Un jour après l’inauguration par Leclerc de sa première station-service sur le réseau autoroutier du Grand Sud, Carrefour confortait mercredi sa présence sur l’Autoroute A 62 Bordeaux Toulouse, mettant ainsi une fin symbolique au quasi-monopole des compagnies pétrolières sur le réseau autoroutier.
Si Carrefour exercait déjà sa présence sur cet axe, sur une aire d’autoroute au sud de Bordeaux, – mais plutot à titre « d’exception confirmant la règle » – les deux distributeurs ont fini par s’imposer aussi sur l’A 61, aux entrées sud-est de Toulouse.
Sur les treize contrats d’exploitations qui parvenaient à échéance au 31 décembre 2005, ASF en a accordé cinq à la grande distribution : deux à Leclerc et trois à Carrefour.
Quatre stations-service de l’autoroute A 62 (deux à l’aire du Bazadais, gérées par Carrefour, et deux à l’aire du Queyran, gérées par BP) viennent d’ être remplacées par une seule station sur l’aire du Mas d’Agenais, les contrats de concession anciennement en vigueur prenant fin le 31 décembre 2005.
Selon le directeur régional adjoint d’ASF, Romain Dupuy, « Avec l’augmentation des réservoirs des voitures et l’exigence grandissante des automobilistes qui veulent bénéficier de plus de services, il nous paraissait logique de remplacer les quatre petites stations-service par une, beaucoup plus grande et dotée d’un service de restauration rapide et d’un commerce plus conséquent. »
Ainsi, c’est un grand complexe géré par l’enseigne Carrefour (le service de restauration rapide sera sous-traité par »Bonne Journée ») qui va s’installer sur l’A 62 dans le sens Toulouse-Bordeaux.
Quant aux 28 personnes qui travaillent sur les quatre stations-service existantes, « ASF veillera à ce qu’elles retrouvent un emploi, sachant que Carrefour – qui a signé un contrat de 15 ans avec ASF – prévoit d’embaucher au moins 30 personnes sur le nouveau site ».
En avril 2001, après sa fusion avec Elf et Fina, Total était contraint par Bruxelles de céder 17 stations-service à Carrefour, pratiquant ainsi une premiere brèche dans la suprématie des opérateurs pétroliers dans le secteur, cette décision étant en ces temps-là totalement indépendante des volontés d’ASF.
« Nous restons les moins chers. En 2001, nous avions diminué les prix de 6 à 9 centimes d’euro avec un retour clients important. Les autres ont suivi dans la foulée », soulignait cette semaine Noël Almagiacchi, responsable des stations chez Carrefour.
Dans cette bataille, les grandes enseignes « jouent leur va-tout » : si les produits de même type que ceux vendus en hypermarché conservent les mêmes prix qu’en grande surface, les enseignes Leclerc et Carrefour espèrent pouvoir pratiquer une marge importante sur les prix de la restauration rapide, de la vente alimentaire et des services qui représenteraient à eux seuls la moitié du chiffre d’affaires. La stratégie court terme est bien celle de la mise en place progressive d’un concept de mini centres commerciaux exploités par des filiales.
Lors de la mises en vente en 2001 de stations-service autoroutières par Total, où Dyneff avait exprimé la volonté de se porter acquéreur d’un certain nombre d’entre elles, le responsable de cette société avait alors parlé d’un investissement stratégique dans un secteur où seuls de gros volumes permettent de dégager des marges. « Les stations-service sur autoroute réalisent un chiffre d’affaires cinq à six fois supérieur à celles implantées en ville » précisait Antoine Lécéa. Et surtout, si 90 % du volume est assuré par la vente de carburant, 90 % de la marge commerciale provient des ventes annexes.
Voir aussi : Valeurs du CAC 40 / Matières 1eres