BP / rachat d’actifs : intérêt éventuel de Total … mais certain de TNK-BP

TNK-BP.gif

Alors que les conséquences de l’explosion de la plate-forme Deep Water Horizon pourraient être désastreuses pour les finances de BP, Christophe de Margerie, le PDG du français Total a déclaré que le groupe qu’il dirige n’avait aucune intention de racheter le pétrolier britannique … tout en concédant qu’il serait prêt à étudier le rachat de certains de ses actifs s’ils étaient mis en vente. Une belle manière de tendre la perche à son homologue et néanmoins concurrent … en lui permettant de conserver la face, autant que faire se peut. Chose dont ne se soucie guère le russe TNK-BP … « Nous n’étudions pas le rachat de BP, la priorité c’est d’aider BP », a déclaré Christophe de Margerie à des journalistes en marge des rencontres économiques d’Aix-en-Provence.

S’agissant d’un rachat éventuel d’actifs du groupe britannique, Christophe de Margerie a laissé entendre que le sujet n’était pas d’actualité. Toutefois, dans le cas où BP serait à l’initiative de la vente, le PDG de Total pourrait céder à sa façon aux chants des sirènes … tout en gardant la tête haute de ceux qui ne veulent pas passer pour des « charognards »….

Pour rappel, BP envisage de céder 10 milliards de dollars (environ huit milliards d’euros) d’actifs en vue d’abonder un fonds de 20 milliards de dollars constitué pour indemniser les victimes de la marée noire.

Comme je l’avais pressenti ici-même … la Russie de Poutine se montre quant à elle beaucoup plus directe, la catastrophe étant pour elle une « occasion rêvée » … de faire rentrer dans le giron russe des ressources extrêmement convoitées …

Maxim Barsky, directeur général adjoint du pétrolier russe TNK-BP, dont BP est actionnaire, a ainsi déclaré le 30 juin dernier envisager de se porter acquéreur de certains de ces actifs. Il fallait s’en douter …

Rappelons qu’en janvier 2009, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, déjà connu pour ses relations très intimes avec Vladimir Poutine, avait franchi un nouveau pas en accédant au conseil d’administration du groupe TNK-BP suite à un accord mettant fin à un conflit entre les actionnaires de cette coentreprise.

Les actionnaires de la société pétrolière, détenue à part égale par BP et un consortium d’hommes d’affaires russes Alfa Access-Renova (AAR) – auquel appartiennent Mikhaïl Fridman et Viktor Vekselberg – avaient mis fin en septembre 2008 à un long conflit opposant les propriétaires russes et la major britannique.

BP et AAR se sont en effet affrontés une grande partie de l’année 2008

pour le contrôle de la coentreprise. TNK-BP avait dû ainsi faire face à toutes sortes de  » tracasseries » judiciaires, dirons-nous poliment.

Pour rappel, TNK-BP est le troisième producteur de pétrole en Russie, derrière Rosneft et Loukoïl, et représente environ un quart de la production mondiale de BP.

Précisons également qu’en juin 2009, le vice-Premier ministre russe Igor Setchine avait indiqué pour sa aprt que les accords de partage de production (PSA pour Production sharing agreements) conclus dans le secteur pétrolier et gazier avec des compagnies étrangères ne seraient guère plus de mise à l’avenir en Russie. Le message avait le mérite d’être clair.

« Nos entreprises possèdent une expérience et les ressources suffisantes pour se développer de façon indépendante », avait ainsi affirmé M. Setchine, par ailleurs chef du conseil d’administration de la compagnie pétrolière russe Rosneft ….

Pour rappel, des accords, passés entre les investisseurs étrangers et l’Etat russe sur de nombreux gisements d’hydrocarbures, garantissent le maintien des conditions contractuelles en échange d’un partage des profits après amortissement des investissements.

Après la chute de l’Empire soviétique au milieu des années 1990, la Russie, en proie alors d’importantes difficultés financières, a signé une série de contrats de ce type. Des accords donnant aux groupes étrangers un accès à certaines de ses « pépites » à des conditions très favorables pour les investisseurs. Le climat d’investissement présentant alors beaucoup de risques, il fallait en effet promettre aux étrangers des dividendes substantiels. Les temps changent désormais, le vent soufflant dans l’autre sens. Moscou tente ainsi de reprendre la main sur des ressources autant stratégiques que « juteuses » … Considération extrêmement importante par temps de crise pour un pays dont les richesses proviennent en majeure  partie de l’exploitation des hydrocarbures.

Sources : AFP, Reuters, Belgiummid.ru

A lire également :

. BP et sa filiale TNK-BP objets d’une perquisition en Russie

. Kovykta : BP vend sa participation à Gazprom

. British Petroleum (BP) : perquisition au siège de Moscou

(3 commentaires)

  1. Les russes commencent à reprendre de la force car comme vous le dites dans l’article, il ne laisseront pas infiniment leurs immenses ressources naturelles aux mains des investisseurs étranger. Après, pas sûr que cela soit une excellente chose non plus…

Les commentaires sont fermés.