Chacun connaît les fonds de pension, les fonds d’investissement (private equity) ou les fonds spéculatifs (hedge funds). En revanche, on en sait un peu moins sur les fonds dits souverains, en anglais « sovereign wealth funds » (SWF). Pourtant, ces véhicules d’investissement chargés de faire fructifier les gigantesques réserves de devises de certains pays (Chine, Russie, Norvège, émirats arabes, etc.) commencent à faire parler d’eux… et à faire peur. Les estimations restent approximatives et très hétérogènes : selon la banque Morgan Stanley ils pèseraient 2500 milliards de dollars, 3000 milliards selon Steffen Kern, de la Deutsche Bank, tandis qu’un rapport d’information du Sénat présenté jeudi par Jean Arthuis les évalue à 4000 milliards de dollars pour les seuls pays du Golfe, qui sont parmi les plus dynamiques dans ce domaine.
Surtout, les fonds souverains sont appelés à grossir encore de façon impressionnante : selon Steffen Kern, leur montant pourrait s’élever à 10 000 milliards de dollars en 2016, « sans compter les entreprises d’Etat qui peuvent être incluses dans cet ensemble ». Morgan Stanley estime de son côté qu’avec un poids cumulé de 12 000 milliards de dollars en 2015, les fonds souverains seraient en mesure d’acheter toutes les entreprises cotées à Paris, Londres, Francfort, Madrid, Milan, Bruxelles et Lisbonne !
C’est là que réside l’inquiétude, ainsi que la nouveauté : non contents de prêter leurs milliards – en achetant par exemple des bons du Trésor américains – ces instruments d’investissement s’invitent depuis quelque temps dans l’actionnariat des entreprises. La Chine a ainsi surpris tout le monde au mois de mai en mettant 3 milliards sur la table de Blackstone juste avant l’introduction en bourse de ce dernier. Plus préoccupant, les fonds souverains se mettent à lancer des OPA. C’est ainsi que le fonds qatari Delta Two a offert cet été de racheter le distributeur britannique Sainsbury pour un peu plus de 15 milliards d’euros. Avec l’explosion de leurs recettes pétrolières (Russie, Moyen-Orient, Norvège) ou l’emballement de leurs exportations (Chine), un certain nombre d’Etats cherchent à diversifier leurs placements, en raison notamment de la dépréciation du dollar.
Ces acteurs ne sont pas nouveaux, mais leur croissance rapide, l’incertitude concernant leur taille réelle et la nature de leurs ambitions ont de quoi effrayer les pays occidentaux. Le G7 s’est inquiété la semaine dernière de la montée en puissance de ce capitalisme d’Etat. Ce n’est pas tant sa volonté – légitime – de trouver des investissements plus rémunérateurs qui préoccupe l’Occident que ses motivations politiques ou géopolitiques sous-jacentes dans un certain nombre de cas. Le rachat de 5 % du groupe d’aéronautique et de défense EADS par la banque publique russe VTB en a été une illustration.
Beaucoup de ces prises de participation, a fortiori lorsqu’elles sont minoritaires, obéissent heureusement à des logiques purement financières. Les symboles sont parfois trompeurs (le Nasdaq, la banque Barclay’s) et les réactions excessives – comme au début de 2006 lorsque le rachat par Dubaï Ports World (DPW) de la compagnie maritime britannique P & O lui a donné l’occasion de mettre la main sur les ports américains de New York, Philadelphie, Baltimore, La Nouvelle-Orléans, Miami et Newark. Sans compter que nombreuses sont les entreprises qui aimeraient avoir de tels investisseurs à leur tour de table ! Jean Arthuis a estimé par exemple que « quand il s’agit de recapitaliser certaines sociétés comme EADS, l’intervention de fonds souverains [Dubaï NDLR] est bienvenue ». Ajoutant que l’amortissement « assez rapide » (selon lui) de la crise des subprimes sur les marchés boursiers devait beaucoup aux liquidités dont ces fonds disposent abondamment.
