Branle bas de combat à New-York ! Alors que toutes les dépêches parues dans la journée faisaient état d’un cours du pétrole à son niveau plus bas depuis le mois d’octobre, à Londres comme à New York, le prix du brut a terminé la séance new-yorkaise à plus de 90 dollars le baril jeudi soir, reprenant subitement près de trois dollars !!!
Pourtant, la veille encore, ni le maintien de la production de l‘Opep ni l’effondrement des stocks américains n’avaient semblé en mesure de stopper son recul.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en janvier a clôturé à 90,23 dollars, en hausse de 2,74 dollars par rapport à mercredi. Sur l’Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a pour sa part gagné 1,69 dollar pour finir à 90,18 dollars. Les bruts sont désormais côtés selon un cours strictement équivalent sur les deux marchés, alors qu’en général le Brent, plus lourd et plus soufré, se situe à un niveau déprécié de quelques dollars.
Pourtant, à New York, lors des échanges électroniques d’avant-séance, les prix du pétrole étaient tombés, à un plus bas depuis octobre, passant brièvement sous les 86 dollars le baril, alors qu’ils étaient encore au-dessus de 99 dollars en début de semaine dernière. Même la décision mercredi de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne pas augmenter sa production et la chute de 8 millions de barils des réserves de brut des Etats-Unis n’avaient que temporairement attisé les cours, qui étaient repartis très vite en baisse.
Si le cartel a certes mis un cruel frein aux espoirs des pays consommateurs, qui avaient compté un temps – comme Christine Lagarde – sur une augmentation de production de l’ordre de 500.000 barils par jour, dans les faits, sa production devrait tout de même augmenter en décembre.
Le cartel a semble-t-il parié sur le fait que les prix se replieraient sans qu’il ait besoin de pomper plus de brut. Mais, avant tout, l’Opep n’a pas souhaité courir le risque d’inonder le marché au premier semestre 2008, ce qui aurait sans doute fait chuter sévèrement les prix, et donc …. les recettes des pays du cartel.
Selon les analystes, ce mouvement de correction semblait néanmoins parti pour durer, l’affaiblissement de l’économie américaine faisant craindre une diminution de la demande en énergie. Mais jeudi à mi-séance, la tendance s’est soudainement inversée et les prix sont repartis en hausse de plus belle. Certains analystes considèrent le phénomène avant tout comme comme un « mouvement technique », estimant que les cours étaient descendus si vite que le marché était devenu l’objet de ventes excessives. Pour d’autres, c’est le bas niveau de liquidité qui est à l’origine de « mouvements exagérés ».
A noter également que les cours du brut étaient aidés par une légère baisse du dollar par rapport à l’euro. La devise européenne était portée par des propos très fermes du président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, sur l’inflation.
Selon des analystes, le marché est dans une « position vulnérable », considérant en effet qu’en atteignant 90 dollars, le prix du baril se situe désormais à un niveau seuil à partir duquel le marché se divise. Dans cette perspective, le rapport mensuel sur le marché de l’emploi américain, attendu vendredi, pourrait s’avérer « critique » dans le cas où la situation reflétée serait peu reluisante.
Mais, d’ores et déjà, le plan d’aide aux propriétaires endettés dévoilé jeudi par le président George W. Bush semble avoir regonflé la confiance des marchés financiers sur l’avenir de l’économie américaine.
Autre élément plaidant en faveur d’une hausse des cours : les bulletins météo prévoyant des températures froides aux Etats-Unis.
Source : AFP