Ukraine / Timochenko : les hydrocarbures de la Mer noire en guise de promesse électorale

Tensions à prévoir entre l’Ukraine et la Roumanie.

En vue très certainement de d’affranchir de la « tutelle » russe, en garantissant son indépendance gazière, l’actuelle première ministre ukrainienne, Ioulia Timochenko, a annoncé en début de semaine, qu’en cas de victoire à la présidentielle, elle s’engageait à d’obtenir de la Cour internationale de Justice (CIJ) la révision de la décision concernant le partage entre Kiev et Bucarest des zones économiques de la mer Noire .

La candidate à la présidence a ainsi affirmé que le plateau continental de la mer Noire constituait un gage de l’indépendance économique et politique de l’Ukraine.

Selon elle la région représente ni plus ni moins que « la puissance et la compétitivité » de l’Etat ukrainien. Un argument de poids pour justifier son intention de « rendre justice » à l’Ukraine.

Si l’on en croit Mme Timochenko, la mise en valeur du plateau continental de la mer Noire devrait permettre à son pays de s’approvisionner en pétrole et en gaz pour des centaines d’années. Et de s’affranchir ainsi de la toute puissance du Kremlin en la matière.

Rappelons qu’en février 2009, la CIJ avait débouté l’Ukraine de ses prérogatives d’élargissement de sa zone économique en mer Noire aux territoires riches en hydrocarbures … dont la plus grande partie revient à la Roumanie, selon la presse russe.

Mais vue de la presse internationale, les « choses » ne sont pas tout à fait présentées de la même manière.

RFI précise ainsi que le désaccord entre la Roumanie et l’Ukraine porte notamment sur le petit îlot des Serpents, à environ 45 km du port roumain de Sulina et du littoral du delta du Danube. Le site on ne peut stratégique avait appartenu à la Roumanie jusqu’en 1948, pour atterrir dans le giron ukrainien en 1991, suite au démantèlement de l’URSS.

La Roumanie s’intéresse depuis fort longtemps au sous-sol de ce qui pourrait être considéré de prime abord comme un simple rocher, le plateau continental qui entoure l’îlot étant très riche en gaz. Bucarest estime que la zone qui s’étend sur12 400 km² recèlerait cent milliards de mètres cubes de gaz. Une quantité qui pourrait assurer l’indépendance énergétique de la Roumanie vis-à-vis de la Russie pendant vingt ans.

Mais en février 2009, la Cour internationale de Justice a rendu sa décision : les deux protagonistes étant désormais autorisés à explorer les ressources gazières du plateau continental autour de l’île.

De quoi semer la zizanie sur le terrain : après la décision de la Cour, Bucarest avait estimé en effet que l’Ukraine ne pouvait plus réclamer le droit exclusif d’exploiter les richesses naturelles sous-marines de la zone. Bien au contraire, la Roumanie estime disposer du droit d’exploiter la majeure partie des champs d’hydrocarbures dans un rayon de plusieurs kilomètres autour de l’île.