Alors qu’Areva et Iran se font mutuellement les yeux doux, le groupe japonais Toshiba, qui avait annoncé en janvier l’acquisition de 100% du constructeur américain de réacteurs nucléaires Westinghouse, a indiqué mercredi qu’il n’achèterait finalement que 77% et qu’il laisserait une part de 20% à l’américain Shaw Group et 3% au japonais IHI.
Parallèlement le Japon a « échoué » à conclure un contrat pétrolier de deux milliards de dollars pour exploiter un gigantesque champ pétrolifère en Iran, a indiqué mercredi un responsable iranien après la fin des négociations entre le japonais Inpex et l’Iran.
La Commission européenne a examiné quant à elle les conséquences de l’opération sur les marchés des assemblages de combustible nucléaire, où Westinghouse, Areva et GNF sont les plus gros fournisseurs mondiaux.
Pétrole et nucléaire semblent donc l’enjeu de somptueux accords ces temps-ci.
I – Toshiba acquiert 77 % de Westinghouse
L’organisme public britannique British Nuclear Fuels (BNFL) avait annoncé en février 2006 avoir signé le contrat de vente du groupe nucléaire américain Westinghouse au japonais Toshiba pour 5,4 milliards de dollars. BNFL avait choisi Toshiba en janvier au terme d’un appel d’offres remporté par le groupe japonais aux dépens, notamment, de son concurrent nippon Mitsubishi Heavy Industries et de l’américain General Electric.
L’opération sera bouclée courant octobre, après le feu vert définitif donné fin septembre par les autorités de la concurrence européennes et américaines, a fait savoir Toshiba dans un communiqué.
Le géant nippon ne paiera finalement « que » 4,158 milliards de dollars pour les 77% de Westinghouse, alors qu’il comptait à l’origine débourser 5,4 milliards pour acheter 100% du capital à BNFL. De nombreux analystes avaient alors estimé que ce prix était excessif.
Shaw Group versera pour sa part 1,08 milliard de dollars, et IHI (Ishikawajima-Harima Heavy Industries) 162 millions, a précisé Toshiba. Shaw est un spécialiste de l’ingénierie basé à Bâton Rouge en Louisiane. IHI est un fabricant d’appareils pour l’énergie et les transports déjà en affaires depuis longtemps avec Toshiba, auquel il fournit notamment des pièces pour centrales nucléaires.
Toshiba aurait choisi ces deux partenaires en raison de « leur stratégie d’affaires à long terme, de leur vision du marché partagée et des relations complémentaires ».
Le groupe japonais continuera à discuter d’éventuels partenariats avec d’autres entreprises. Il avait déjà annoncé en février son intention de ne détenir à terme qu’environ 51% de Westinghouse. Selon la presse japonaise, les grandes maisons de commerce nippones Marubeni et Mitsui sont sur les rangs pour acheter une participation significative.
Westinghouse, basé en Pennsylvanie, fournit les équipements utilisés dans près de la moitié des réacteurs nucléaires en service dans le monde. Sur les 103 réacteurs nucléaires actuellement en service aux Etats-Unis, 49 ont été construits par Westinghouse et 35 par son principal concurrent GE.
Toshiba est un fournisseur mondial d’équipements dans différents secteurs et livre également des instruments, des systèmes de contrôle et services post-installation à des exploitants de centrales nucléaires, en Asie essentiellement. Toshiba possède également une participation minoritaire dans le fournisseur d’assemblage de combustible nucléaire Global Nuclear Fuels (GNF), contrôlé par la société américaine General Electric (GE), le japonais Hitachi y détenant également une participation minoritaire.
Le rachat de Westinghouse va renforcer les compétences nippones dans le secteur des techniques nucléaires, alors que le gouvernement s’interroge sur la nécessité d’entretenir le savoir-faire atomique japonais d’ici 2030, date à partir de laquelle il faudra remplacer le parc actuel des réacteurs.
II – Commission européenne et incidence pour Areva
La Commission européenne a constaté que l’opération envisagée réunirait deux fournisseurs de centrales nucléaires et de produits connexes dont les activités sont, dans une certaine mesure, complémentaires, tant d’un point de vue technologique que géographique. Toshiba est surtout présent dans les centrales nucléaires qui fonctionnent avec des réacteurs dits à eau bouillante, en Asie essentiellement, alors que Westinghouse est spécialisé dans les réacteurs à eau pressurisée.
