Compte-tenu des rapports très intimes entre Iran et Russie, la « chose » n’est pas du tout surprenante, enfin si on ne s’arrête pas aux discours officiels : le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé ainsi samedi Occidentaux et Iraniens à faire preuve de « bonne volonté » pour trouver un terrain d’entente sur la proposition faite par les Six dans le dossier nucléaire iranien, ont rapporté les agences russes.
Pour ma part, je reste convaincue que Russie, France, Japon pourraient bien créer un consortium pour répondre aux besoins de l’Iran concernant l’enrichissement d’uranium… beaucoup d’élements – à savoir d’intérêts économiques – coïncident. L’appel russe ne serait alors qu’une invitation à aller plus loin dans les négociations.
Quant aux rapports entre l’Iran et les pétroliers texans, le livre de Sébastien Spitzer qui vient de paraître – Ennemis intimes – nous éclaire longuement sur le sujet… et sur le fait que l’arrivée d’Ahmadinejad à la Présidence iranienne a eu pour conséquence de mettre un frein aux activités du pétrolier américain Halliburton – via joint-venture discrète – sur l’immense champ gazier iranien de Pars South. La pièce du puzzle qui manquait …
I – Relance des pourparlers en vue
« Dans les jours à venir, nous allons poursuivre nos contacts avec les Six, qui ont proposé à l’Iran des idées qui servent de fondement à un début de négociations », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères après la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le négociateur en chef du nucléaire iranien Ali Larijani.
« L’Iran a répondu à ces propositions, et nous pensons, qu’en faisant preuve de bonne volonté, il y a une possibilité, à partir de la proposition des Six et en tenant compte de la réponse de l’Iran, de trouver des bases acceptables par tous pour une relance des pourparlers », a ajouté M. Lavrov, cité par l’agence Interfax. Le ministre russe faisait référence à la dernière proposition des Six (les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) qui prévoit notamment des incitations économiques en échange d’une suspension des activités d’enrichissement d’uranium du régime iranien.
En juillet, les Six avaient donné une date limite à l’Iran pour accepter leurs propositions sous peine de sanctions. La résolution 1696 du Conseil de sécurité avait ensuite donné jusqu’au 31 août à l’Iran pour suspendre l’enrichissement d’uranium, concession que Téhéran a toujours combattue.
II – Vers un consortium France-Russie-Japon ?
Entre nous, que feriez-vous si vous étiez un pays soit dépendant très fortement de ses importations d´hydrocarbures, tel le Japon, soit souhaitant – telle la France – mettre en avant ses groupes énergétiques (Total et GDF)…
… alors que l’Iran – bien que montré officiellement du doigt – vous offre la possibilité pour l’un de satisfaire vos immenses besoins d’approvisionnement (via l’exploitation de l´immense champ pétrolier d‘Azadegan) et pour l`autre d’obtenir de mega contrats sur l’un des champs gaziers les plus importants au monde (Pars South).
Alors que l’Iran a appelé depuis maintenant plus d’un an à l’investissement dans le nucléaire civil – réitirant même récemment ses propos – France et Japon ne seraient-ils pas tentés de créer un consortium pour répondre à sa demande, alors que leur compagnie nationale réciproque spécialisée dans le nucléaire viennent juste de s’accorder, à savoir AREVA, pour la France, Mitsubishi pour l’autre ? Les « clefs » d’Azadegan pourraient bien être l’enjeu de la bataille pour le Japon, ceux de Pars South pour la France.
Areva et Mitsubishi Heavy Industries ont récemment annoncé vouloir créer une alliance pour la réalisation d’un réacteur nucléaire de 3ème génération de 1.000 MGW et de nouveaux types de réacteurs nucléaires. Les deux groupes veulent coopérer dans l’approvisionnement, les services, le cycle combustible et d’autres domaines. Le partenariat devrait permettra d’abaisser les coûts de développement, d’achat de pièces, de conception et d’ingénierie. Les deux groupes disent s’allier pour développer des réacteurs à eau pressurisée, qui représentent environ 70% du marché mondial.
Deux problèmes majeurs pourraient bien cependant freiner leurs « initiatives » : les difficultés de mise en oeuvre d’un consortium, et la position des USA.
Mais même sur ces points, n’ayez crainte, tout pourrait s´arranger. Tout d’abord, parce que la Russie est d’ores et déjà associée à l’Iran sur le sujet, et que – comble de chance – AREVA est en train d`approfondir ses relations déja bien engagées avec Rosernegoatom.
En effet, le groupe nucléaire russe et la société franco-allemande Areva NP étudient les perspectives de leur coopération dans un avenir proche, a rapporté il y a peu Rosernegoatom. Le comité de coordination des deux entreprises s’est réuni récemment sur le site nucléaire Volgodonskaïa pour discuter du bilan de la coopération et de son développement ultérieur dans le cadre du programme conjoint ad hoc. La réunion précédente avait eu lieu le 4 mars dernier à Avignon. Notons au passage que l’Allemagne avec laquelle la Russie s’est accordée dans le cadre du gazoduc Nord Européen n’aurait pas été oubliée.
