Liban : explosion à Beyrouth, affrontements dans le Nord

Libannahr_al_baredUne explosion très violente a été entendue dimanche à 23H45 locales (20H45 GMT) à Beyrouth. Il s’agit du premier évènement de ce type dans la capitale libanaise depuis plusieurs mois.

Il intervient après de violents combats au Liban nord entre l’armée libanaise et un groupe islamiste palestinien Fatah al-Islam.

Des vicitimes sont à déplorer de part et d’autre, y compris parmi les civils.

L’explosion, accompagnée d’une épaisse fumée, a eu lieu dans le quartier à majorité chrétien d’Achrafié, dans un parking attenant à un grand centre commercial à proximité de l’église Mar Mitr, selon des sources sécuritaires.

L’explosion, qui serait due à un engin piégé placée sous une voiture, a été entendue dans tous les quartiers de la capitale et à des dizaines de kilomètres à la ronde, selon divers témoignages.

Une femme de 63 ans a été tuée et dix autres personnes ont été blessées,  ont indiqué à l’AFP un responsable des Forces de sécurité intérieure (FSI, gendarmerie) et des sources hospitalières

Des véhicules militaires sillonnaient les rues de Beyrouth toutes sirènes hurlantes en direction du quartier où a eu lieu l’explosion.

Parallèlement à cela, quarante personnes, 23 militaires, 15 islamistes et deux civils, ont été tuées dimanche dans les combats entre l’armée et des extrémistes du Fatah al-Islam, dans le nord du Liban. Pour rappel, Fatah al-Islam est un groupuscule palestinien réputé proche d’Al-Qaïda et des services de renseignements syriens. Cette milice islamiste puissamment armée est basée dans le camp palestinien voisin de Nahr al-Bared.

Dans la nuit de samedi à dimanche, les forces de sécurité libanaises ont donné l’assaut à un immeuble abritant des membres de Fatah al-Islam, soupçonnés de braquages de banque, dans la ville de Tripoli. En fin d’après-midi, trois hommes du groupuscule restaient retranchés dans des bâtiments du centre-ville. L’armée libanaise a tenté à plusieurs reprises de les déloger: en vain, le commando semblait équipé de ceintures d’explosifs.

Mais c’est au camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, hors de la ville, que les combats les plus durs se sont déroulés. A quatre heures du matin, des hommes de Fatah al-Islam ont attaqué un chekh-point de l’armée libanaise, qui garde l’entrée du camp, en représailles à la descente de la police. Immédiatement, l’armée libanaise, qui stationne tout autour, a bombardé les positions de Fatah al-Islam, sans toutefois pénétrer dans le camp. Les tirs, parfois à l’arme lourde, se sont poursuivis toute la journée tandis que des renforts blindés de l’armée affluaient vers Tripoli.

Parmi les quinze combattants du groupuscule palestinien décédés, dix d’entre eux ont été tués dans un immeuble à Tripoli où ils étaient encerclés, et cinq à la lisière du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared. Les deux civils décédés, un Libanais et un réfugié palestinien, ont péri dans les affrontements à Tripoli et à Nahr al-Bared, où sont retranchés les combattants islamistes. Une accalmie, ponctuée de temps à autres de tirs d’artillerie, régnait en soirée autour du camp, qui était encerclé par l’armée libanaise.

Un porte-parole du Croissant rouge palestinien a indiqué que quatre blessés avaient pu être évacués du camp à la faveur d’un retour au calme. En outre, plus de trente militaires, 16 policiers, sept civils libanais et environ 40 réfugiés palestiniens ont été blessés, selon différentes sources.

Le Premier ministre libanais Fouad Siniora a accusé dimanche le groupe extrémiste palestinien Fatah al-Islam « de vouloir porter atteinte à la paix civile », en s’attaquant aux forces de sécurité dans le nord du Liban. « Les coups portés par Fatah al-Islam contre l’armée libanaise sont un crime prémédité et une tentative dangereuse de déstabilisation« , a ajouté M. Siniora, appelant le peuple libanais à « resserrer les rangs derrière l’armée et les Forces de sécurité intérieures » (FSI).

Les « Forces du 14 mars », qui rassemblent la majorité antisyrienne, ont tenu une réunion sous la présidence du député Saad Hariri et proclamé leur appui au gouvernement, à l’armée et aux FSI, selon un communiqué. Le leader druze et député Walid Joumblatt, figure de cette majorité antisyrienne, a dénoncé une « vile attaque » et des « tentatives de déstabilisation du Liban ».

