Ce matin sur France Inter, le Président de la Fédération Nationale de l’Immobilier, René Pallincourt, nous a déclaré, comme à son habitude, que la bulle immobilière n’existe pas.
Elle est peut-être trop immense, et il n’a pas songé à lever la tête. C’est peut-être le casque du BTP qui gêne la vision de l’ensemble. Je vous invite à prendre connaissance du graphique qui accompagne mon article d’hier sur le Japon, La douloureuse expérience japonaise, ou le krach en 3 leçons (2), ainsi que la belle courbe bleue qui illustre mon analyse Immobilier : comment, mais comment, font-ils pour acheter encore ?
Est-ce qu’un professionnel peut être réellement neutre ? Est-ce qu’il peut être franc, quitte à scier la branche (solide, c’est de la pierre) sur laquelle toute sa profession et tout le lobby BTP sont assis ?
Personnellement, je vous recommande vivement la lecture des témoignages venus d’ailleurs : La douloureuse expérience japonaise, ou le krach a un visage (1), et la compagnie d’éminents économistes, comme celle Elie Cohen, qui lance des mises en gardes de plus en plus persistantes ou encore celle de Greenspan. Notre Mr. Bulles international (la dot.com et l’immobilière) numéro 1. Notre rubrique lui consacrera un article dans quelques jours.
Le président de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) René Pallincourt, nous a affirmé ce matin sur les ondes que « le dynamisme actuel de l’immobilier ne doit pas pour autant faire craindre une bulle spéculative ».
Et nous a illico resservi sa périphrase douçâtre : « un atterrissage en douceur » des prix de l’immobilier doit être envisagé pour 2006, c’est-à-dire un « ralentissement de la hausse des prix ».
Selon lui, le marché se caractérise actuellement par une « demande abondante » et une « offre rare ». Situation très saine puisque l’offre s’empresse de répondre à la demande et « l’année a été « abondante » en termes de construction », comme en témoignent les chiffres publiés ce matin.
Ou comment bétonner et (espérer de pouvoir continuer à) s’enrichir la conscience en paix, alors que les stocks gonflent, Immobilier, stop, les stocks gonflent, stop !, et les transactions dégringolent un peu partout où la bulle sévit, aux US, au Royaume-Uni ou en France.
Moi, ce qui j’en retiens, c’est que Monsieur l’ange gardien de la corporation en personne parle du ralentissement de la hausse des prix. Vous avez compris, le m² n’augmentera plus. Mais cela veut probablement dire qu’il baissera dès 2006 ou 2007 !
Ne serait-ce que parce qu’en économie la situation neutre, le « plateau » (prononcez platow) cher aux anglo-saxons, ne se maintient jamais bien longtemps, le marché sanctionnant rapidement une situation incertaine, pour dicter sa loi.
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Excellent ! Difficile, en effet pour le patron de la fédération de 10.000 agences d’avouer également que les prix sont revus à la baisse à commencer par les loyers (les ventes suivront). Là aussi, langue de bois et affirmations douteuses sont de rigueur : « les loyers montent, nous n’avons pas constaté de baisse », affirme Mr Pallincourt.
Peut-être Mr Pallincourt devrait-il chercher un appartement ou une maison à acheter ou à louer pour mieux comprendre ce qui se passe « vraiment » sur le terrain ? Après tout, les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.
C’est classique du discours de ces pros de l’immobilier : ce n’est que de l’intox. Mais c’est vrai que tant de démagogie c’est à vomir. Que dira M Pallincourt en 2010 si le marché a perdu 40 %? Comment va t-il se justifier devant les milliers de français ruinés?
Je vais consacrer une série d’articles à la FNAIM, ses statistiques et sa « façon » de communiquer. Je suis en train de les préparer, mais l’enquête s’avère plus compliquée que prévu, vous vous en doutez bien.
Et je pense que beaucoup de français sont intrigués, voire irrités par les méthodes de la FNAIM, qui est juge et parti, à qui la hausse à largement profité.
A bientôt, M Ph