En ce qui concerne les USA, ils pourraient se montrer au final plus conciliants sur le dossier iranien, si Westinghouse concluait ce mega-contrat prometteur avec la Chine, sur lequel AREVA pourrait bien se retrouver bredouille.
Le fait que l’américain Shaw Group ait pu obtenir une part de 20 % lors de la cession de Westinghouse à Toshiba, pourrait également arranger les choses. Pour rappel, le groupe japonais avait annoncé en janvier l’acquisition de 100% du constructeur américain de réacteurs nucléaires.
Mine de rien, Japon et France, ou plutôt Mitsubishi et AREVA auraient ainsi fait une concession aux USA via Westinghouse …
Sources : AFP, « Ennemis Intimes » de Sébastien Spitzer, Ria Novosti
Extremement contente que ma « supputation » soit offerte à nombre de lecteurs de Google News .
L’Iran demande l’aide de l’AIEA pour son programme de recherche nucléaire
VIENNE, 13 nov 2006 (AFP)
L’Iran a demandé à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de lui fournir son assistance pour la construction d’un réacteur nucléaire de recherche à eau lourde en dépit des appels au gel de ce programme, ont déclaré lundi des diplomates à l’AFP.
« L’Iran a demandé à l’AIEA de lui fournir une assistance technique et un financement pour l’achèvement et l’exploitation d’un réacteur à eau lourde sur son site d’Arak », à environ 200 km au sud de Téhéran, a dit un diplomate occidental désirant conserver l’anonymat.
Cette question doit être abordée par le comité d’assistance technique de l’agence de sûreté nucléaire des Nations unies la semaine prochaine avant une réunion du conseil des gouverneurs de l’AIEA prévue à Vienne les 23 et 24 novembre, a confirmé une autre source diplomatique.
L’AIEA et le Conseil de sécurité de l’ONU ont demandé sans succès à l’Iran de renoncer à construire ce réacteur de recherche, dont la filière à eau lourde peut aboutir à la production de plutonium à usage militaire.
« Beaucoup de pays représentés au conseil des gouverneurs sont d’avis que nous ne devrions pas soutenir un projet dont le conseil a souhaité à plusieurs reprises le gel », a affirmé le premier diplomate.
Cependant, selon le second expert, l’AIEA pourrait se résigner à offrir une assistance partielle en matière de sécurité.
« L’AIEA ne veut en aucune façon encourager la construction de cette installation et ne fournira aucune aide en matière de conception ou de construction », a assuré cette source. « Mais ils (les Iraniens) la construisent de toute façon et l’AIEA pourrait accepter de vérifier ses éléments de sécurité afin d’en limiter au moins les risques », a précisé ce diplomate.
Une source iranienne a estimé lundi dans le journal Etemad-Melli à Téhéran qu’il est « du devoir de l’AIEA de fournir une assistance en matière de sécurité » dans ce domaine
MOSCOU, 13 novembre – RIA Novosti.
L’aiguille de la boussole politique de l’Iran est de nouveau pointée sur Moscou. Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Larijani, a même obtenu une entrevue, à Moscou, avec le président Vladimir Poutine. Et cela en pleines consultations au Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution lourde de sanctions contre Téhéran en raison de son programme nucléaire.
Au terme des pourparlers avec le président qui ont suivi des entretiens avec le secrétaire du Conseil de sécurité nationale russe, Igor Ivanov, et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, l’émissaire iranien a fait plusieurs déclarations notables qui permettent de parler d’un adoucissement des rapports entre Moscou et Téhéran, après le refroidissement conditionné par l’obstination des Iraniens lors des négociations. Une chance est apparue, quoique illusoire, de résoudre par des moyens pacifiques le conflit provoqué par le programme nucléaire de l’Iran.
Ce n’est pas au Kremlin que Poutine a reçu la délégation iranienne mais dans sa résidence de Novo-Ogarevo, dans les environs de Moscou. La pratique journalistique suggère que c’est là un signe de sympathie. Le journal iranien Tehran Times annonce que les invités ont remis à Vladimir Poutine un message du président Mahmoud Ahmadinejad comportant une invitation à se rendre en visite à Téhéran avant la fin de l’année.
La Russie peut bloquer l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution sur l’Iran ou, au minimum, l’adoucir. L’idéal serait d’éviter qu’elle soit soumise au vote. Dans ce cas, Téhéran devrait faire des concessions. Les Iraniens, cherchant à éviter des sanctions, se montrent désireux de coopérer plus étroitement avec l’AIEA. On a appris hier soir, à la surprise générale, que Téhéran se disait prêt à faire appel à des inspecteurs internationaux pour renforcer la sécurité des travaux à l’usine de production d’eau lourde d’Arak.
A Moscou, Ali Larijani a affirmé la volonté de son pays de revenir à l’idée d’une coentreprise russo-iranienne d’enrichissement d’uranium. Il y a un an la Russie avait proposé d’enrichir de l’uranium sur son territoire mais les Iraniens avaient réagi à cette offre sans enthousiasme. Cependant, l’objectif principal n’est toujours pas atteint: Téhéran n’a pas arrêté ses opérations d’enrichissement d’uranium, pas même provisoirement. Par contre, généreux de compliments comme tous les orientaux, les Iraniens ont désigné la Russie « principal médiateur » lors des futures négociations sur leur programme nucléaire.