La stratégie US visant à bâtir un « argumentaire sérieux » en vue de justifier une opération militaire de grande envergure contre l’Iran se confirme chaque jour un peu plus. Usant du terme de « guerre par procuration », les Etats-Unis accusent l’Iran d’armer les rebelles chiites irakiens.
Le commandement américain en Irak a affirmé dimanche avoir saisi plusieurs missiles sol-air de fabrication iranienne dont certains « ont été déjà utilisés par les rebelles irakiens qui combattent les troupes américaines dans ce pays ».
Dans la série « cela va de soi, mais c’est encore mieux en le disant » … le vice-président irakien Adel Abdul-Mahdi a assuré samedi à Damas que son pays ne servirait pas de base pour le lancement d’attaques contre l’Iran ou la Syrie. Ceci, alors qu’une nouvelle base militaire américaine va voir le jour à la limite des frontières entre Irak et Iran. Rappelons s’il en était besoin, que les tensions actuelles ont un impact direct sur le cours du pétrole, et sur les relations économiques entre les différents protagonistes.
« Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, mais nous en avons trouvé », a déclaré à la presse un porte-parole de l’armée américaine à Bagdad, le contre-amiral Mark Fox, en réponse à une question sur la présence en Irak de missiles sol-air Misagh-1. « Nous les avons trouvés et nous les avons vus être utilisés. Cela est très significatif en soi », a assuré le contre-amiral Fox.
Il a refusé de donner toute autre information, notamment sur le nombre de missiles saisis ou les circonstances dans lesquelles ils auraient été employés. Pratique : personne n’est donc en mesure de vérifier. Comme pour des « armes de destruction massives » ? Le scénario semble rodé …
L’armée américaine a affirmé à plusieurs reprises que l’Iran livrait à des groupes armés irakiens des Misagh-1 capables d’abattre des hélicoptère ou des avions américains.
Pour rappel, le Misagh est la version iranienne du missile anti-aérien chinois QW-1. C’est un missile portable équipé d’un système de guidage à infrarouge qui identifie et suit les sources de chaleur. Il a une portée utile de 4.000 mètres.
Les militaires américains accusent régulièrement l’Iran de livrer des armes aux groupes extrémistes chiites qui combattent l’occupation américaine, mais ils évoquent rarement la fourniture de missiles sol-air. L’armée américaine avait fait état en début de semaine de tirs d’armes légères contre l’un de ses hélicoptères dans le sud de Bagdad, qui avaient forcé l’appareil à procéder à un atterrissage d’urgence, sans toutefois faire de victime. Les forces de la coalition n’ont cependant pas mentionné au cours des dernières semaines de recrudescence des attaques contre ses avions et ses hélicoptères.
Le porte-parole a également réaffirmé qu’un Iranien arrêté le 20 septembre par les troupes américaines au Kurdistan irakien était un agent de Téhéran chargé d’entraîner des « éléments extrémistes » en Irak et d’y mener des opérations ciblant les forces irakiennes et celles de la coalition. Les autorité iraniennes ont démenti cette version et assuré que cette homme était un officiel de la province de Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran, chargé de développer le commerce entre cette région et le Kurdistan irakien. Elles ont depuis lors ordonné en représailles la fermeture de la frontière entre l’Iran et le Kurdistan irakien, d’une incidence majeure sur l’économie de la région. « J’ai du mal à croire qu’ils (les Iraniens) ferment la frontière pour un simple homme d’affaire », a commenté le contre-amiral Fox.
Le vice-président irakien Adel Abdul-Mahdi a assuré samedi à Damas que son pays ne servirait pas de base pour le lancement d’attaques contre l’Iran ou la Syrie. M. Adel Abdul-Mahdi a indiqué qu’il avait notamment abordé les questions de sécurité régionale lors de son entretien avec le président syrien Bachar el-Assad. En réponse à la question d’un journaliste qui évoquait l’éventualité d’une frappe américaine contre l’Iran, il a répondu sèchement: « l’Irak n’acceptera pas que son territoire soit utilisé pour agresser un pays voisin. » « L’Irak a une identité (arabe) à laquelle il tient et qu’il défendra », a-t-il ajouté devant la presse à l’issue de sa visite de trois jours en Syrie.
Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari s’est dit quant à lui, dimanche, « inquiet » de la montée des tensions entre la communauté internationale et l’Iran sur la question nucléaire, dans une interview diffusée par CNN. « En tant qu’Irakiens, nous sommes inquiets de cette tension croissante. Et nous faisons de notre mieux pour apaiser ces tensions parce que cela aura un impact positif sur notre sécurité », a déclaré l’ambassadeur.
Interrogé sur les accusations selon lesquelles l’Iran fournit des armes aux insurgés irakiens, il a affirmé que « d’un coté, l’Iran a une politique très claire de soutien envers le gouvernement (irakien) (…). De l’autre, nous voyons vraiment les preuves d’interventions de l’Iran et aussi d’autres pays ». Il a rappelé la tenue d’une « réunion majeure à Istanbul début novembre des pays voisins de l’Irak et du G8, au cours de laquelle, a-t-il dit, nous confronterons nos voisins avec des preuves, des faits ». M. Zebari a indiqué avoir obtenu récemment des « assurances du ministre des Affaires étrangères (iranien) » sur la présence de l’Iran à cette conférence. « Il y a eu des interventions. (…) C’est un fait. C’est pourquoi, nous nous rendons à Istanbul (…) pour confronter nos voisins et les placer sous les feux des projecteurs internationaux pour qu’ils respectent leurs engagements et joignent le geste à la parole ».
De son côté, le Parlement iranien a adopté ce samedi un texte qualifiant l’armée américaine et la CIA de « terroristes », en représailles à une motion du Congrès américain qui avait attribué le même qualificatif aux Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime iranien.
« L’armée américaine et la CIA sont terroristes car elles soutiennent les terroristes », affirme le document signé par 215 députés sur les 290 que compte le Parlement iranien, selon l’agence de presse Isna.
Les parlementaires citent pour preuve « l’utilisation de bombes atomiques au Japon », « l’occupation de pays comme le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan », « le soutien au régime sioniste » et « le soutien aux groupes terroristes Al-Qaïda et aux taliban » par l’armée américaine et la CIA. « Tout en condamnant l’occupation de pays comme l’Irak et l’Afghanistan par l’armée américaine, les députés iraniens demandent aux Nations unies d’empêcher l’existence du centre de torture de Guantanamo et des prisons secrètes américaines dans différents pays », ajoutent les parlementaires.
Le Congrès américain a adopté cette semaine un texte qui demande au gouvernement de placer les Gardiens de la révolution -ou Pasdarans- sur la liste des organisations terroristes.
Sources : AFP, Presse Canadienne
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» La stratégie US visant à bâtir un « argumentaire sérieux » en vue de justifier une opération militaire de grande envergure contre l’Iran se confirme chaque jour un peu plus. »
…c’est tellement vrai que les USA ont accepté un report d’une nouvelle résolution au Conseil de sécurité à une date indéterminée, et encouragé l’AIEA a développer le dialogue avec Téhéran !
A l’évidence, vous avez une lecture très personnelle de la crise…
Vous lisez le « on », je lis le « off » … 🙂
That’s the diffrence
encore que ce n’est pas si « off » que cela …
cf.
La guerre par procuration pourrait bientôt tourner au conflit direct, avertissent les analystes
samedi, 15 septembre 2007
Par Julian Borger et Ian Black
The Guardian – L’attention croissante des Etats-Unis sur une confrontation avec l’Iran dans une guerre par procuration en Irak risque de déclencher un conflit direct dans les mois à venir, mettent en garde les analystes régionaux.
Les tensions entre les Américains et les Iraniens sont montées de manière significative ces deniers jours, avec une rhétorique exacerbée des deux côtés et la décision des Etats-Unis d’établir une base militaire en Irak à moins de huit kilomètres de la frontière iranienne pour bloquer la contrebande d’armes iraniennes à destinations des milices chi’ites.
La participation de quelques centaines de soldats britanniques dans l’opération contre la contrebande soulève aussi le risque de leur participation dans un affrontement transfrontalier.
Des officiers américains ont affirmé qu’un missile iranien avancé avait été tiré contre une base américaine depuis un secteur chi’ite. Si c’était confirmé ce serait une escalade significative dans « la guerre par procuration » mentionné cette semaine par le général David Petraeus, le commandant américain en Irak.
