Record absolu sur les marchés des métaux cette semaine : le cours du nickel a franchi jeudi à Londres le seuil de 30.000 dollars la tonne pour la première fois, les stocks se réduisant alors que le secteur de l’acier nourrit une demande soutenue.
Attention, néanmoins à ramener le cours à une valeur constante afin de faire abstraction de l’effet inflationniste.
Le nickel est utilisé pour rendre l’acier inoxydable plus malléable et plus résistant à la corrosion.
Sur le London Metal Exchange (LME), premier marché à terme de métaux dans le monde, le prix d’une tonne de nickel pour livraison dans trois mois a atteint 30.165 dollars en séance, niveau encore jamais atteint depuis le début de la cotation du métal en 1979. Son cours a bondi de 124% depuis le début de l’année.
Le cours du nickel est ensuite retombé autour de 29.000 dollars, alors que les faibles volumes d’échanges sur ce marché encourageaient la volatilité. Il valait 28.900 dollars vers 16H40 GMT.
Selon les analystes, le marché du nickel pourrait rester comprimé pendant un certain temps. En effet, le niveau critique des stocks pourrait déclencher une plus ample appréciation des prix et une plus grande volatilité, selon eux.
L’offre se réduit en effet comme une peau de chagrin, les stocks de nickel du LME ayant même chuté de 85% depuis le début de l’année. De plus, la production se trouve réduite par une grève à la mine Voisey’s Bay du canadien Inco, d’une capacité de 54.000 tonnes par an. La demande est quant à elle particulièrement forte dans le secteur de l’acier inoxydable.
D’après le Groupe d’étude international sur le nickel (INSG), le marché du nickel a enregistré un déficit de la production mondiale de 6.100 tonnes au premier semestre 2006. Inco, le géant canadien de la métallurgie a annoncé quant à lui un déficit de production de 30.000 tonnes cette année.
Selon le même phénomène que celui observé que dans le secteur du pétrole, la plupart des gisements de matière première faciles à atteindre, comme ceux de cuivre, de nickel et d’or, ont déjà été découverts et exploités. Il ne reste plus que des gîtes de qualité inférieure, situés dans des contrées éloignées et politiquement précaires, qui seront plus chers à développer que les filons mères d’autrefois.
Les sociétés minières «subiront de très fortes pressions pour trouver des projets rentables dans l’avenir, a déclaré récemment Alex Gorbansky, directeur principal de Frontier Strategy Group, une firme de Cambridge (Massachusetts), qui analyse les risques politiques qui guettent les exploitants miniers. Elles devront envisager des projets comme celui de Goro, qui présente un énorme potentiel mais aussi des défis considérables.»
Au coeur d’une vallée broussailleuse de Nouvelle-Calédonie, Inco souhaite construire l’une des plus vastes et des plus complexes mines nickélifères au monde. Le groupe avait cessé ses opérations dans cette île du Pacifique Sud il y a quatre ans.