Alcatel-Lucent décroche après l’annonce des suppressions d’emplois

Alcatelrussotchuruk L’action d’Alcatel-Lucent a terminé en nette baisse jeudi à la Bourse de Paris, au lendemain de l’annonce de nouvelles suppressions d’emplois.

Les analystes prônent en effet la prudence, en raison de conditions de marché qui restent difficiles. Ce qui, quelque part, laisserait sous-entendre que la nouvelle réduction de postes semble bien « économiquement » justifiée par le contexte du secteur, voire ne serait pas la dernière ?

En tout cas, ce qui semble nouveau, c’est que la Bourse ne réagit plus aussi « favorablement » que cela aux annonces de suppressions d’emplois, estimant au contraire que de telles mesures sont significatives d’un contexte risqué dans le secteur concerné … voire d’une mauvaise gestion ?

Le titre Alcatel-Lucent a perdu 5,37% à 6,34 euros, alors que le marché parisien perdait quant à lui 2%. L’action avait clôturé mercredi en hausse de 1,06%, après l’annonce faite par l’équipementier en télécoms, confronté à d’importants problèmes financiers, de la suppression de 4.000 postes supplémentaires d’ici 2009 dans le monde afin de réaliser 400 millions d’économies qui s’ajouteront au 1,7 milliard déjà prévues.  La direction a refusé de préciser la répartition géographique de ces nouvelles coupes. Elles devraient toutefois concerner les marchés où le groupe connaît le plus de difficultés, en l’occurrence les Etats-Unis.

Alcatel-Lucent est confronté à plusieurs problèmes. Comme les autres équipementiers européens, il fait face à la concurrence féroce des Chinois, mais il souffre aussi de difficultés spécifiques dans le mobile aux Etats-Unis. Afin de redresser la barre, le groupe a décidé un « plan d’action agressif » qui prévoit notamment de nouvelles coupes dans les effectifs et une réorganisation de la direction autour de la directrice générale Patricia Russo. Cette dernière, ainsi que le président, Serge Tchuruk, les deux principaux acteurs de la fusion, n’ont plus le droit à l’erreur après ce nouveau plan de restructuration.

Alcatel-Lucent a aussi annoncé le départ du directeur financier, Jean-Pascal Beaufret. Arrivé en 1999 dans le groupe, M. Beaufret assurait cette fonction depuis 2003 et, à ce titre, a accompagné la fusion.
Un comité exécutif de sept personnes a été créé. Responsable de la direction opérationnelle du groupe, il répondra directement à Mme Russo. L’équilibre entre Américains et Français que la direction avait jusqu’à maintenant voulu préserver n’est plus de mise. Sur les sept membres, cinq sont des ex-Alcatel.

Les analystes du secteur estiment pour leur part que le plan présenté, bien que conforme aux attentes du plus grand nombre ne contient pas la remise en cause structurelle du modèle économique qui semble pourtant nécessaire dans les réseaux mobiles. Les mesures annoncées, qui comprennent aussi une réorganisation opérationnelle, vont selon eux, « dans le bon sens », mais auraient dû être prises « dès la fusion ». Ainsi, en dépit de la confiance affichée par le groupe pour ses perspectives à long terme, les analystes du CM CIC estiment que « les conditions de marché se sont fortement dégradées entre l’annonce de la fusion début 2006 et la période actuelle ».

Les analystes de Natixis disent rester « prudents » sur le titre à court terme, car la pression concurrentielle devrait selon eux demeurer « forte ». « Le plan annoncé n’a pas réussi à impressionner les investisseurs », ont de leur côté relevé les analystes de la Société Générale. Et le groupe n’est, selon eux, toujours pas assez présent dans la téléphonie mobile de troisième génération.

Les analystes d’Exane BNP-Paribas se montraient un peu plus optimistes jeudi, saluant notamment dans une note l’annonce d’une équipe de direction plus resserrée. Ils jugeaient par ailleurs « possible » l’objectif d’atteindre au moins 10% de résultat opérationnel (Ebit) en 2010, « si les conditions de marché s’améliorent un peu ». Les investisseurs vont néanmoins hésiter selon eux à investir dans le titre, préférant attendre des effets positifs concrets après les nouvelles réductions de coût annoncées.

