Un vent de tempête souffle chez Safran. L’ancien PDG de Sagem Défense Sécurité, Jacques Paccard, licencié en novembre 2006 par sa maison mère Safran, puis mis en cause pour des « écritures inexpliquées » dans les comptes de sa société, a porté son limogeage devant le tribunal de commerce de Paris, a-t-il indiqué samedi.
Cette action intervient à quelques jours d’un conseil de surveillance de Safran le 19 juillet au cours duquel M. Béchat, ancien président de Snecma espère obtenir de poursuivre son mandat au-delà de septembre 2007.
Issu de la fusion du motoriste Snecma et de l’électronicien Sagem, Safran est depuis des mois au centre d’une véritable « guerre des clans » entre les dirigeants des deux branches.
En tant que salarié du groupe issu de la fusion entre l’électronicien Sagem et le motoriste Snecma, Jacques Paccard, a déjà réclamé des indemnités devant les prud’hommes et a porté plainte en diffamation contre Safran et le président de son directoire Jean-Paul Béchat.
C’est en tant qu’ancien mandataire social de la société Sagem DS que M. Paccard vient de porter le différend devant le tribunal de commerce de Paris « pour obtenir réparation du préjudice consécutif aux circonstances brutales et vexatoires de son éviction« .
Lors de l’arrivée de Francis Mer à la présidence du conseil de surveillance le 12 décembre 2006, en pleine crise interne entre anciens dirigeants de Snecma et anciens Sagem, le conseil avait annoncé le départ du précédent président du conseil de surveillance Mario Colaïacovo, ex-Sagem le 15 janvier 2007, ainsi que celui de M. Béchat, ex-Snecma, lors de son 65e anniversaire au début septembre 2007.
Les proches des anciens dirigeants de Sagem avaient dénoncé « une chasse aux sorcières », tandis que le directoire de Safran avait révélé peu après des « écritures inexpliquées » effectuées sous la responsabilité de M. Paccard et pouvant se traduire par une perte de 100 millions d’euros.
La découverte de ces irrégularités est survenue après le limogeage du PDG de Sagem DS, Jacques Paccard, lors de l’assemblée générale du 20 novembre. Des fichiers informatiques tenus par l’ex-directeur financier licencié, qui avaient été effacés ont pu néanmoins être reconstitués. Les faits ont été constatés lors d’une enquête interne menée à l’aide d’un cabinet d’audit, en liaison avec des commissaires aux comptes. Des rapports d’audit ont conclu en avril à des « erreurs (…) des appréciations erronées (…) un non respect, dans certains cas délibéré des règles », mais sans évoquer de délit.
M. Paccard estime que depuis, Safran « a fait semblant de négocier », et il réclame « les indemnités prévues par le droit du travail, pas un parachute doré ». Vaste sujet … Nous arrivons enfin au « coeur » du problème . Le cas « Noël Forgeard » aurait fait des émules et … susciter des vocations face à la légilsation en vigueur que Nicolas Sarkozy avait un temps promis de revoir en profondeur.
Une première audience est prévue au tribunal de commerce le 11 septembre. Les plaidoiries en diffamation doivent avoir lieu le 12 octobre devant la 17e chambre correctionnelle de Paris, et les prud’hommes devraient trancher à la fin 2007.
Le groupe français de haute technologie a également déposé une plainte contre Jacques Paccard, pour « abus de biens sociaux« , après le licenciement de trois de ses collaborateurs. La plainte a été déposée le 29 novembre auprès du tribunal de grande instance de Paris. Le dépôt de plainte fait suite au licenciement du directeur financier, d’une assistante et d’un chef comptable – auxquels ont été octroyés 4 années et demie de salaire chacun. Ces licenciements sont intervenus entre le moment où M. Paccard a été limogé en tant que directeur de la branche Défense Sécurité de Safran et celui où il a été démis de ses fonctions de PDG de Sagem Défense Sécurité.
Mr Paccard avait alors souligné que le licenciement du directeur financier était « la conséquence directe » de son propre licenciement. « Le directeur financier a été à l’origine des prévisions financières qui m’ont ensuite été reprochées comme manquant de fiabilité », a-t-il justifié.
Les anciens Sagem estiment pour leur part que si M. Béchat persiste à vouloir rester à la tête du directoire jusqu’en mai 2008 « beaucoup diront qu’il y va du respect de la parole donnée, cela devrait s’imposer aux représentants de l’Etat sinon il y aura un retour des divisions dans le conseil de surveillance ».
L’Etat, principal actionnaire (30,8% du capital et 39% des droits de vote) compte quatre représentants sur 18 au conseil de surveillance, les personnalités qualifiées et actionnaires salariés (environ 20¨% des actions) se répartissent à peu près à égalité entre les proches de Snecma et ceux de Sagem.
Jean-Paul Béchat a indiqué il y a un mois qu’il resterait « évidemment » si le conseil de surveillance « le lui demande ». « Le contexte est très différent (de décembre 2006), (…) tout le monde est convaincu que le vrai problème n’était pas Béchat mais les comptes », a-t-il ajouté.
Source : AFP
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