« La guerre par procuration qui a lieu en Irak peut maintenant traverser la frontière. C’est une période très dangereuse », dit Patrick Cronin, directeur d’études à l’Institut International des
original en anglais
Proxy war could soon turn to direct conflict, analysts warn
US strikes on Iran predicted as tension rises over arms smuggling and nuclear fears
Julian Borger and Ian Black
Saturday September 15, 2007
The Guardian
The growing US focus on confronting Iran in a proxy war inside Iraq risks triggering a direct conflict in the next few months, regional analysts are warning.
US-Iranian tensions have mounted significantly in the past few days, with heightened rhetoric on both sides and the US decision to establish a military base in Iraq less than five miles from the Iranian border to block the smuggling of Iranian arms to Shia militias.
The involvement of a few hundred British troops in the anti-smuggling operation also raises the risk of their involvement in a cross-border clash.
US officers have alleged that an advanced Iranian-made missile had been fired at an American base from a Shia area, which if confirmed would be a significant escalation in the « proxy war » referred to this week by General David Petraeus, the US commander in Iraq.
« The proxy war that has been going on in Iraq may now cross the border. This is a very dangerous period, » Patrick Cronin, the director of studies at the International Institute for Strategic Studies, said.
Iran’s leaders have so far shown every sign of relishing the confrontation. The supreme leader, Ayatollah Ali Khamenei, declared yesterday that American policies had failed in the Middle East and warned: « I am certain that one day Bush and senior American officials will be tried in an international court for the tragedies they have created in Iraq. »
In such circumstances, last week’s Israeli air strike against a mystery site in northern Syria has triggered speculation over its motives. Israel has been silent about the attack. Syria complained to the UN security council but gave few details. Some say the target was Iranian weapons on their way to Hizbullah in Lebanon, or that the sortie was a dry run for a US-Israeli attack on Syria and Iran. There is even speculation that the Israelis took out a nuclear facility funded by Iran and supplied by North Korea
The situation is particularly volatile because the struggle for influence threatens to exacerbate a confrontation over Tehran’s nuclear ambitions.
The US has called a meeting of major powers in Washington next Friday to discuss Iran’s defiance of UN resolutions calling for its suspension of uranium enrichment. It comes amid signs that the Bush administration is running out of patience with diplomatic efforts to curb the nuclear programme. Hawks led by the vice-president, Dick Cheney, are intensifying their push for military action, with support from Israel and privately from some Sunni Gulf states.
« Washington is seriously reviewing plans to bomb not just nuclear sites, but oil sites, military sites and even leadership targets. The talk is of multiple targets, » said Mr Cronin. « In Washington there is very serious discussion that this is a window that has to be looked at seriously because there is only six months to ‘do something about Iran’ before it will be looked at as a purely political issue. »
US presidential elections are due in November 2008, and military action at the height of the campaign is usually seen by voters as politically motivated.
Vincent Cannistraro, a former CIA counter-terrorism chief who is now a security analyst, said: « The decision to attack was made some time ago. It will be in two stages. If a smoking gun is found in terms of Iranian interference in Iraq, the US will retaliate on a tactical level, and they will strike against military targets. The second part of this is: Bush has made the decision to launch a strategic attack against Iranian nuclear facilities, although not before next year. He has been lining up some Sunni countries for tacit support for his actions. »
US and British officials have complained to Iran about the use by Shia militias in Iraq of what they say are Iranian-made weapons. The main concern is the proliferation of roadside bombs that fire a bolt of molten metal through any thickness of armour, which the officials say must have been made in Iran.
A US military spokesman in Baghdad, Major General Kevin Bergner, raised the stakes when he said the 240mm rocket that hit the US military headquarters outside Baghdad this week, killing an American soldier and wounding 11, had been supplied to Shia militants by Iran.
Gen Bergner used to work in the White House, where he was aligned with administration hawks, and his dispatch to Baghdad was seen by some as a move to increase pressure on Iran.