De son côté, le président Emile Lahoud, considéré comme un proche de Damas, a demandé aux « instances judiciaires d’enquêter » sur « les personnes arrêtées afin de déterminer la partie qui est derrière eux, et l’objectif de leurs agressions ». M. Lahoud a également demandé aux Libanais de « coopérer avec la justice et les forces de l’ordre pour ramener le calme ».

Le général chrétien Michel Aoun, figure de proue de l’opposition, a réclamé quant à lui « le départ du gouvernement (..) face à la progression des activités des organisations terroristes sur notre sol ».

Le Hezbollah chiite, principale force de l’opposition, a « condamné toute agression qui vise l’armée libanaise, les forces de sécurité et qui menace la sécurité, la stabilité et la paix civile« . Le président du Parlement Nabih Berri, du parti chiite Amal, également membre de l’opposition, a aussi condamné ces attaques.

Pour sa part, cheikh Mohammad Kabbani, mufti de la République, la plus haute autorité religieuse de l’islam sunnite au Liban, a condamné l' »agression » commise par « des hors-la-loi, qui se réfèrent à l’islam mais qui dénigrent ses principes ». Enfin, les organisations palestiniennes membres de l’OLP, ou pro-syriennes, dont le Hamas, ont dénoncé dans des communiqué un « phénomène étranger à la réalité palestinienne« .

Sources : AFP

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(7 commentaires)

  1. Une femme tuée et dix blessés dans l’explosion de Beyrouth
    BEYROUTH – Une femme de 63 ans a été tuée et dix autres personnes ont été blessées, dans l’explosion dimanche soir dans le quartier chrétien d’Achrafié à Beyrouth, ont indiqué à l’AFP un responsable des Forces de sécurité intérieure (FSI, gendarmerie) et des sources hospitalières.
    « Une femme de 63 ans, Leila Moqbel, est décédée », a indiqué à l’AFP un officier des FSI.
    Par ailleurs, dix personnes ont été blessées et transportées dans deux hôpitaux du quartier d’Achrafié, selon des sources hospitalières.
    L’officier des FSI n’a pas exclu que l’explosion soit due à un engin piégé placé dans un terrain vague qui sert de parking, près d’un grand centre commercial dans le quartier résidentiel d’Achrafié.
    (AFP / 20 mai 2007 23h51)

  2. Source : ats
    « Il y avait un engin explosif soit sous une voiture soit près d’une voiture », a-t-on déclaré de même source, en ajoutant que l’explosion s’était produite dans le parking d’un centre commercial du quartier chrétien d’Achrafié, dans l’est de Beyrouth.
    La victime a été tuée par l’effondrement d’un mur de sa maison, située près de ce centre commercial. Des témoins ont fait état de six personnes blessées par des éclats de verre.

  3. Il est vrai que le fait que Chirac soit « hébergé » par la famille Hariri est d’autant plus « symbolique  » ..

  4. Extrait de Le temps.ch
    ————————
    Nahr al-Bared, où vivent 40000 Palestiniens, est l’un des douze camps palestiniens du Liban.
    Les islamistes radicaux de Fatah al-Islam, estimés à quelque 200 activistes, y ont fait leur apparition en novembre dernier, au grand dam du Fatah local, représentant officiel des Palestiniens.
    Ce groupe, à l’idéologie salafiste djihadiste, est très hétéroclite: on y trouve d’anciens membres du Fatah-Intifada, un groupuscule palestinien d’obédience syrienne, des activistes islamistes palestiniens et libanais dont certains membres de Jound al-Cham, un groupuscule salafiste présent au camp palestinien d’Aïn al-Héloué, près de Saïda, et enfin des djihadistes arabes, notamment saoudiens, rentrés d’Irak ou en partance pour là-bas.
    Tout en niant avoir des liens avec Al-Qaida, le chef de Fatah al-Islam, Chaker al-Habsi, ne cache pas sa sympathie pour l’idéologie d’Oussama Ben Laden.
    Le groupuscule ne cesse d’intriguer les observateurs, d’abord par son manque de discrétion, ensuite par son armement conséquent (il possède notamment des lance-roquettes).
    Le gouvernement libanais accuse la Syrie d’avoir facilité l’installation de ce groupe destiné à servir de source de déstabilisation.
    La ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad, attribue les combats d’hier, les plus violents depuis des années dans le nord du Liban, au dépôt d’un projet de résolution au Conseil de sécurité imposant un tribunal international pour juger le meurtre de l’ex-premier ministre Rafic Hariri, souvent attribué à Damas.
    Fatah al-Islam a été notamment accusé, sans preuve très convaincante, d’avoir trempé dans un attentat anti-chrétien, il y a deux mois: il demeure que la présence d’extrémistes sunnites dans le très fragile édifice confessionnel libanais inquiète au plus haut point.
    La Finul, qui compte plus de 10000 Casques bleus (dont des Français, des Espagnols, des Italiens, etc.) au Sud-Liban depuis la guerre entre Israël et le Hezbollah de l’été dernier, est aussi sur ses gardes, depuis qu’Ayman al-Zawahiri, le bras droit de Ben Laden, a appelé à des attentats contre elle.
    Dimanche, Saad Hariri, le chef de la majorité parlementaire, a appelé le gouvernement à prendre «une décision catégorique vis-à-vis de ces manifestations terroristes».
    Le gouvernement, qui doit se réunir aujourd’hui, pourrait demander à l’armée d’entrer dans le camp de Nahr al-Bared pour désarmer Fatah al-Islam.
    Ce serait une première depuis la fin de la guerre civile, en 1990, dans laquelle les Palestiniens ont été largement impliqués. Par accord tacite, l’armée libanaise ne pénètre pas dans les camps palestiniens.
    Alors que depuis deux ans, et encore plus après la guerre de l’été dernier, tout le débat politique libanais tourne autour de la question du désarmement du Hezbollah, la «question palestinienne» vient de se rappeler brutalement aux Libanais.

