Zapatero aurait reconnu que l’Espagne était au bord du gouffre

storm-benidorm-espagne.jpgLa situation économique et financière de l’Espagne pourrait ne pas être aussi brillante que le gouvernement espagnol voudrait bien nous faire croire , histoire de ne pas inquiéter davantage les marchés.

Selon le dirigeant de l’un des principaux syndicats du pays, le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero aurait reconnu devant des syndicats à la mi-août, que l’Espagne était à deux doigts de devoir recourir à un plan de sauvetage.

 

« Il nous a dit que (l’économie) allait très mal, qu’il l’avait vue au bord de l’abîme, dans un état nécessitant un sauvetage éventuel », a ainsi déclaré le secrétaire général du syndicat CCOO, Ignacio Fernandez Toxo, s’exprimant à la télévision nationale espagnole.

Selon lui, M. Zapatero aurait tenu ces propos le 17 août au cours d’une réunion, soit six jours avant d’annoncer qu’il entendait inscrire la règle d’or de stabilité budgétaire dans la Constitution espagnole.

Fin aout, le chef du gouvernement a en effet annoncé une révision constitutionnelle destinée à garantir la stabilité budgétaire – élément réclamé par la France et l’Allemagne – demandant aux partis politiques de l’approuver avant les élections législatives du 20 novembre prochain.

Une déclaration qui intervient alors que les deux principaux syndicats espagnols, CCOO et UGT, ont appelé à une grande manifestation mardi à Madrid contre cette réforme, réclamant un référendum sur le sujet.

Selon les chiffres définitifs publiés récemment par l’Institut national de la statistique, la croissance espagnole a ralenti au deuxième trimestre. Le taux de progression atteignant désormais un niveau proche de zéro …

Selon l’INE, le Produit intérieur brut espagnol a très faiblement progressé de 0,2% , contre 0,4% au premier trimestre. Un chiffre certes peu brillant mais toutefois conforme aux prévisions de la Banque d’Espagne, laquelle avait d’ores et déjà alerté le 5 août dernier que le contexte économique et financier était particulièrement marqué par l’aggravation de la crise de la dette souveraine dans la zone euro.

Pour l’ensemble de l’année 2011, l’établissement financier prévoit une croissance de 0,8%, estimation bien inférieure à celle du gouvernement, lequel table sur +1,3%. Pour 2012, la Banque d’Espagne s’attend à une croissance estimée à 1,5%, le gouvernement Zapatero prévoyant quant à lui une hausse de 2,3%.

La croissance demeure avant tout tirée par la demande extérieure, laquelle ne compense toutefois que partiellement le ralentissement de la demande intérieur. En valeur glissante annuelle, la croissance s’établit à 0,7% au 2e trimestre. Durant la même période 2010, elle avait atteint 0,9%.

Une situation économique qui ne permet pas de créer des emplois, épineux problème alors que l’Espagne affiche le taux de chômage (20,89%) le plus élevé parmi les pays de l’Union européenne.

Rappelons également que la Banque centrale européenne (BCE) est récemment intervenue pour racheter 22 milliards de dette de pays européens, parmi lesquels figureraient l’Espagne. Début juillet, la ministre espagnole de l’Economie Elena Salgado, quelque peu « surprise » par la relégation de la dette du Portugal dans la catégorie spéculative, avait tenu à préciser que « la situation de l’Espagne n’a rien à voir avec celle du Portugal ».

« Nous ne portons pas de jugement sur les communiqués des agences de notation sur d’autres pays », avait précisé la ministre, mais « au-delà de cela, nous devons tous aider le Portugal à surmonter cette situation difficile » avait par ailleurs indiqué Elena Salgado. Ajoutant que « certains arguments » de Moody’s avaient été une « surprise ».

Redoutant un éventuel effet domino, la ministre avait par ailleurs rappelé que les discussions concernant un éventuel plan de sauvetage du sauvetage du Portugal menées il y a quelques mois n’avaient eu – selon elle – « aucun effet de contagion sur l’Espagne ».

Arguments invoqués pour : selon Elena Salgado, l’exposition de l’Espagne à la dette publique du Portugal est « relativement modérée », les participations espagnoles dans les entreprises portugaises étant principalement observées « dans le segment de l’économie portugaise le plus dynamique ».

Au Portugal, « il est vrai que les chiffres de réduction du déficit au premier trimestre ont été un plus mauvais que prévu », « mais ce n’est pas le cas de l’Espagne » avait-t-elle par ailleurs ajouté.

L’Espagne et le Portugal « sont deux économies distinctes », avait également insisté la ministre, rappelant les années de forte croissance – certes avant l’explosion de la bulle immobilière – et la capacité exportatrice de son pays. « Donc nous avons très peu à voir avec le Portugal, hormis le fait de leur souhaiter que tout aille bien, en tant que pays ami » avait-t-elle ajouté au final.

Toutefois, s’exprimant lors d’un entretien à la télévision publique espagnole, Elena Salgado avait néanmoins estimé que « l’Italie et l’Espagne sont à l’heure actuelle les deux pays qui souffrent le plus de la tension » sur les marchés autour de la situation en Grèce.

La ministre, reconnaissant également que la prime de risque (différentiel entre le rendement à 10 ans des obligations espagnoles et allemandes) était en train de monter et qu’elle était soumise « à énormément de tension ». Ce contexte d’inquiétude pourrait amener la prime de risque à atteindre « ponctuellement » la barre symbolique des 300 points, avait-t-elle également admis.

Sources : AFP, Reuters, la Tribune, le Parisien, Challenges

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