« There are an awful lot of lower level officers who are very angry about the deaths from explosively formed projectiles said to come from Iran. There is a certain amount of military pressure to do something about this, » said Patrick Clawson, the deputy director for research at the Washington Institute for Near East Policy. « That said, it is very difficult for us to do anything without much better evidence. In that respect, border control is a sensible solution. »
Any US decision to attack Iran would force Gordon Brown to choose between creating a serious rift in the transatlantic alliance and participating in or endorsing American actions. British officials insist that Washington has given no sign it is ready to abandon diplomacy and argue that UN sanctions are showing signs of working. They point to the resurgence in Iran of Hashemi Rafsanjani, seen as a pragmatic counterweight to President Mahmoud Ahmadinejad.
Hopes that a new war could still be avoided have also been boosted by Gen Petraeus’s claim that Iran’s covert Quds force alleged to be supporting Shia attacks on coalition forces had been pulled out of Iraq. If true, it could be that in the stand-off between the US and Iran, Iran has blinked first
http://www.guardian.co.uk/iran/story/0,,2169798,00.html
Vos textes et les articles de presse que vous mettez en avant prouvent que vous n’avez pas compris les crises iranienne et irakienne.
Sinon, vous ne proposeriez pas à longueur de journée les théories de type Guardian.
Car il n’y aura pas de conflit direct USA / Iran, ni demain, ni dans un an. Il faut comprendre ce que recherchent Américains et mollahs dans cette affaire…
La Syrie appelle au retrait des forces étrangères d’Irak
NEW YORK (Nations unies) – Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, a appelé lundi au retrait de toutes les forces étrangères d’Irak et à un accroissement de l’aide internationale à son pays pour lui permettre de faire face à l’afflux de réfugiés irakiens.
Dans un discours à l’Assemblée générale des Nations unies, M. Mouallem a également rejeté les accusations selon lesquelles la Syrie ne fait pas assez pour stopper le flux de combattants et d’armes en Irak à travers sa frontière.
Il a affirmé qu’une solution du conflit en Irak devait commencer par une réconciliation nationale, « fondée sur le principe du respect de la volonté de tous les Irakiens de déterminer leur avenir politique. »
« En conséquence, nous soulignons la nécessité d’un retrait de toutes les forces étrangères, sous réserve de l’accord du gouvernement irakien, car une telle mesure contribuera à réduire la violence », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis, qui ont envahi l’Irak en 2003 à la tête d’une coalition pour renverser le régime de Saddam Hussein, ont actuellement quelque 170.000 soldats dans le pays.
Le ministre irakien des affaires étrangères, Hoshyar Zebari, avait averti le mois dernier qu’un retrait américain d’Irak ne ferait qu’enlever un obstacle à « une guerre civile ou interconfessionnelle à large échelle » et enhardirait Al-Qaïda dans ses efforts pour créer une « importante base » en Irak.
M. Mouallem a également rejeté les accusations selon lesquelles Damas ne fait pas assez pour stopper le flux de combattants et d’armes en Irak à travers sa frontière.
Il a affirmé que « le but de ces accusations infondées est de faire porter à d’autres la responsabilité de l’échec de la puissance occupante dans sa tentative de sécuriser et de stabiliser l’Irak ».
Soulignant que la Syrie supportait « d’énormes fardeaux financiers » en accueillant plus de 1,6 million de réfugiés irakiens, il a déploré le fait que « la communauté internationale n’a pas assumé sa responsabilité d’aider les réfugiés irakiens jusqu’à ce qu’il soit sans danger pour eux de retourner chez eux ».
« L’aide reçue jusqu’ici par la Syrie est presque négligeable, » a affirmé M. Mouallem.
« La puissance occupante (les Etats-Unis) dépense des centaines de milliards de dollars en opérations militaires en Irak mais ne consacre pas assez de ressources pour aider les Irakiens qui ont dû fuir le pays à cause de l’occupation et de ses répercussions », a-t-il dit.
http://www.guardian.co.uk/world/2007/feb/10/iran.usa
The Guardian, Saturday February 10 2007
Robert Gates, the new US defence secretary, said yesterday: « I don’t know how many times the president, secretary [of state Condoleezza] Rice and I have had to repeat that we have no intention of attacking Iran. »
But Vincent Cannistraro, a Washington-based intelligence analyst, shared the sources’ assessment that Pentagon planning was well under way. « Planning is going on, in spite of public disavowals by Gates. Targets have been selected. For a bombing campaign against nuclear sites, it is quite advanced. The military assets to carry this out are being put in place. »
He added: « We are planning for war. It is incredibly dangerous. »