Terres rares : alerte mondiale sur de bien précieuses matières premières

Retenez ce terme : les terres rares. Ces minerais cruciaux dans l’industrie de pointe pourraient devenir – si ce n’est déjà fait – une matière extrêmement convoitée et un enjeu économique majeur. La Chine l’a bien compris, étant quelque peu encline à utiliser la méthode du marchandage voire du chantage, aidée en cela par sa situation de quasi monopole en la matière.

USA, Allemagne et Japon sont les principaux pays qui tirent la sonnette d’alarme à l’heure actuelle, inquiets de l’impact d’une éventuelle restriction de l’offre sur leur économie nationale.

La Chine est en effet accusée, notamment par le Japon, de restreindre l’accès à ces minerais indispensable à l’industrie électronique et la production automobile.

Il est vrai que l’Empire du Milieu jouit d’une place de choix en la matière : si le pays possède le tiers des réserves mondiales, 97% des 17 minerais que constituent les « terres rares » vendus l’année dernière étaient d’origine chinoise.

Samedi, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton aurait reçu à Hanoï des « assurances » de son homologue chinois Yang Jiechi quant aux exportations des terres rares. C’est en effet ce qu’a indiqué un responsable de la délégation américaine.

Mme Clinton, après avoir demandé « des clarifications sur la politique du gouvernement chinois en ce qui concerne l’exportation des minerais des terres rares » aurait reçu des assurances à ce sujet.

Jeudi, un porte-parole du ministère chinois de l’Industrie avait indiqué pour sa part que la Chine n’utiliserait pas son quasi-monopole sur le commerce des terres rares comme « un outil de marchandage ». Une annonce qui intervenait alors qu’une rencontre prévue vendredi entre les ministres de l’Economie du Japon, de Chine et de Corée du Sud à Hanoï avait été annulée.

Selon des sources gouvernementales nippones l’annulation aurait été réclamée par la Chine, laquelle n’aurait guère apprécié les allégations faites à son encontre laissant entendre qu’elle menait sciemment une politique de restrictions de ses exportations de terres rares. Dimanche, en marge du sommet de l’Asie de l’Est, le gouvernement vietnamien a annoncé qu’il allait s’associer avec le Japon  pour l’exploration, l’extraction minière, le développement et la production de ces minéraux au Vietnam.

La semaine dernière, le Japon a conclu un accord avec l’Inde pour recycler les produits électroniques contenant des éléments à base de terres rares et étudier les moyens de produire des écrans plats, des voitures hybrides, des lasers, sans avoir à utiliser ces précieux matériaux.

Mardi, le ministre allemande de l’Economie Rainer Brüderle a indiqué pour sa part que l’Allemagne avait été fortement pénalisée par la pénurie mondiale de terres rares, estimant que le gouvernement devait se prémunir contre la spéculation sur les matières premières.

Pour mémoire, les terres rares rassemblent 17 minéraux tels que le samarium, le germanium ou le scandium, dans lesquels se trouvent certaines matières premières essentielles à l’industrie de pointe. Y figurent également l’idium qui permet de fabriquer les écrans plats pour les téléviseurs, le tungstène, matériau indispensable à la construction des têtes de missiles, ou l’antinium qui entre dans la composition des semi-conducteurs.

A l’heure actuelle, les gisements de ces minéraux se concentrent dans trois régions de Chine. Leur extraction a souvent lieu dans des mines clandestines, notamment en Mongolie intérieure où les conditions de travail des mineurs laissent à désirer …

Les premières plaintes du Japon envers la Chine ont émergé il y a un peu plus de deux semaines.

Pékin est soupçonné d’avoir interdit à cette date à plusieurs de ses navires de quitter les ports chinois pour approvisionner le Japon. Certains analystes estiment que la Chine aurait pris cette décision en rétorsion au conflit sur les « eaux territoriales » opposant les deux pays, lequel a pris une mauvaise tournure fin septembre.

Washington s’est également plaint à la suite d’éventuelles restrictions à l’exportation de terres rares. Mesures qui auraient pu être mises en