Le groupe pétrolier Total risque de ne pas trop se faire d’amis du côté de Moscou. Alors que la Russie fait les yeux doux à l’Azerbaïdjan tant sur les tarifs de transit gazier que sur le prix du gaz lui-même, la France et le groupe Total en tête met les bouchées doubles avec ce pays doté de deux fabuleux atouts : d’importantes ressources en hydrocarbures (gaz et pétrole) et une situation géographique « exceptionnelle »,entre l’Iran et la Russie,.
Inondée de pétrodollars, l’ex-république soviétique d’Azerbaïdjan est une pièce maîtresse dans la stratégie de l’Occident pour réduire sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Le pays, qui puise ses hydrocarbures dans la mer Caspienne, est un fournisseur clé pour les pays occidentaux, auquel il est relié depuis peu par l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan). Celui-ci contourne la Russie et lui permet de livrer son brut en Turquie et au-delà.
– Total signe un accord
Le groupe pétrolier français Total a signé un accord d’exploitation et de développement du gisement pétrolier et gazier offshore d’Acheron dans le secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne, a annoncé jeudi Socar, la compagnie énergétique nationale de cet ancien pays membre de l’Urss. Total contrôlera 60% du projet et Socar 40%, est-il ajouté.
Le groupe français et son homologue américain Chevron avaient déjà signé un accord de partage de production en 1997 avec Socar pour le gisement d’Abcheron, dont les réserves avaient à l’époque été estimées à entre 1.000 et 3.000 milliards de mètres cubes de gaz et près de 120 millions de tonnes de pétrole. Mais les deux majors s’étaient retirées du projet, jugé non rentable, en 2001.
En 2007, Total a produit 11.000 barils équivalent pétrole par jour en Azerbaïdjan, dont 3.000 barils de liquides.
– Hausse de production de pétrole en vue
Bakou a annoncé pour sa part mardi dernier tabler sur une hausse de sa production de pétrole, passant de 43 millions de tonnes en 2007 à 50 millions de tonnes en 2008. Le mouvement doit se poursuivre en 2009, avec une production prévue de 60 millions de tonnes, a précisé le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. « Nous allons désormais jouer un rôle important dans la sécurité énergétique de l’Europe », a-t-il ajouté, évoquant des réserves de pétrole « suffisantes pour cent ans » en Azerbaïdjan.
– Triplement de la production de gaz planifié
Le pays a également annoncé mercredi prévoir un quasi triplement de sa production de gaz d’ici 2015 par rapport à 2007. La production de gaz de cette ex-république soviétique, doit atteindre 47,5 milliards de m3 par an d’ici 2015 sous l’effet de la hausse de la production de son champ offshore de Shah Deniz, a ainsi annoncé le vice-président de la compagnie publique Socar, Hosbaxt Yusufzade.
Dès cette année la production de gaz devrait atteindre 27,4 milliards de m3, contre 16 milliards en 2007.
Les réserves azerbaïdjanaises prospectées atteignent 1.500 milliards de mètres cubes en incluant le gisement de Shah Deniz (1.300 milliards de m3), situé à 70 km des côtes de l’Azerbaïdjan en mer Caspienne, une des régions les plus riches en gaz du globe.
– Gazprom souhaite acheter du gaz à l’Azerbaïdjan
Gazprom a proposé lundi à l’Azerbaïdjan de lui acheter du gaz « aux prix du marché » sur la base de contrats à long terme, alors que les Etats-Unis et l’Europe veulent développer les livraisons vers l’Occident à travers des pipes contournant la Russie.
Au cours de négociations tenues lundi entre le PDG de Gazprom Alexeï Miller et le président azerbaïdjanais Ilkham Aliev, les parties ont également examiné les perspectives de développement de la coopération énergétique entre Gazprom et les compagnies azerbaïdjanaises.
« L’Azerbaïdjan, en tant que producteur d’hydrocarbures de premier plan de la CEI, est un partenaire objectif de la Russie, avec lequel il partage des intérêts communs. Nous souhaitons le développement de l’infrastructure gazière », a fait remarquer M. Miller, alors que les réserves azerbaïdjanaises permettent de couvrir la totalité des besoins en gaz du pays, qui n’en achète plus à la Russie depuis déjà plus d’un an.
En guise de première réponse, le ministre azerbaïdjanais de l’Energie Natik Aliyev a affirmé que l’Azerbaïdjan allait mener une politique du gaz indépendante fondée sur ses intérêts nationaux« . Le message est clair …
Alors que jusqu’à peu Bakou achetait du gaz à la Russie, cette proposition montre que « Gazprom pourrait penser ne pas avoir suffisamment de gaz pour respecter ses obligations vis-à-vis de l’Europe« , a commenté le vice-secrétaire d’Etat américain adjoint Matthew Bryza. Ce qui est peut-être très loin d’être faux …
L’Union européenne souhaite quant à elle faire de l’Azerbaïdjan un des fournisseurs principaux du projet de gazoduc Nabucco, destiné à livrer le gaz à l’Europe en contournant la Russie, projet auquel Gazprom tente de faire concurrence au moyen du gazoduc South Stream, qui devrait connecter la Russie à l’Italie en passant par la Bulgarie.
Sources : AFP, Ria Novosti
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