Risque, je te hais

Souvent, je me demande si le principal problème de ce pays ne réside pas dans son attitude face au risque. Quand je dis « attitude », je pense à la psychologie des individus mais aussi au droit qui encadre, favorise ou dissuade la prise de risque.

Je viens de trouver un nouvel exemple pour illustrer ceci. Dans Le Monde daté du 12 mai, je lis une interview de Pierre Haren le PDG d’Ilog, un éditeur de briques logicielles et règles métier, internationalement reconnu et doublement coté sur le Nasdaq et sur l’Euronext.

Cette interview est intitulée : « Samsung utilise nos produits pour tuer ST-Microelectronics, c’est dramatique. »

Je lis texto :

« Le principal problème est que les grandes entreprises françaises ne consomment que des produits dont elles sont absolument sûres. Elles ne sont pas prêtes à prendre des risques en achetant des produits innovants. Or une start-up, pour réussir, doit avoir des clients situés à proximité. Aux Etats-Unis, le Small Business Act [ loi qui oblige à affecter aux PME 23 % des achats publics ] met une épée dans les reins des grands groupes, et le pied à l’étrier des petits. Conséquence : les grosses sociétés ont appris à dépenser intelligemment, à échouer intelligemment aussi. Les Français qui créent des start-up vont donc tous finir par aller aux Etats-Unis.

Ilog a inventé un système pour améliorer la productivité des usines de semi-conducteurs. Le fabricant coréen Samsung a été le premier à le consommer. Tandis que le franco-italien STMicroelectronics nous a d’abord dit que ça n’allait pas marcher, puis nous a demandé de pouvoir d’abord aller visiter les usines où le produit fonctionnait, c’est-à-dire chez son concurrent direct ! Samsung utilise donc nos produits pour tuer STMicro. C’est dramatique. Ici on construit des tranchées. Alors que pour gagner, il faut se déplacer. Et pour se déplacer, il faut digérer l’innovation. »


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