Une cour fédérale américaine a confirmé mercredi le gel de 300 millions de dollars d’actifs de la compagnie pétrolière publique du Venezuela, PDVSA, dans le cadre du contentieux entre le pays latino-américain et le groupe américain Exxon Mobil.
Alors que les relations entre Bush et le Président vénézuelien Hugo Chavez sont on ne peut plus tendues, PDVSA, a annoncé mardi la suspension de ses relations commerciales avec le géant pétrolier américain en l’accusant d' »actions de harcèlement juridico-économique ». La partie de ping-pong ne fait que commencer …
« Toutes les conditions sont réunies pour confirmer » la décision de geler les actifs de PDVSA, a annoncé la juge Deborah Batts, à l’issue de l’audience tenue dans une cour fédérale du district sud de New York.
ExxonMobil, le plus gros groupe pétrolier mondial, avait engagé toute une série de recours juridiques après que le Venezuela eut engagé le 1er mai la nationalisation des gisements pétrolifères du basin de l’Orénoque, en exigeant au moins 60% du capital des sociétés chargées de les exploiter.
Le groupe américain n’avait pas accepté de continuer à exploiter les bruts extra-lourds du gisement comme associé minoritaire de PDVSA.
Parallèlement à ce recours, ExxonMobil a obtenu en référé le gel pouvant aller jusqu’à 12,3 milliards de dollars d’actifs du groupe vénézuélien, lors de décisions rendues par des tribunaux américains, britanniques et néerlandais. En réponse, le Venezuela avait annoncé mardi la suspension de ses relations commerciales avec le géant américain.
Caracas avait auparavant démenti vendredi que la compagnie nationale pétrolière PDVSA ait été condamnée au gel d’une partie de ses actifs, suite à un recours de la multinationale américaine. Le gouvernement vénézuélien avait alors minimisé la portée de cette décision judiciaire, affirmant qu’il s’agissait d’une simple « mesure de précaution ». « Les fonds n’ont pas été gelés, c’est faux. Nous n’avons aucune décision définitive », avait ainsi déclaré le ministre de l’Energie, Rafael Ramirez, reprochant à ExxonMobil de tenter de « harceler » le gouvernement.
« C’est une mesure transitoire le temps que PDVSA présente sa défense, et nous sommes sûrs que cette mesure de précaution va être supprimée », avait ajouté M. Ramirez, qui préside par ailleurs la compagnie nationale pétrolière.
Le ministre avait toutefois admis que 300 millions de dollars d’actifs se trouvaient gelés « temporairement en attendant la décision judiciaire » d’un tribunal de New York. « Nous n’allons pas nous alarmer ni nous effrayer, pas plus que nous reculerons dans la décision de diriger nos ressources naturelles », avait conclu M. Ramirez.
Mercredi, les marchés pétroliers ont réagi à nouveau suite l’annonce faite par la Cour fédérale, le cours du brut passant désormais au dessus des 93 dollars.
Le Venezuela, le plus grand producteur latino-américain de brut, est le quatrième fournisseur pétrolier des Etats-Unis. En 2007, ses ventes moyennes à ce pays représentaient un peu plus d’un million de barils quotidiens, soit un peu moins de la moitié de sa production, chiffrée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole à 2,4 Mb/j. Le gouvernement vénézuélien affirme pour sa part produire 3,3 Mb/j.
Le Venezuela tire de la production pétrolière près de 25% de son produit intérieur brut et les impôts payés par PDVSA fournissent la moitié du budget de l’Etat.
Source : AFP