De Chine en Suisse et en Russie : quelques nouvelles de l’or

L’actualité du marché de l’or est bien fournie, ces temps-ci. Faute d’avoir le temps de traiter tous ces sujets un par un, nous vous proposons aujourd’hui un tour du monde de nouvelles soigneusement sélectionnées du métal jaune.

Factuelles ou structurelles, ces quelques nouvelles traitent tant de l’arrivée d’un nouvel ETF sur l’or en Europe que des mouvements de concentrations dans le secteur des mines d’or.

• En Suisse, naissance du deuxième sur ETF sur or d’Europe

Pressentie dès février par le magazine helvétique Finanz & Wirtschaft (Finance & Economie), la nouvelle a été confirmée hier par un communiqué officiel de la Bourse suisse de Zürich : un ETF sur or sera lancé cette semaine sur le marché suisse. Alors que la construction du livre d’ordres commence aujourd’hui, sa première cotation interviendra sur le marché local à partir de mercredi 15 mars 2006.

Il répondra au nom de « ZKB Gold ETF« . Son code mnémonique sera ‘ZGLD’, et son ISIN CH0024391002. L’établissement teneur du titre est la Banque cantonale de Zürich, dont le logo en Suisse alémanique illustre ce paragraphe.

Libellé en francs suisses, il s’agira du premier ETF sur or de Suisse. Et du deuxième pour l’Europe, après le LyxOR GBS, chapeauté par le World Gold Council et l’australien ETF Securities, libellé en dollars et en euros. Voir notre précédent papier sur les ETF.

—> Tous les détails sur ce produit dans l’édition suivante de la chronique.

• Lannigou, première mine d’or d’Asie ?

Selon le bulletin hebdomadaire d’Heraeus, la mine d’or de Lannigou, dans la province du Guizhou – et non en Bretagne… -, au Sud-Ouest de la Chine, sera mise en production à partir de septembre 2006. Elle sera gérée par un joint venture détenue par la société australienne Sino Gold (à hauteur de 82%), les 18% restants revenant à la société chinoise Guizhou Lannigou Gold Mine, division de la société publique China National Gold Corp.

Selon le communiqué, le joint-venture transformera plus de 1,2 million de tonnes de minerai d’or par an, selon les mêmes sources. La production d’or sera de l’ordre de 180.000 à 200.000 onces par an, et la durée de vie de la mine devrait être d’environ 15 ans. Le coût de revient de l’once devrait se situer aux alentours de 183 dollars, selon les prévisions de Sino Gold.

« Une fois achevé, le joint- venture deviendra la plus grande mine d’or en Asie », précise un communiqué officiel.

D’où sort ce Sino Gold, basé en Australie ? De la scission et de la privatisation d’une autre compagnie nationale chinoise, China National Non-ferrous Metals Industry. Ses principaux actionnaires sont maintenant, outre son management, tout un éventail de sociétés minières et de banques internationales.

La Chine a décidé de laisser entrer des capitaux privés dans ce secteur car elle manque des technologies minières et des capitaux nécessaires au développement de ses richesses intérieures, de préférence à l’importation. Notons que les projets de Sino Gold au Tibet ont été dénoncés par La ligue des droits humains, soutenue par la Commission des droits de l’homme de l’ONU, en 2002 (voir ce document pour plus de détails).

• Polyus (Norilsk Nickel) a vendu ses parts dans Gold Fields

Norilsk Nickel, le groupe russe qui comme son nom ne l’indique pas couvre une bonne partie de la gamme minière, se retire d’Afrique du Sud. Le groupe a annoncé mercredi dernier que sa filiale Polyus, spécialisée dans l’or, a terminé de céder les 20% qu’elle avait acquis en avril 2004 dans le capital du groupe sud-africain Gold Fields auprès d’AngloAmerican. Produit de la cession ? 2 milliards de dollars, contre un coût d’acquisition de 1,2 milliard, selon le journal des affaires d’Afrique du Sud, Business Day. Initialement, on prêtait à Norilsk l’intention d’apporter ses titres Gold Fields à l’OPA lancée par un autre sud-africain, Harmony Gold, dont Norilsk était le partenaire. La vente des parts de Polyus dans Gold Fields signe l’échec de l’OPA. Mais le succès du coup en Bourse.

Polyus Gold sera très bientôt séparée de sa maison-mère enregistrée sur les marchés boursiers de Moscou, Londres et New York au cours du mois qui vient. En 2005, Polyus a produit 1,1 million d’onces d’or, selon la société.

• Poursuite de la concentration dans le secteur des minières aurifères ?

Dans son bulletin d’hier, le fondeur, affineur et courtier en métaux précieux allemand Heraeus a rapporté les propos tenus la semaine passée par Wayne Murphy, CEO de la minière américaine Newmont Mining, dont nous avons déjà parlé à propos des résultats 2005.

Qu’a donc déclaré le président du deuxième groupe aurifère mondial après le canadien Barrick-Placer Dome ? Selon le bulletin d’Heraeus rédigé par Wolfgang Wrzesniok-Rossbach, Murphy a indiqué « qu’il s’attend à ce que davantage d’opérations de croissance externes sur produisent sur le secteur des aurifères« . Un peu plus loin, Murphy repousse l’idée que les minières ne parviennent pas à renouveler leurs gisements, mettant en exergue l’exemple de Newmont qui depuis la fusion avec Normandy et Franco-Nevada en 2002.

D’ailleurs, la compagnie sud-africaine Harmony a annoncé cette semaine qu’elle a racheté 29,2% du capital de Western Areas, une société compatriote dont l’objectif principal est de faire tourner le joint venture à 50/50 conclu avec Placer Dome sur le gisement de South Deep. « Entrée en service en 2004, South Deep a produit 460.000 onces d’or l’année dernière », précise Heraeus.