Les nouvelles mesures annoncées mercredi s’ajoutent à celles déjà décidées en février, quelques semaines seulement après la fusion entre le français Alcatel et l’américain Lucent. Le groupe avait alors revu à la hausse le nombre de suppressions d’emplois à 12.500 (dont 1.468 pour la France), contre 9.000 auparavant (au moment de la discussion des modalités de la fusion).

Le groupe, issu de la fusion en décembre 2006 entre le français Alcatel et l’américain Lucent, a enregistré un chiffre d’affaires de 4,35 milliards d’euros, en hausse de 2,3% sur le trimestre précédent mais en baisse de 7,8% sur un an (à taux de change euro/dollar constant). De même, il accuse pour ce troisième trimestre une perte nette de 258 millions d’euros contre un bénéfice (pro forma) de 532 millions pour la même période l’an dernier.

Le 13 septembre, le groupe avait lancé son troisième avertissement sur résultats depuis le début de l’année, revoyant à la baisse sa croissance pour 2007. Mercredi, Alacatel-Lucent a confirmé qu’il prévoyait une croissance « à peu près nulle » des ses revenus de cette année. Il y a quelques mois, le groupe tablait sur une croissance d’environ 5%.

Les dirigeants d’Alcatel-Lucent sont « maintenant discrédités« , a estimé pour sa part le secrétaire du comité d’entreprise européen Alain Hurstel (CFDT), après l’annonce mercredi de 4.000 nouvelles suppressions de postes d’ici fin 2009. « Ils vont continuer à subir une pression forte des marchés financiers« , a par ailleurs jugé M. Hurstel en estimant que « cela allait être très difficile de rétablir la confiance » avec le personnel et avec les marchés financiers.

Interrogé sur le départ annoncé du directeur financier Jean-Pascal Beaufret, M. Hurstel y a vu « un exercice obligé pour rassurer les marchés« , mais « c’est un changement complet de management et de stratégie qui pourrait améliorer » la situation.

« Il ne faut pas complètement désespérer notre personnel, Alcatel n’est pas hors jeu dans la compétition technologique mais on a l’impression d’être dans une logique désespérante, une spirale sans fin de réductions d’effectifs« , a-t-il poursuivi, jugeant « suicidaire de laisser partir cette compétence industrielle, y compris en recherche et développement, vers des pays low cost« . M. Hurstel a, en outre, jugé « préoccupant » pour les instances syndicales de constater qu’il y a eu plus de candidats que nécessaires au guichet départ, ouvert lors du dernier plan : « ce sont les meilleures compétences qui s’en vont« .

Source : AFP

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Un commentaire

  1. C’est facile de parler de mauvaise gestion après coup et de parler de conccurence féroce des Chinois, c’est les clients qui font appels à Huawei, sans les clients Huawei n’aurait jamais eu la possibilité de s’introduire en Europe. Vous connaissez les talents linguistiques des Chinois pour les langues Européennes? Le Chinois c’est une langue où simplement en variant la hauteur d’une voyelle un Chinois donne un sens différent au mot. C’est un obstacle considérable à la communication avec les Européens.
    Pour revenir à Alcatel, c’est un paquebot dans une industrie qui réclame des PME innovantes. AUjourd’hui un opérateur télécom ne veut plus payer un central téléphonique 3 millions d’Euros comme au bon vieux temps alors qu’il existe la possibilité de faire la même chose avec des PC de base et des logiciels libres comme l’a prouvé Google.
    Donc en conclusion je n’ai pas de solution mais je crois que personne n’en a et qu’il ne faut pas parler de mauvaise gestion.
    La seule solution pour le personnel c’est de quitter le navire et de fonder des PME dans des secteurs en dehors du logiciel et de l’immatériel, car dans ces domaines on sera toujours facilement conccurencé par les pays émergents quoi qu’en disent les élites qui ont tenus le discours contraire depuis 30 ans. Ce qui était rai dans la période post coloniale est complètement faux aujourd’hui.

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