  5. Nouvel attentat à la bombe à Beyrouth: dix blessés
    BEYROUTH – Dix personnes ont été blessées dans un attentat à la bombe qui a secoué lundi soir un quartier à majorité musulmane de Beyrouth, le second en 24 heures à frapper la capitale libanaise, selon un nouveau bilan obtenu de sources hospitalières.
    La violente explosion a été provoquée par une charge de 10 kg placée sous une voiture garée devant un centre commercial, proche du centre culturel russe, dans le quartier huppé de Verdun, dans l’ouest de Beyrouth, selon des sources policières.
    Des ambulances, toutes sirènes hurlantes, se sont dirigées vers le lieu de l’explosion, au dessus duquel planait un épais nuage de fumée.
    L’attentat a provoqué d’importants dégâts. Des voitures ont été détruites et des incendies se sont déclarés, dont l’un a enflammé un étage du centre commercial, alors que les façades de deux autres immeubles ont été dévastées.
    Les pompiers tentaient d’éteindre les flammes à grands jets de lance à incendie.
    Le quartier de Verdun est situé à quelques centaines de mètres du lieu de résidence du président du Parlement et un des chefs de l’opposition, le chiite Nabih Berri. Les anciens Premier ministres, Omar Karamé et Najib Miqati, originaires de Tripoli au Liban nord, séjournent également dans ce quartier lorsqu’ils se rendent à Beyrouth.
    Cette explosion survient au lendemain d’un attentat à la bombe à Achrafiyé dans l’est de la capitale à majorité chrétienne, qui a fait un mort et dix blessés, également près d’un centre commercial très fréquenté.
    La nouvelle explosion s’est produite au moment où le ministre libanais de l’Information, Ghazi al-Aridi, lisait au siège du gouvernement un communiqué du conseil des ministres qui a duré plus de quatre heures et était en grande partie consacré à la situation dans le nord du pays.
    Dans cette région, des affrontements opposent depuis dimanche l’armée libanaise aux combattants islamistes du groupe Fatah al-Islam qui se sont retranchés dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared. Ces combats ont fait au total 58 morts.
    Face aux siège du camp par l’armée libanaise, Fatah al-Islam, accusé d’être lié à Al-Qaïda et aux renseignements syriens, a menacé lundi de porter ses attaques « hors de Tripoli », la grande ville du nord du Liban voisine du camp où les heurts avaient éclaté la veille.
    « L’armée ne tire pas seulement sur nous. Elle se livre à des bombardements aveugles. Si cela se poursuit, nous porterons la bataille hors de la ville de Tripoli », a averti Abou Salim Taha, un porte-parole de Fatah al-Islam.
    Cependant aucun lien ne pouvait être établi dans l’immédiat entre les combats au Liban nord et les attentats de Beyrouth.
    Ces affrontements ont soulevé de nouvelles craintes sur la stabilité du Liban, enlisé dans une profonde crise politique liée au projet de tribunal spécial à caractère international pour juger les assassins de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué dans un attentat à Beyrouth en février 2005.
    (©AFP / 21 mai 2007 23h08)

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