Les Présidents de région vont encore plus loin, si 8 d’entre eux, élus à tendance socialiste, avaient élaboré l’ébauche d’un courrier qu’ils envisageaient d’adresser au Premier ministre, ils ont désormais écrit à Dominique de Villepin pour lui demander l’organisation d’une réunion de travail concernant le plan de restructuration Power8.
A noter que Ségolène Royal fait bien entendu partie des élus régionaux qui ne comptent bien ne pas rester les bras croisés face au problème d’Airbus. Un poste de ministre de l’Industrie pourrait bien tenter une des chefs de file de cette « mouvance » : Martin Malvy, Président de la région Midi Pyrénées. En tout état de cause, il est d’ores et déjà certain que toute l’économie de sa région risque de cruellement souffrir des déboires actuels d’Airbus et des mesures prises concernant salariés, intérimaires et sous-traitants. Même si son engagement n’est pas totalement neutre, on ne peut lui reprocher de défendre certes ses intérêts, mais ceux également de ses administrés.
Huit présidents PS de Régions ont écrit au Premier ministre pour lui demander l’organisation d’une réunion de travail afin qu’il indique « avec précision les impacts de ce plan de restructuration« .
Ces présidents de Région souhaitent qu’à l’occasion de cette réunion Dominique de Villepin indique « le rôle que l’Etat doit jouer pour préserver l’emploi et l’avenir de cette filière stratégique, y compris en ce qui concerne l’évolution du capital d’EADS, auquel les régions pourraient être intéressées ».
Il est vrai que les huit élus ont plus que raison de s’inquiéter de l’actionnariat d’EADS. N’oublions pas que le Qatar s’avoue intéressé par une entrée dans le capital du constructeur tandis que la Russie y possède déjà une part qu’elle compte bien augmenter. Mais fait plus inquiétant, la presse russe rappelle d’entrée à ce sujet que le Qatar et la Russie pourraient créer prochainement une Opep du gaz… et que donc les deux pays ont des projets commun au delà de la création du cartel gazier. Imaginez le pouvoir que pourrait avoir une telle structure réunissant Qatar et Russie si les deux gouvernements arrivaient à obtenir à eux deux une part de blocage dans le capital d’Airbus … l’Union Européenne étant fortement dépendante de ses approvisionnements en gaz russe, comme nous l’avons vu récemment lors du conflit avec la Biélorussie.
Dans un premier document de travail, dont une copie avait été adressée et diffusée mais qui n’avait pas été expédiée au Premier ministre, ils demandaient à M. de Villepin dans quelles conditions ces Régions pourraient entrer dans le capital d’EADS.
« Si les régions allemandes entrent au capital d’Airbus en recherchant des parts cédées par Daimler Chrysler, les régions françaises doivent pouvoir en faire autant », estiment les présidents des régions Midi-Pyrénées, Loire, Picardie, Aquitaine, Centre, Ile-de-France Poitou-Charentes et Provence-Côte d’Azur. « La violence de cette restructuration contraste avec les réactions du gouvernement, qui semble toujours ne pas prendre la mesure de l’impact », écrivent les élus de ces régions particulièrement touchées par le plan de restructuration Power8 dévoilé mercredi à Toulouse.
M. Malvy a évoqué une prise de participation de 5 à 10% (entre 1 et 2 milliards d’euros), une initiative qui nécessite un décret en Conseil d’Etat, selon le code général des collectivités territoriales. Ségolène Royal a envisagé aussi une autre solution: la possibilité pour les régions « d’intervenir au niveau de la trésorerie » par « des prêts à taux préférentiel » à Airbus ou par « une garantie d’emprunts ».
La candidate a dit partager l’avis du numéro 1 de la CGT Bernard Thibault: Airbus a un carnet de commandes rempli, il fait des bénéfices, « on ne va pas faire payer les salariés au motif qu’il existe un problème de trésorerie », a-t-elle protesté. L’initiative des régions, selon Mme Royal, est à la fois « une façon de dénoncer l’inertie gouvernementale », d' »obliger le gouvernement à se positionner » et de « faire une proposition constructive ». Il s’agit de s’appuyer sur « un rapport de forces politiques » au moment où « les salariés vont se mettre en mouvement », avec un arrêt de travail mardi, a-t-elle expliqué, tout en disant son refus d' »instrumentaliser le problème des salariés ».
