ouest), le social-démocrate Peter Müller, a ainsi suggéré qu’un plafond soit inscrit dans la loi, une proposition qui fait bondir les milieux d’affaires. Le salaire minimum des facteurs va rentrer en vigueur au 1er janvier 2008 et pourrait ouvrir la porte à d’autres secteurs de l’économie.
Source : AFP, Libre.be