Attentat au Niger : Areva ne cédera pas à la pression des commanditaires

Le message est clair : alors que l’uranium  est devenu une matière première fort convoitée, dotée  d’enjeux aussi importants que ceux liés au pétrole,  Luc Oursel, le président du directoire du  géant  nucléaire français Areva a réaffirmé  la volonté de son groupe à demeurer au NigerQuitte à déplaire à ses concurrents ou d’éventuelles parties désireuses de s’approprier des richesses indispensables au développement de l’énergie nucléaire.

Des propos qui interviennent alors qu’un attentat-suicide a frappé la semaine dernière la mine d’uranium Somaïr à Arlit  exploitée par Areva dans le nord du pays.

« Si j’ai quelque chose à dire après cette attaque scandaleuse, c’est que nous allons rester au Niger », a  ainsi tenu à préciser Luc Oursel lors d’une rencontre avec des journalistes à Madrid.

Répondant aux journalistes  sur l’éventualité  d’un  virage stratégique du groupe  en Afrique à la suite des récents événements, le président du directoire n’a laissé aucune ambiguïté. Si Areva s’avère « évidemment  très triste »  de la mort d’un de ses employés, et  condamne cet attentat, Luc Oursel  a clairement indiqué  que le géant du nucléaire ne céderait pas à la pression. Un départ du groupe signifiant pour lui une victoire des «  commanditaires de l’attentat », lesquels souhaitent  via de tels actes pousser Areva hors du Niger  … et loin de ses ressources  stratégiques.

Rappelons que le président du directoire d’Areva s’était  rendu dès vendredi  dans ce pays  hautement stratégique, tant en terme d’uranium … qu’en terme de présence des forces militaires US en Afrique. L’un et l’autre pouvant être fortement liés, ne soyons pas naïfs … Plus de 300 personnels de l’Africom (commandement américain pour l’Afrique) devraient ainsi s’installer prochainement dans la région du Sahel, voire plus précisément au Niger. Des autorités nigériennes ayant récemment confirmé à que leur pays venait de donner son accord pour l’implantation d’une base aérienne américaine sur son territoire.

Exprimant sa solidarité envers les blessés et rendant hommage au « collègue qui a perdu la vie à Somaïr » , Luc Oursel avait  par ailleurs tenu à saluer le courage et le professionnalisme de tous ses collaborateurs qui « font vivre la coopération entre la France et le Niger ». Souhaitant par ailleurs par sa présence « témoigner de la force » de l’« engagement au Niger » d’Areva. Un porte-parole du groupe assurant par ailleurs aux agences de presse présentes sur place, la pérennité de la présence du géant du nucléaire français au Niger.Précisons également qu’à la suite de l’attaque, la production du site a été mise à l’arrêt. Elément non négligeable, alors que les mines nigériennes permettent à l’heure actuelle à Areva d’être le deuxième producteur mondial d’uranium.Sources : AFP,  Allafrica.com, Reuters, La Tribune (Algérie)Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com – 28 mai 2013 –

(31 commentaires)

  1. Afrique: Africom go Home ! Assaut canadien contre des frappes militaires américaines à partir d’une base africaine

    En marge du jubilé cinquantenaire de l’unité africaine, un groupe panafricaniste lance les hostilités contre le projet militaire africain défendu par l’administration Obama.Basé jusque-là à Stuttgart en Allemagne, le Commandement militaire des États-Unis pour l’Afrique, Africom, pourrait s’installer définitivement en Afrique d’ici fin 2013.Lancé par George W. Bush Jr., ce système prétend défendre les États africains contre les menaces transnationales .

    La base africaine accueillerait donc, dès cette année, le dispositif positionné depuis 2008 dans le Baden-Württemberg où il devenait quelque peu encombrant – l’Allemagne est le seul pays européen à s’être abstenu au vote la Résolution 1973 de l’ONU sur la Libye…

    La U.S Marine Forces Africa (MARFORAF) y pilotait, en effet, ses frappes militaires sur le sol africain – en Libye notamment.
    Ce projet impopulaire a fait l’objet du vibrant appel Africom Go Home ! rendu public dès le 23 mai à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) à l’orée du cinquantenaire de l’unité africaine.

    Ces hostilités sont lancées par le GRILA (Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique), cercle panafricaniste sans doute la plus crédible en Amérique du Nord.

    Appétits de puissances

    En flèche contre Africom, le politologue Sénégalo-Égyptien Aziz Salmone Fall du GRILA n’y voit qu’une «base qui ne vise qu’à sécuriser nos matières premières et notre espace stratégique face à l’appétit des puissantes émergentes du BRIC (…) et notre propre perspective d’unité».

