Et si l’ultime raison de la hausse de l’or venait des décisions des grandes banques centrales ? Penchons-nous aujourd’hui spécifiquement sur le cas de l’or et sur les raisons fondamentales de la hausse enregistrée ces dernières années.
Un article particulièrement intéressant est paru le 30 mars dans des journaux arabes dont The Daily Star et l’Arab Times, quotidien de langue anglaise publié au Koweit, sous la plume d’un membre du Gulf Research Center (‘Centre de recherche du Golfe’, GRC), une sorte de « think tank » du golfe arabo-persique. Son titre : « Il est temps pour les économies du Golfe persique d’augmenter leurs réserves d’or ».
Il est question d’or monétaire d’une manière qui dépasse largement le Moyen Orient. Selon cet article dont les thèses sont proches de celles du GATA, un des facteurs haussiers de l’or tient justement à la « politique aurifère » des banques centrales. Nous détaillerons son propos dans cet article. Image : le logo du Gulf Research Center (GRC).
Qui est l’auteur et pour qui travaille-t-il ?
Présentons l’auteur de l’article en quelques mots : le Dr Eckart Woertz travaillait précédemment pour des banques allemandes comme la Landesbank Rheinland-Pfalz, et dernièrement pour une banque spécialisée dans les placements obligataires, CFC Securities SA, dont il était le représentant à Dubaï. Voici un lien vers une courte biographie, sur le site de son employeur actuel, le GRC.
Car il travaille maintenant pour le Gulf Research Center (GRC), dont le mot d’ordre est « la connaissance pour tous ». Basé à Dubai, le GRC a été fondé en 2000 par le saoudien Abdulaziz Othman Sager et est financé uniquement sur fonds privés. Selon M. Sager dans la brochure de présentation du GRC, « l’un des principaux objectifs du GRC est de fournir des travaux de recherche reconnus dans la perspective du Golfe, redressant ainsi le déséquilibre parmi les études actuelles, dans lesquelles l’opinion et les intérêts locaux sont sous-représentés ».
« Le GRC croit que le Conseil de coopération du Golfe (Gulf Cooperation Council, GCC) est allé au-delà des raisons qui ont poussé à sa création, et qu’il est devenu un droit fondamental des citoyens pour assurer le développement de leur région », ajoute le saoudien.
Le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe, sorte d’Union européenne
De quoi parle-t-il ? Créé en 1981, le Conseil de coopération du Golfe est depuis devenu le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe, mais la réalité que désignent ces deux appellations est bien la même. Il s’agit d’une organisation internationale dont sont membres les pays arabes du golfe arabo-persique : le Koweit, l’Arabie saoudite, le Qatar, Oman, Bahrain et les Emirats arabes Unis (EAU). Le Yémen est en cours d’adhésion. Ci-contre, le drapeau dont s’est doté l’organisation.
Toutes proportions gardées, cette organisation ressemble à l’Union européenne. Nous vous invitons à cliquer sur ce lien, qui dresse une liste des domaines où les différents Etats-membres coopèrent ; autant dire tout de suite qu’elle est large. Dans la partie « Coopération financière monétaire », on trouve notamment : « [le Conseil] est également conçu pour unifier les lois et régulations bancaires et monétaires, ainsi que pour accroître la coordination entre les agences monétaires et les banques centrales, ce qui comprend la mise en place d’une monnaie unique afin de permettre l’approfondissement de l’intégration économique ».
A terme, les pays arabes du Golfe persique ont l’intention de mettre en place une sorte d’euro arabo-persique. Comme quoi ce genre d’idées ne fleurit pas que dans les pays industrialisés…
Signalons au passage qu’Eckart Woertz a publié en février 2005 une étude intitulée « Le rôle de l’or dans la devise unifiée du GCC« .
Mais où est donc passé l’or prétendument détenu par les banques centrales ?
Qui dit monnaie unique dit banque centrale solide et politique monétaire unique. Et c’est précisément, dans le cas du Golfe persique, ce qui chagrine Eckart Woertz. « Les réserves en or des pays du GCC sont très basses », gémit-il, « tant en valeur absolue qu’en niveaux relatifs ». Il poursuit : « Cela est d’autant plus étonnant que l’or constitue une excellente protection contre l’inflation et la faiblesse du dollar, et pourrait ainsi réduire le danger de nous retrouver à cours d’argent en vendant du pétrole contre des actifs en dollars dont la valeur décroît rapidement ».
Et il continue : « le taux minimum d’or parmi les réserves de changes comme l’a fait la BCE pour la zone euro (à hauteur de 15%) ou la récente annonce de l’augmentation de cette proportion dans les réserves de changes de la Russie (de 5 à 10%) constitueraient certainement un conseil judicieux pour les pays du Golfe. Mais jusqu’à présent, ils font preuve d’une confiance inébranlable dans le dollar US ». Pire, selon lui : après quelques tentatives avortées de diversification, les pays de l’OPEP ont augmenté la proportion de leurs avoirs en dollars de 61 à 69% en 2005 « les quantités de bons du Trésor américains achetées depuis Londres ces derniers temps étant attribuées aux pays arabes ».