On en reparle , je réunis les pieces du puzzle au + tot :
Reuters le 19/10/2006 09h23
Alliance Areva/Mitsubishi Heavy dans le nucléaire
TOKYO (Reuters) – Areva et Mitsubishi Heavy Industries annoncent une alliance pour la réalisation d’un réacteur nucléaire de troisième génération de 1.000 mégawatts et de nouveaux types de réacteurs nucléaires.Les deux groupes veulent coopérer dans l’approvisionnement, les services, le cycle combustible et d’autres domaines. Le partenariat entre le numéro un mondial du nucléaire civil, détenu par l’Etat français, et le numéro un japonais de la mécanique permettra d’abaisser les coûts de développement, d’achat de pièces, de conception et d’ingénierie. Les deux groupes s’allient pour développer des réacteurs à eau pressurisée, qui représentent environ 70% du marché mondial.Comme leurs concurrents, Areva et Mitsubishi Heavy tablent sur un accroissement de la demande pour le nucléaire, en particulier en Chine, en Inde et aux Etats-Unis, en raison de la hausse de la demande d’énergie et du coût élevé du pétrole.
Le groupe nucléaire français Areva espère faire partie des entreprises sélectionnées pour développer le parc nucléaire de l’Afrique du Sud, qui veut se doter de plusieurs nouveaux réacteurs dans les prochaines années, a indiqué lundi à la presse un représentant du groupe. Selon Zéphirin Diabre, ancien ministre burkinabé des Finances et conseiller d’Areva pour les affaires internationales, Pretoria souhaiterait accroître d’ici 2022 de 40.000 mégawatts la capacité de production électrique du pays, actuellement aux alentours de 38.500 MW. Cela passerait en partie par un développement du parc nucléaire du groupe public sud-africain Eskom, qui ne compte qu’une seule centrale nucléaire à Koeberg (région du Cap), construite en 1985 par l’entreprise française Framatome (devenue depuis Areva). La ministre de l’Energie, Buyelwa Sonjica, citée par l’agence de presse sud-africaine, avait indiqué fin août que l’Afrique du Sud devrait augmenter sa production d’électricité d’origine nucléaire « d’au moins 5.000 MW » d’ici 2030, ce qui exige la construction de « quatre à six nouveaux réacteurs nucléaires ». Une perspective prometteuse pour Areva, qui espère devenir un « partenaire privilégié pour conduire le projet », a expliqué M. Diabre, venu participer à Johannesburg à un Forum d’entreprises France-Afrique du Sud. L’Afrique du Sud devrait décider en mars du groupe pré-sélectionné. Areva pourrait proposer à Eskom son dernier modèle de centrale EPR, d’une capacité de 1.500 MW, mais serait aussi prêt à fournir des centrales de taille plus réduite (1.000 MW), a-t-il expliqué. La présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, seule membre français du conseil d’investisseurs internationaux régulièrement réuni par le président sud-africain Thabo Mbeki, fait de fréquents voyages en Afrique du Sud. Première puissance économique africaine et organisateur de la Coupe du monde de football de 2010, l’Afrique du Sud fait face à une situation tendue en matière d’approvisionnement électrique, avec des coupures de plus en plus fréquentes au Cap ou à Johannesburg.
Compte tenu de l’exérience Sud Africaine dans le nucléaire civil et militaire et de la coopération très discrète depuis de nombreuses années entre la France et l’Afrique du Sud, AREVA semble très bien placé sur ce contrat.
