La visite de François Fillon au Kazakhstan aura été pour le moins fructueuse.
Car si l’accord conclu vendredi peut sembler anodin aux yeux de certains, qu’ils se détrompent. L’enjeu est d’une importance capitale dans la bataille sur l’accès aux matières premières à laquelle pourrait bien se livrer les géants de l’aéronautique EADS et Boeing, la Russie n’hésitant pas à jeter de l’huile sur le feu, « si nécessaire ».
EADS a annoncé vendredi avoir signé un protocole d’accord au Kazakhstan pour l’approvisionnement en titane du groupe, « ce qui représente potentiellement plus d’un milliard de dollars », selon un communiqué.
Le protocole d’accord signé à l’occasion de la visite du Premier ministre français François Fillon dans le pays, prévoit « l’approvisionnement en titane d’Airbus et des autres divisions d’EADS », a ajouté EADS.
L’accord a été conclu entre UKTMP le fournisseur kazakh de titane, Aubert & Duval (filiale d’Eramet) et EADS, qui vont établir une coentreprise sous le nom de UKAD, a précisé le groupe.
Dans un communiqué distinct, Eramet a précisé que « dans une première phase du projet, l’investissement devrait s’élever à 40 millions d’euros et créer une quarantaine d’emplois », pour un démarrage prévu en 2011.
Un investissement complémentaire d’environ 20 millions d’euros pourrait créer une vingtaine d’emplois supplémentaires, a ajouté Eramet.
Cet accord fait partie de la stratégie globale d’EADS et d’Airbus pour sécuriser son approvisionnement en titane, vital pour l’industrie aérospatiale, et plus particulièrement utilisé pour la fabrication des systèmes d’atterrissage, les pylônes et la structure du fuselage et des ailes.
Elle permet également au constructeur européen de s’affranchir du géant russe, important fournisseur de titane .. et d’éventuels chantages que Poutine pourrait exercer dans ce domaine ou dans le domaine gazier.
Pour le Kazakhstan, cet accord permet de démontrer qu’il est une puissance économique à part entière (pour ceux qui en douteraient), et que le fait de s’affranchir de la « tutelle » russe, voire de la contrer n’est pas pour lui déplaire.
Gageons que Poutine ne devrait pas voir d’un très bon oeil un tel accord.
Astana et Paris poursuivront leur dialogue en vue de garantir l’indépendance énergétique des deux pays, a annoncé pour sa part vendredi le premier ministre français François Fillon en visite au Kazakhstan.
La coopération entre la France et le Kazakhstan joue un rôle particulier, a souligné M. Fillon, ajoutant que ce partenariat méritait d’être renforcé.
Intéressée par un élargissement de la coopération avec les pays fournisseurs de matières énergétiques, la France considère le Kazakhstan comme l’un de ses partenaires importants et prometteurs dans ce domaine. La part du Kazakhstan dans les importations d’hydrocarbures en France s’élève à 9%, ce qui le place en quatrième position après la Norvège (16%), la Russie (12%) et l’Arabie saoudite (11%).
La France est le cinquième partenaire économique du Kazakhstan (après la Russie, la Chine, la Suisse et l’Italie). En 2007, les échanges commerciaux franco-kazakhs ont dépassé 4 milliards de dollars. Quant aux investissements français dans l’économie kazakhe, ils ont atteint 3,7 milliards de dollars.
Sources : AFP, Ria Novosti
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Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, est quant à elle venue chercher l’autorisation d’extraire 3 000 t d’uranium du sous-sol kazakh au lieu des 1 000 initialement prévues.
« C’est extrêmement concurrentiel, le monde entier est là et le choix entre les entreprises est très politique, ça passe par Nazarbaev », confiait-elle alors que Fillon s’entretenait avec l’inamovible président de l’ancienne République soviétique.
Source : Le parisien