EDF-RTE : chasse au gaspi pour éviter un black-out

pompon.jpgLe pompon !

Alors qu’au début du mois de décembre, le directeur général adjoint d’EDF activités gaz, Bruno Lescoeur, a annoncé à la presse russe que son groupe envisageait d’acheminer à Gazprom de l’électricité générée en France le Réseau de transport d’électricité (RTE) a prévenu lundi que le système électrique français était « dans une situation tendue » en raison de la vague de froid qui frappe actuellement la France.

Appelant les Français dans leur grande sagesse – voire dans leur grande bonté – à réduire leur consommation pour éviter les coupures. Ben voyons ! Et la hausse des tarifs au 1er avril ? Comme le prédisait presque Pierre Gadonneix ?

Selon RTE, filiale d’EDF, la situation serait particulièrement tendue dans l’Ouest et en région Provence-Alpes Côté d’Azur (PACA). La Bretagne est même placée en « alerte rouge » mardi en raison d’un risque de coupure d’électricité « réel et imminent sur tout le territoire breton« , indique le site Ecowatt. Rappelons que la région bretonne ne produit que 7 % des volumes qu’elle consomme, une situation qui la rend plus vulnérable à un « black out ».

Il n’en faut pas plus pour que RTE invite « tous les consommateurs d’électricité, en particulier ceux habitant ces deux régions, à mieux maîtriser leur consommation d’électricité, notamment au moment de ces pointes de consommation, entre 17 heures et 20 heures« . 

 Le gestionnaire de lignes à haute tension prévoit en effet « des niveaux de consommation d’électricité très élevés et durables pour toute la semaine, en particulier à la pointe du soir, aux environs de 19 heures« . Le record de consommation du 7 janvier 2009 « pourrait même être dépassé en fin de semaine« , ajoute la société.

Lundi à 19 heures, la France va ainsi devoir importer 4 400 mégawatts (MW) et 5 100 MW le lendemain à la même heure. Ces derniers volumes correspondant à la production de cinq réacteurs nucléaires.

Pourtant une telle éventualité n’avait semble-t-il pas effrayé outre mesure le directeur général adjoint d' »EDF activités gaz », ce dernier ayant récemment affirmé à la presse russe que son groupe envisageait d’acheminer vers la Russie de l’électricité générée en France. Certes, en échange du gaz que Moscou devrait lui livrer via le gazoduc South Stream.

« Nous avons convenu de discuter de la fourniture à Gazprom d’un volume d’électricité identique à celui du gaz que le groupe russe livrera à notre compagnie, et ceci à long terme », avait ainsi précisé le dirigeant.

Rappelons que dans le cadre de la visite du premier ministre russe, Vladimir Poutine, en France, Gazprom et EDF viennent de signer un mémorandum d’accord qui prévoit l’intégration d’EDF au projet de construction de la partie off-shore du gazoduc South Stream. En vertu de l’accord, Gazprom devrait livrer annuellement près de 6 milliards de mètres cubes de gaz.

Mais, comme l’indique elle-même la presse russe (!….) « actuellement, de nombreuses centrales atomiques françaises sont en difficulté ». 

 « Début novembre 2009, 18 des 58 réacteurs nucléaires français étaient arrêtés pour des raisons techniques et en raison du manque de combustible« , précise ainsi Ria Novosti. Ajoutant qu’en comparaison avec 2008, la production a baissé de 8,9%. Rappelons tout de même que les prix de l’électricité sur le marché spot français – fixés la veille pour livraison le lendemain – avaient atteint le 19 octobre un niveau de 3.000 euros le mégawattheure, contre moins de 100 euros habituellement. A la « faveur » de différentes pannes observées sur des réacteurs nucléaires et sur une centrale hydraulique, combinées à une consommation plus forte que prévue.

Pour la Commission de régulation de l’énergie (CRE), la messe est dite : le « manque de fiabilité des prévisions du groupe » contribue « à un pic du prix de gros de l’électricité en France en octobre« , selon ses propres termes. Fichtre ! Laquelle CRE annonçait parallèlement avoir demandé à EDF d’améliorer la visibilité sur la disponibilité de son parc de production en vue d’éviter de fâcheuses conséquences.

La CRE explique par ailleurs que, dans un contexte d’arrêts programmés ou fortuits de certains réacteurs, « la tension constatée sur le marché de gros a résulté à la fois d’une sous-estimation de la consommation, d’un pic de celle-ci et d’une surestimation de la disponibilité des centrales d’EDF ».