Les grandes manoeuvres dans le nucléaire continuent :
Le groupe japonais d’électronique et d’industrie lourde Hitachi a annoncé lundi un partenariat avec le géant américain General Electric (GE) dans le domaine des réacteurs nucléaires. Hitachi et GE envisagent de créer des firmes communes de construction et de maintenance de centrales au Japon et aux Etats-Unis. Le groupe japonais cite notamment des synergies possibles avec GE dans le développement de réacteurs à eau bouillante (REB) de nouvelle génération. Les deux firmes ont pour l’instant signé seulement une lettre d’intention, mais devraient signer un accord contractuel début 2007, a précisé Hitachi dans un communiqué. Elles projettent de mettre en place au Japon une co-entreprise qui sera détenue à 80% par Hitachi et 20% par GE, ainsi qu’une société équivalente aux Etats-Unis dont Hitachi contrôlera 40% du capital, le reste revenant à GE. Ces nouvelles sociétés exploiteront l’expérience et les technologies de chaque partenaire pour développer « des nouvelles versions de réacteurs à eau bouillante, énergétiquement plus rentables », a expliqué Hitachi. Hitachi et GE ont été l’un ou l’autre impliqués dans la construction de 70% des 95 réacteurs à eau bouillante actuellement en service dans le monde. La réactivation de la construction de centrales nucléaires aux Etats-Unis, les besoins en Chine ainsi que le remplacement de réacteurs en fin de carrière dans plusieurs pays, dont le Japon, incitent les acteurs du secteur à se rapprocher pour atteindre une taille et une compétitivité suffisantes. Le géant de l’industrie lourde japonais, Mitsubishi Heavy Industries, a signé récemment un accord avec le groupe français Areva pour développer un réacteur de troisième génération de 1.000 mégawatts (MW), avec l’ambition de conquérir une partie du marché nord-américain. Il s’agit du premier et seul pacte de ce type jamais signé au Japon par un acteur non américain. Mitsubishi Heavy Industries (MHI) envisage également de s’allier avec l’américain General Electric (GE) avant de choisir Areva. L’activisme d’Hitachi et MHI vise à renforcer leur capacité à l’échelle mondiale face au mastodonte né du rachat de l’américain Westinghouse Electric par le nippon Toshiba dont l’offre avait été préférée à celle de MHI.
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-28796103@7-46,0.html
Oui, très intéressante la dernière nouvelle concernant le Japon et les USA sur le nucléaire, je comptais en faire peut-être un article, une fois les « ficelles » dénouées.
En tout cas, Japon et Usa « s’arrangent » bien dans le domaine
Le Japon exporte sa première centrale nucléaire
L’opérateur américain TXU Corp. vient de passer une commande de deux centrales nucléaires au japonais Mitsubishi Heavy Industries, pour un montant total compris entre 4 et 5 milliards de dollars (3 à 3,8 milliards d’euros).
Le constructeur français de centrales nucléaires Areva découvre un nouveau concurrent sur le marché mondial de l’énergie atomique. Le japonais Mitsubishi Heavy Industries vient de signer un contrat de 4 à 5 milliards de dollars (3 à 3,8 milliards d’euros) avec l’américain TXU, portant sur la livraison de deux centrales nucléaires selon une source proche du dossier citée par l’agence Reuters.
C’est la première fois qu’un réacteur nucléaire nippon est vendu à l’étranger. Mais également la première fois qu’un constructeur japonais ira construire son réacteur sur un sol étranger. Les centrales devraient être construites sur le site de Comanche Peak, près de Dallas au Texas. Mitsubishi Heavy Industries devrait ainsi livrer deux réacteurs d’une puissance de 1,7 million-kilowatt chacun, probablement à l’horizon 2015.
Le Nikkei Business Daily avait déjà annoncé le souhait de TXU de se dégager de la production d’électricité par usine à charbon, notamment à la suite du rachat de l’entreprise américaine (32 milliards de dollars, 24,2 milliards d’euros) par des fonds de LBO (leverage buy out, rachat par effet de levier), notamment Texas Pacific Group et KKR.
Ca promet …..
Areva, leader mondial de l’industrie nucléaire, et Mitsubishi Heavy Industries, Ltd. (MHI), confirment le déploiement rapide de leur alliance dans le domaine de l’énergie nucléaire conclue en octobre 2006.
Anne Lauvergeon, Présidente du Directoire d’Areva, et Kazuo Tsukuda, Président de MHI, se sont rencontrés aujourd’hui à Tokyo pour faire un point d’avancement des travaux réalisés par les équipes des deux groupes. Ils ont constaté en particulier que la phase initiale de design conceptuel du futur réacteur commun progressait conformément au calendrier. Cette phase devrait être achevée d’ici au début de l’été.
Depuis octobre 2006, les équipes d’Areva et de MHI ont travaillé à la définition des grands principes de conception à partir desquels ce futur réacteur sera développé : elles ont opté pour un modèle de génération 3 avancée, à eau pressurisée, doté de 3 boucles et d’une puissance de 1100 MW environ. Il intègrera les critères les plus récents adoptés par Areva et MHI en termes de sûreté (résistance à la chute d’avion commercial par exemple), de respect de l’environnement (réduction des combustibles usés et des déchets) et d’efficacité (possibilité d’un cycle du combustible allongé et capacité d’utiliser le combustible MOX).
Ce réacteur est conçu pour des marchés spécifiques, là où une telle taille de réacteur correspondra davantage à la capacité du réseau ou de la demande.
La Présidente du Directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, a déclaré :
tiens, tiens , tout s’agite en ce moment