« Quatre pays – Bahrain, les EAU, Oman et le Qatar – ont vendu pratiquement tout leur or alors que le Koweit a prêté la totalité de ses réserves, ce qui rend problématique leur retour, à supposer que les tierces parties fassent défaut ».
Une banque centrale qui prête de l’or ? Et alors ? Ce n’est peut-être pas très clair, mais rassurez-vous, cela va le devenir…
Les banques centrales prêtent leur or…
Certains de nos lecteurs nous demandent plus de précisions sur le fameux rapport Cheuvreux, du nom de cette filiale britannique de courtage du groupe bien français Crédit agricole. Publié – ironiquement ? – le dernier jour du mandat d’Alan Greenspan, le 31 janvier dernier, ce rapport constitue un précédent : c’est la première fois que des analystes bancaires d’un groupe de dimension mondiale reconnaissent les thèses soutenues depuis des décennies par le GATA (Gold Anti-Trust Action Committee), que nous avions brièvement évoqué dans ce précédent article où nous parlions de l’américain Blanchard.
Comme les thèses du GATA sont un peu compliquées, commençons doucement avec l’article du Dr Woertz, qui constitue une bonne « mise en bouche » en la matière. Précisons que le Blog finance reproduit ces propos après avoir reçu l’accord de leur auteur.
Pas de doute, commence-t-il : « l’or a regagné ses galons en tant que classe d’actifs », au même titre que les actions, les obligations ou l’immobilier. Nous avons suffisamment eu l’occasion de revenir sur ce point. « Les femmes d’Inde et du Moyen Orient, qui représentent les deux plus importants facteurs de demande du marché mondial de l’or, ont ainsi surperformé les hedge funds sophistiqués de Wall Street avec une stratégie on ne peut plus simple : « acheter, et conserver ».
Constatant la forte hausse des cours des valeurs minières aurifères, le Dr Woertz écrit : « il existe deux raisons évidentes à cette hausse : les déficits jumeaux américains (déficit commercial & déficit budgétaire, NDLR) ont échappé à tout contrôle. Relativement à sa base économique, la dette accumulée en dollars américains est devenue trop élevée pour que les échéances en soient effectivement honorées ; soit leur émetteur fera défaut, ou plus sûrement il stimulera l’inflation pour rendre le remboursement moins douloureux. Ben Bernanke, le successeur d’Alan Greenspan à la Fed, a été suffisamment clair lorsqu’il a dit que la Fed préfère faire marcher la « planche à billets électronique » et faire pleuvoir sur les gens des dollars « par hélicoptère » afin de prévenir les chocs déflationnistes ».
« En outre », poursuit-il, « les investisseurs sont de plus en plus inquiets de l’énorme déficit du marché de l’or. Selon Frank Veneroso (2001), qui défie les statistiques officielles du World Gold Council, la production minière ne représente qu’approximativement la moitié de la demande mondiale, et elle décline. Outre l’offre venant du recyclage, ce sont les banques centrales qui remplissent le « manque » en vendant leur or sur le marché ou en le prêtant ».
Cette dernière option est particulièrement pernicieuse et a conduit à l’accumulation d’une colossale position ‘courte’ sur le marché des dérivés de l’or : les banques centrales occidentales prêtent principalement leur or à des banques commerciales, qui le vendent sur le marché. En contrepartie, les banques centrales reçoivent une rémunération au cours du prêt de l’or (‘gold lease rate’, voir le graphe Kitco ci-contre, NDLR). Pendant ce temps, les banques commerciales investissent le produit de la vente d’or sur d’autres placements plus rémunérateurs comme les obligations, par exemple ». Il n’est pas bien difficile de trouver un meilleur placement que celui-là : actuellement, le prêt d’or rapporte… 0,18% par an, selon le tableau Kitco disponible ici. C’est même à se demander s’il existe un placement plus désespérant !
C’est ce qu’on appelle le « hedging ». Serait-ce le fruit de la théorie du complot ? Point du tout. La preuve, la compagnie aurifère américaine Newmont Mining l’évoque dans son Information Handbook 2005, à la page 161, sous la forme d’une illustration très parlante. Nous vous invitons à le consulter sur le site de Newmont si la reproduction que nous en faisons ci-contre s’affiche mal sur votre écran. Attention : l’ensemble du fichier PDF pèse 19 Mo.
…mais qui le leur rendra ?
« Tout le monde pourrait être content », poursuit notre allemand expatrié aux Emirats, « mais il y a un problème : l’or existe toujours en tant qu’actif dans les livres de compte des banques centrales et comme engagement dans ceux des banques commerciales ou des hedge funds. Mais l’or physique, lui, a disparu des coffres depuis bien longtemps et pend maintenant au cou des femmes du monde entier, qui sans le savoir sont aujourd’hui les détentrices des « positions longues » sur le marché de l’or ».
