L’Opep aurait-t-elle enfin réussi à arriver à ses fins ? Les nouvelles déclarations du cartel allant vers un matérialisation de plus en plus concrète des réductions de production semblent en effet avoir porté les fruits.
Le recul des stocks de produits distillés aux Etats-Unis – inquiétant d’autant plus les marchés que l’hiver approche – ont pu aussi avoir une incidence sur le cours qui a progressé de plus d’un dollar jeudi pour passer au-dessus de 61 dollars le baril.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de « light sweet crude » pour livraison en décembre est monté de 1,33 dollar pour clôturer à 61,16 dollars, après un pic à 61,33 dollars en séance, un plus haut depuis le 26 octobre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a progressé de 1,73 dollar à 61,32 dollars. Selon les analystes, la hausse des cours serait due en grande partie aux réductions effectives des pays membres de l’Opep, renforcées par des déclarations du cartel.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Naimi a indiqué lundi que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, après avoir décidé de réduire en novembre sa production d’1,2 million de barils par jour, « pourrait procéder à de nouvelles baisses en décembre ». M. Al-Naimi a par aillleurs indiqué que le marché était sur-approvisionné et le niveau des stocks trop élevé. Ses propos ont fait écho à ceux du président du cartel, Edmund Daukoru, qui a jugé lundi les prix du brut « trop bas » et averti que l’Opep pourrait procéder à une nouvelle réduction de production le mois prochain.
Ali al-Nouaïmi est considéré comme le chef de file du cartel, sa position renforçant le poids de ses propos, qui ont atténué en conséquence le scepticisme du marché sur la baisse effective des volumes produits. Jusqu’ici, la majorité des opérateurs du marché jugeait en effet que l’Opep ne mettrait pas entièrement en oeuvre la réduction de production de 1,2 million de barils par jour décidée en octobre, et qu’elle aurait du mal à mettre ses membres d’accord pour en décider une autre en décembre.
Les cours avaient déjà grimpé d’environ un dollar mercredi, après l’annonce d’une régression plus nette que prévue des stocks de produits distillés la semaine dernière aux Etats-Unis. Ces stocks comprennent le fioul de chauffage, capital pour l’hiver à venir. Outre les produits distillés, les réserves d’essence ont reculé de 600.000 barils la semaine dernière aux Etats-Unis, et celles de brut ont progressé de 400.000 barils quand les analystes tablaient sur une hausse de 750.000. Les stocks de gaz naturel ont également diminué davantage que prévu jeudi.
Mais l’annonce d’une diminution de l’excédent de stocks de brut par rapport à l’an dernier et ce pour la troisième semaine consécutive pourrait signifier que la marge de sécurité du marché s’amoindrit. De plus, les réserves de pétrole ont baissé de 27 millions de barils au cours des quatre dernières semaines, soit près d’un million de barils par jour, même avant que la baisse de production annoncée par l’Opep puisse avoir un effet. Le DOE estime que si la demande de pétrole continue d’augmenter au rythme prévu par le ministère au cours des prochains mois, les réserves devraient continuer à baisser plus rapidement que d’ordinaire en cette saison.
Certains analystes estiment quant à eux que tous les éléments se conjuguent pour faire monter les prix : l’Opep ne pouvant véritablement se permettre d’accepter une nouvelle baisse des cours, la situation politique au Moyen-Orient – plus importante région productrice du monde – restant à un niveau de sensibilité extrême et l’économie mondiale ne montrant pas de signe d’affaiblissement.
Selon la plupart des analystes, aucun impact majeur de la victoire des démocrates ne serait à craindre sur le marché du pétrole. Ils demeurent néanmoins prudents face à la possibilité d’une inflexion de la politique étrangère au Moyen-Orient et à ses implications éventuelles sur la production d’or noir. De plus, l’éventuel assouplissement de la politique étrangère des Etats-Unis envers cette région très fortement exportatrice de pétrole pourrait réduire la prime de risque sur les cours du brut.
A plus long terme, certains analystes soulignaient cependant qu’une victoire des démocrates au Congrès pourrait avoir un effet haussier sur les cours. En effet, davantage d’enquêtes pourraient être menées au sein des compagnies pétrolières, qui -selon les dires de certains – « dépenseraient ainsi leur temps et leur argent à répondre à ces enquêtes eu lieu de procéder à des investissements ». Une éventuelle victoire des démocrates à la présidentielle de 2008, de nature à concrétiser le retrait américain d’Irak pourrait avoir également comme conséquence une hausse des cours.
Source : AFP
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