    L’appel, endossé par des groupes et personnalités de renom, procède d’une exégèse remarquable des enjeux géostratégiques du Continent. La liste de présence vaut la peine d’être visitée : l’économiste Samir Amin (Forum du Tiers Monde), Koulsy Lamko (Hankili So Afrika), Glen Ford (Black Agenda Report), Dipama Hamado (Arbeitskreis Panafrikanismus München), Gnaka Lagoke (Revival of Panafricanism Forum, RPF), Ahmad Manai (Institut Tunisien des Relations Internationales, ITRI) ; Yash Tandon (ancien directeur exécutif de South-Center), Ajamu Nangwaya (Université de Toronto), Emira Woods (IPS), Horace Campbell (Syracuse University), Diasporic Music on Uhuru Radio, Network for Pan-Afrikan Solidarity…

    Les auteurs stigmatisent «la mise sous tutelle (…) très avancée (des pays africains, Ndlr), en raison de leur déstructuration par trois décennies d’ajustements structurels, de désengagement de l’État, de gouvernance managériale, de diversion démocratique et de dépolitisation».

    «Au niveau militaire, souligne l’appel, les pays africains sont dispersés, fragilisés et désunis sur les enjeux fondamentaux d’occupation entre autres au Congo, en Côte d’Ivoire, en Libye et au Mali.» D’autant plus que «Le chantage d’instabilité menace autant le Soudan, l’Égypte, le Nigéria, la Tunisie, la Centrafrique que l’Algérie…»
    L’ONU n’y jouerait, évidemment, qu’un rôle théâtral.

    «Sur les théâtres d’opérations, explique le texte, l’ONU est instrumentalisée, laissant les coudées franches aux forces de l’OTAN.» Puisque «L’unité d’apparence des pays africains militarisés dans ces missions l’est surtout dans le sillage de l’impérialisme».

    C’est que, 36 pays africains ont rejoint Africom. Les réticents subissent des pressions à peine voilées. Un centre d’études spécialisées à Washington D.C., l’African center for strategic studies (ACSS) forme d’ores et déjà la «prochaine génération de leaders du secteur de la sécurité». Ces officiers intègreront le dispositif Africom’s Theater security cooperation programs (TSCP).

    Africa contengency operations

    Un autre système, l’Africa contingency operations training and assistance (ACOTA) forme aux opérations multilatérales de pacification, soi-disant pour le compte de l’ONU.

    Depuis une dizaine d’années, les armées africaines prennent part annuellement aux manœuvres dites Flintlock de lutte antiterroriste en Afrique du Nord et de l’Ouest. La communication d’intelligence n’y est pas en reste : Africa Endeavor complète ce tableau. Les manœuvres dites Cutlass Express surveillent les trafics maritimes en Afrique de l’Est et en océan Indien.

    «Certes, il y a une insécurité inhabituelle sur le continent pour prétexter tant d’élans belliqueux, admet l’appel. De plus en plus de noyaux de nature terroriste ou d’aventuriers politiques existent et disposent de leur propre agenda, nuisant autant à «l’ordre du monde» qu’aux pays africains. Mais, ce sont des épiphénomènes.»

    Le problème réside, en effet, dans la désintégration planifiée de l’Afrique.

    Ainsi, «La mise sous tutelle de nos armées nationales, ou ce qui en reste, et la perspective de voir déménager en Afrique la base de l’Africom ainsi que la recrudescence des interventions militaires françaises ou autres hypothèquent toute réelle intégration africaine. L’Afrique est progressivement insérée de force sous le parapluie de l’OTAN. L’AFRICOM aide l’OTAN et réciproquement sans que ne soient plus discernables leurs nuances».

    Les appelants savent de quoi ils parlent. Début mai, le secrétaire général de l’OTAN, Rasmussen a reçu à Washington le Distinguished Leadership Award du Conseil atlantique…

    Dès 2002, une initiative anti-terroriste états-unienne regroupant quatre pays sahéliens a muté, trois ans plus tard, en Trans-saharan counter-terrorist initiative (TSCTI) avec cinq autres pays. L’East-Africa counter-terrorist Initiative (EACTI) se charge de l’Afrique de l’Est avec six pays. L’OTAN qui a nommé un officier de haut rang (le SMLO) à l’Union africaine avait déjà apporté un appui «orienté» au Darfour en 2005.

    Deux ans plus tard, la même OTAN a initié ses propres FAA (Forces Africaines en Attentes). Elles seront opérationnelles dès 2015.

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