Heureusement que les loyers baissent : La sur-offre de biens neufs fait baisser les loyers ! Pour ceux qui connaissent l’ex bloc de l’Est du temps de l’occupation soviétique, nul besoin d’expliquer que le manque de logement était une façon parmi d’autres de briser les gens et de les priver de conditions qui auraient pu leurs permettre de mieux lutter contre le régime.
L’appartement communautaire ou un locataire étranger imposé par le gouvernement à une famille, qui pouvait les dénoncer et les faire envoyer en prison en cas de « mauvais accueil », faisaient partie de la panoplie totalitaire pour réduire les gens au silence. Le plus méritant avait droit à un appartement dans un « blok » HLM, le plus silencieux, le plus docile… Le meilleur moyen de vérifier le « profil » du candidat à un appartement « individuel » était de le faire espionner chez lui tout en lui donnant encore plus envie d’être coopératif avec le régime pour quitter l’enfer « commun ». Source : Le Figaro, Communisme et dépendance
Voilà que Le Figaro, qui va un peu loin, n’ayant pas vécu la colocation sous Staline, compare la cohabitation forcée sous le même toit d’étrangers à cette période la plus noire de l’histoire.
« POUR la grande féministe Alexandra Kollontaï, le style « petit-bourgeois » (mechtchanstvo) ne réside pas seulement dans la morale sexuelle ; il est aussi présent dans le couple et dans son appartement. Le logement petit-bourgeois freine la construction du communisme et il importe donc de mettre fin à ces espaces privés. Ainsi est né « l’appartement communautaire » qui va représenter le logement majoritaire dans les grandes villes soviétiques à partir de la révolution d’octobre 1917. »
Et le deuxième extrait :
« Depuis la chute du Mur, cet âge du collectivisme paraît désormais du passé. Le marché libre a triomphé, même à l’Est. Pourtant, les choses sont non seulement loin d’être aussi évidentes dans la grande Russie, mais, surtout, cet appartement communautaire ne fait-il pas un retour insidieux dans les grandes métropoles occidentales, avec la hausse inconsidérée des loyers ? »
Mais qu’on se rassure, la hausse des loyers est devenue baisse : Location : la baisse est annoncée partout et les étudiants qui se partagent les appartements et les frais ne sont pas agents du KGB, mais des étudiants en échage Erasmus; qui ont parfois des ennuis, mais qui se font « bcp d’amis pour la vie et font des soirées mémorables dans ces super grands apparts partagés » ! Mais le partage de toit nous rapproche plutôt du tiers monde…
Si le sujet vous intéresse, je connais quelqu’un à qui une locataire était imposée, et qui s’est enfui de sn pays et de son logement, en laissant tout derrière, après 30 ans de cohabitation, voire 40 !
Comme je l’ai dit, mes proches ont vécu ce partage de l’appartement et l’attente d’un HLM.
Si cela vous intéresse, je vous raconte l’histoire un jour.
En Espagne, dans les années 1940-50, on a connu cette période de colocation. La crise économique faisant rage, les pays occidentaux voulant faire tomber le régime de Franco par les sanctions économiques, les gens n’avaient pas les moyens de louer ou d’acheter une maison par famille et on voyait plusieurs générations cohabiter sous le même toit, voire des amis ou voisins partager le même logement. Quand la maison elle-même n’était pas commune, c’étaient les sanitaires ou la cuisine qui l’étaient. La situation s’est améliorée à l’arrivée au pouvoir aux USA du général Eisenhower qui était ami avec le général Franco, savait son anti-communisme résolu et a favorisé l’expansion économique du pays tout en faisant pression sur les Européens, Français et Anglais en tête, pour qu’ils cessent le boycott économique du pays et favorisent le tourisme.
Dans les années 60, la situation était radicalement différente : avec le boum touristique et immobilier, le pays s’est enrichi grâce à l’apport de devises et les espagnols ont pu se loger décemment. Leur angoisse d’être mal logés et la folie qui les anime à accumuler des maisons remonte à cette période noire où ils devaient partager des taudis faute de mieux. La politique de logement à bas prix de Franco (quasiment pas de financement bancaire, les promoteurs faisaient crédit eux-mêmes ce qui obligeait à vendre bon marché et sur des durées de 10 ans maximum) a malheureusement été abandonnée dans les années 1990 favorisant l’extraordinaire hausse des prix et l’enrichissement des propriétaires mais laissant sur le carreau tous les autres.
L’histoire immobilière étant cyclique, on en est revenu depuis quelques années à la colocation honnie 10 ans plus tôt…