Selon les premières conclusions de l’enquête de la Commission, ce bond des prix est notamment dû à des « arrêts fortuits » sur le parc nucléaire d’EDF ainsi que sur la centrale hydraulique de Grand-Maison, dans l’Isère. Ces pannes ont réduit de 4.100 mégawatts (MW) les capacités de production d’électricité disponibles pour la journée du 19 octobre. Parallèlement, les estimations de consommation ont été revues en hausse de 3.000 MW, en raison d’une chute brutale des températures.

Bilan des courses : un pic de consommation d’électricité a été enregistré le 19 octobre à près de 69.000 MW. Du fait de ce besoin soudain d’électricité, EDF, d’habitude vendeur sur les marchés de gros, est passé à l’achat, faisant flamber les prix. Ce jour-là, la France a importé 7.711 MW d’électricité, un record historique, selon RTE.

Sources : Ria Novosti, AFP, Reuters

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(7 commentaires)

  1. Bonjour Elisabeth,
    Intéressant article comme toujours… Cependant pourriez-vous le reprendre pour préciser à chaque fois si il s’agit de MW ou de MWh (Megawatt heure), le premier étant la puissance et le second l’énergie ?
    Par exemple je présume : « Bilan des courses : un pic de consommation … à près de 69.000 MWh … Ce jour-là, la France a importé 7.711 MWh d’électricité… »
    Mais j’ai un doute concernant : « Ces pannes ont réduit de 4.100 mégawatts (MW) » MW (puissance en pic) ou MWh (pertes sur la journée) ?
    Merci !

  2. « La Bretagne est même placée en « alerte rouge » mardi en raison d’un risque de coupure d’électricité « réel et imminent sur tout le territoire breton », indique le site Ecowatt. »
    France3 Haute-Bretagne vient de diffuser ce mardi soir 15/12 un reportage sur les illuminations de Noël à Rennes : 43 km de guirlandes et 600 000 ampoules !
    Il y a donc une certaine marge avant la coupure d’électricité…
    Cette histoire d’alerte rouge est une aimable plaisanterie, pour rester poli.

  3. Bonjour
    je tenais à vous dire que vous mélangez tout. Prenez le temps d’étudier la différence entre EDF et RTE, entre la fourniture de la france et la fourniture du responsable d’équilibre EDF. Apprenez que le réseau est fortement contraint, les congestions d’aujourd’hui sont des problèmes d’acheminement d’énergie. EDF produit suffisamment mais le manque d’infrastructure de transport en PACA et en Bretagne entraine cette situation (et elle n’est pas nouvelle). Il est tout à fait normal qu’EDF se fournit sur les marchés, cela signifie qu’il trouve de l’énergie ailleurs à meilleur prix et non qu’il ne peut les produire.
    Enfin pourquoi parlez vous de la journée du 19 octobre, elle n’a rien à voir. c’est un dysfonctionnement des bourses de l’énergie qui a entrainé des prix de 3000

  4. « EDF produit suffisamment mais le manque d’infrastructure de transport en PACA et en Bretagne entraine cette situation  » : il y a donc un pb d’investissements

  5. Le pompom est essentiellement un problème de communication. Par ignorance, ou plutôt par volonté, on évoque des problèmes d’investissements en laissant sous-entendre l’incompétence ou le laxisme des décideurs et dirigeants.
    Outre mon ex implication dans l’entreprise, ma simple mémoire de citoyen me permet de me souvenir des combats écolo-médiatiques qui ont arrêté le chantier de construction de la centrale de Plogoff en Bretagne, et bloqué depuis plus de 30 ans la construction de la ligne Bouttre Carros qui aurait permis d’éviter les incidents et les risques actuels de pannes majeures dans le sud est. Dans les deux cas les investissements étaient provisionnés.
    Quant aux indisponibilités des tranches de production qui nous coûtent aujourd’hui quelques Euros qui seront forcément répercutés sur les factures des clients, combien sont dus aux retards inhérents à des blocages dus là encore aux forces politico-syndicales qui ont un tel impact que l’intelligence et la cohérence n’ont plus la possibilité de s’exprimer.
    Le monde qui nous entoure sourit de cette situation et attend les dernières soldes des systèmes français pour nous asservir en toute « amitié ».

  6. Je n’ai rien d’autre à te dire que bravo, Jean-Georges.
    On pourrait encore développer l’argent dépensé en pure perte dans des éoliennes pour bobos, la fausse alerte au réchauffement climatique…

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