D’autant que les comptabilités des banques centrales occidentales sont des plus opaques à ce sujet. Le rapport annuel de la Banque de France, par exemple, se contente dans son bilan d’évoquer une ligne unique « avoirs en or ». Pas moyen d’en connaître le détail. Pourtant, le « leasing » de l’or est une pratique bien connue, et il est probable que la banque centrale française y ait recours, en plus des cessions d’or.
En outre, il est difficile de savoir ce que la BDF vend lorsqu’elle annonce vendre de l’or, suite aux décisions annoncées en fanfare par Nicolas Sarkozy, alors grand argentier, en avril 2004 : sont-ce des lingots ? Ou des créances en or ? Mystère. Au passage, le 16 avril 2004, l’once d’or cotait 400 dollars et 326 euros, sur le LBMA de Londres. Le 31 mars 2006, la même once cotait 582 dollars et 480 euros. Et encore bravo pour cette décision inspirée, Monsieur le Ministre…
Cela fait bien longtemps que les banques centrales « prêtent » leur or. Lorsqu’elles l’ont vendu, les banques commerciales l’ont fait à des cours bien inférieurs à ceux d’aujourd’hui. En conséquence, comme l’écrit Eckart Woertz, « il est inconcevable de couvrir cette position courte aux prix actuels, et le marché semble penser qu’à un certain niveau, les banques centrales ne pourront plus couvrir le déficit de l’offre d’or ; parce qu’elles n’auront plus d’or, ou qu’elles cesseront d’avoir envie de vendre l’un de leurs actifs les plus solides ».
Comme nombre d’observateurs, l’auteur de l’article que certaines banques centrales, en Russie, en Chine, et en Argentine (de même qu’au Belarus ou au Kazakhstan) sont acheteuses d’or. D’autres, comme l’Allemagne, deviennent réticentes à vendre leur or, le président de la Bundesbank Axel Weber ayant déjà refusé par deux fois cette année de vendre son métal jaune.
Selon les statistiques officielles du World Gold Council, jamais les banques centrales n’ont vendu autant d’or qu’en 2005 : 663 tonnes, contre une production minière de moins de 2.500 tonnes, selon les chiffres de la très officielle association dominée par les nord-américains Barrick-Placer Dome et Newmont. Reste à connaître la réalité des stocks détenus par les banques centrales. Comment déterminer un cours pour l’or en l’absence de cette donnée ?
Le déficit de l’offre réelle, dernier facteur haussier pour l’or ?
Et Eckart Woertz de conclure : « ainsi, outre les craintes d’inflation et la faiblesse du dollar, le déficit de l’offre et la position courtes sur les dérivés est la troisième raison principale de la hausse du cours de l’or ces dernières années. Les fondamentaux qui étayent ce ‘rally’ sont si puissants que l’on peut sans crainte supposer que nous sommes plus près du début de la hausse du siècle que de sa fin », termine l’auteur.
Cette explication du mouvement haussier du cours de l’once d’or nous semble particulièrement intéressante. D’autant qu’Eckart Woertz n’est pas le premier à la soutenir, après le GATA, les analystes de Cheuvreux et tant d’autres… comme, par exemple, les fonds d’investissements qui se positionnent de plus en plus ouvertement sur les matières premières. Ce que vient attester, entre autres, le lancement récent de toute une série d’Exchange Traded Funds (ETF) sur l’or, ou le très attendu ETF sur l’argent de Barclays.
Les autres articles de ce dossier :
- Métaux précieux : mais pourquoi ces records ? (1/3)
- Métaux précieux/or : mais pourquoi ces records ? (2/3)
- Métaux précieux /places de marché : mais pourquoi ces records ? (3/3)
Bonjour,
Je viens de tomber sur votre blog très intéressant.
Pour ma part je devise sur les mines d
Merci pour cette enquète 2/3
Je rappelle aussi que « 321 gold » à largement commenté le lancement du « DINAR D’OR » dans les années 2000
une rubrique y était spécialement consacrée, mais elle à disparu depuis plus de 2 ans !
Il se pourrait que le DINAR D’OR soit en sommeil !
http://www.321gold.com/fed/temp_bank_res.html
http://64.233.179.104/translate_c?hl=en&langpair=en%7Cfr&u=http://www.gold-eagle.com/editorials.html
ce lien permet de lire les contributions de spécialistes sur l’or et l’argent : environ 3 par jour .
très intéressant !
les américains se rendent parfaitement compte de leurs problèmes …
directement en francais ( occitan !!! )
à l’attention d’Emmanuel !
Etant un ammateur de statistiques sur l’or,
serait-il possible de placer un compteur de visites sur les articles de la section métaux précieux ?
Compteur selectif des IP bien sur afin de ne pas enregistrer deux fois le même visiteur.
à l’heure où j’écris, je constate que sur le compteur
de WEBFIN.com, 89 personnes ont consulté cet article.
(moins 3 intrusions de ma part)
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Mr OUMAR KABIR
SALUTATIONS