« Vos propos garantissant l’absence de licenciements secs constituent un véritable maquillage de la réalité », poursuivent les signataires de la lettre, qui rappellent que « Louis Gallois lui-même a annoncé que ceux-ci porteraient pour 50% sur les personnels des sous-traitants +in situ+ qui ne bénéficient pas de la protection d’Airbus et que, pour ce qui est d’Airbus, la garantie annoncée ne jouerait que si le nombre de départs volontaires étaient suffisants ». Les huit présidents de Régions estiment « insignifiants » les montants des aides à la filière aéronautique annoncés par Dominique de Villepin à Toulouse le 14 novembre dernier et dénoncent le fait que « le gouvernement n’annonce aujourd’hui aucune mesure nouvelle pour soutenir la filière, défendre l’emploi, et pérenniser les sites industriels menacés ».
Pour ces présidents des Régions « d’autres décisions relatives à l’implication d’EADS dans l’aéronautique risquent d’être annoncées ultérieurement« .
En comparant avec « la réactivité allemande » qu’ils qualifient de « plus forte, plus précise et plus franche », ces présidents de Conseils régionaux déclarent que « (leurs) collectivités veulent contribuer à l’étude de solutions à même d’assurer et de renforcer l’activité de l’entreprise ». « Même si elles ne disposent pas, à l’évidence, des mêmes moyens que les Länder », ajoutent les co-signataires du texte.
Samedi, l’un des co-signataires, Martin Malvy (Midi-Pyrénées) a été chargé par ailleurs par Ségolène Royal, présidente de Poitou-Charentes et candidate à l’élection présidentielle, « de créer et d’animer un groupe stratégique de réflexion » sur la filière aéronautique. Le plan Power8 prévoit notamment la suppression de 10.000 emplois au cours des quatre prochaines années, 4.300 en France, 3.700 en Allemagne, 1.600 en Grande-Bretagne et 400 en Espagne, afin de réaliser 5 milliards d’euros (6,58 milliards de dollars) d’économie d’ici à 2010.
Source : AFP
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Pour rappel sur Malvy
http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Malvy
Fonctions et mandats nationaux
De 1978 à 1984 puis de 1986 à 1992 et de 1993 à 1998 : Député PS du Lot
De 1981 à 1983 : Vice-président de l’Assemblée Nationale
En 1984 : Président de la délégation chargée des problèmes d’information sur l’Assemblée et Président du Comité consultatif de l’utilisation de l’énergie
De 1984 à 1986 : Secrétaire d’
8 régions au capital de EADS, oui c’est beau, c’est grand, c’est fort. C
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Airbus: Raffarin opposé à un « pouvoir stratégique » donné aux régions
AFP 04.03.07 | 20h10
Jean-Pierre Raffarin s’est déclaré dimanche favorable à un « contrat spécifique » Etat-régions dans le dossier d’Airbus mais opposé à l’entrée de ces régions dans le capital de l’avionneur comme le propose notamment la candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal. « Je pense qu’il serait utile, mais c’est au gouvernement d’apprécier, de bâtir un contrat spécifique Etat-régions sur ce sujet, mobilisant les moyens des régions par exemple pour la formation, les reclassements, pour tout ce qui est l’accompagnement social », a déclaré l’ancien Premier ministre au Grand rendez-vous Europe 1/TV5 Monde/Le Parisien. En revanche, s’agissant de l’entrée dans le capital de ces régions, il s’y est montré défavorable, estimant qu’une région « n’est pas faite pour diriger une entreprise ». Il ne faut « certainement pas de donner un pouvoir stratégique aux régions », a-t-il estimé. « Déjà avec deux Etats, nous avons un certain nombre de difficultés. Si on ajoute huit régions françaises et je ne sais pas combien de Länder allemands, on aurait là un pouvoir qui serait dispersé, une stratégie qui serait éclatée », a argué M. Raffarin. « S’il y a bien quelqu’un qui peut sauver Airbus, c’est plus M. (Louis) Gallois et son plan industriel que Mme Royal et ses promesses politiques (…) Les improvisations de Mme Royal conduisent à l’inquiétude des salariés », a affirmé le sénateur de la Vienne.