Il reste qu’un pays comme la France est « en position de relative faiblesse » face à de tels mastodontes. Le sénateur Jean Arthuis voit à cela deux raisons : d’une part notre balance commerciale, dont le déséquilibre entraîne un fort besoin en investissements étrangers, d’autre part l’opacité des fonds souverains, qui interdit de connaître l’ampleur exacte de leurs diverses participations dans l’économie française. « Une fraction significative des sociétés du CAC 40 est détenue par ces fonds »… nul n’en sait davantage.
Sources : Les Echos, La Tribune, Le Monde, Le Figaro
Un fonds souverain bien indigent
La France a aussi son « fonds souverain ». Créé en 1999, le Fonds de réserve des retraites (FRR) investit l’argent public pour compléter, à partir de 2020, le financement des retraites des salariés du privé, des commerçants et des artisans. Mais face à ces mastodontes, le FRR est bien inoffensif.
Il dispose aujourd’hui d’une force de frappe près de dix fois moindre (33,8 milliards d’euros), par rapport au fonds norvégien. A l’origine, l’Etat souhaitait le doter de 150 milliards. Mais « l’histoire est un peu compliquée », euphémise Raoul Briet, président du conseil de surveillance du FRR. Une à une, toutes les sources censées alimenter le FRR se sont taries.
Les fonds souverains sont financés la plupart du temps par les pétrodollars et les excédents commerciaux. Mais la France n’a ni les uns ni les autres. Elle cumule au contraire les déficits (commercial et budgétaire). Les cessions des participations de l’Etat, qui auraient dû financer le FRR, servent donc en priorité à rembourser la dette publique. « Depuis fin 2002 et la privatisation du Crédit lyonnais, le FRR n’a rien touché », constate M. Briet. Quant au fonds de solidarité vieillesse, dont les excédents devaient alimenter le fonds, « il affiche un déficit cumulé de 5 milliards », souligne-t-il. Enfin, la vente d’une quatrième licence de téléphonie UMTS était censée abonder le FFR. Mais l’appel d’offres lancé n’a, à ce jour, pas abouti. « C’est comme ça », se résigne M. Briet. In fine, le fonds vit d’une « toute petite partie » des revenus des prélèvements sociaux, indique M. Briet. Soit 1,5 milliard d’euros en 2007.
Pourtant, « le FFR crée de la valeur pour la collectivité », signale le président. Malgré la crise financière de cet été, le fonds affiche à fin septembre un rendement de 5,7 % pour 2007. Depuis son démarrage, sa performance moyenne annuelle est de 9,9 %. « Chaque euro investi rapporte davantage que ce qu’il coûte à la collectivité, c’est-à-dire 4,4 % qui est le coût de l’endettement de l’Etat », calcule M. Briet.
La performance du FRR pourrait faire réfléchir l’Etat. Le fonds « est un outil dédié aux générations futures », rappelle le dirigeant. Or, une profonde réforme du financement des retraites a été engagée en 2003. Au premier semestre 2008, les discussions sur les régimes généraux devraient reprendre, et le rôle du FRR être précisé. L’objectif de le doter des fameux 150 milliards sera peut-être remis à l’ordre du jour.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-970670,0.html
En effet c’est bien triste… quel que soit le sujet ou presque, quand on parle de la France on en revient toujours au problème des déficits et de l’endettement.
Et dire que certains économistes pensent que l’endettement du pays n’est pas vraiment un handicap, qu’il suffit que l’Etat emprunte…
D’après les allégation de Jean Arthuis, les pays du Golfe ont de quoi racheter toute la France. C’est bizarre le « patriotisme » économique à la française. Lorsque des entreprises françaises rachètent des concurrents étrangers on se félicite mais lorsque c’est dans le sens contraire on crie au loup (souvenez de l’affaire Mittal Steel qu’on présenté comme une entreprise « indienne » alors que ce n’est même pas le cas). Il y a toujours un fond de racisme dans les décisions politiques prises en France.
Au-delà du « patriotisme économique » parfois excessif, je crois qu’il y a quand même la crainte légitime de voir les plus beaux « fleurons » de notre industrie (comme on dit) tomber aux mains de gens qui n’ont pas toujours des intentions très pures, ni des stratégies favorables à la sauvegarde de l’emploi…
Quand on s’inquiète par exemple des ambitions de M. Poutine concernant le gaz en Europe (via Gazprom), où est le « racisme » ? Il s’agit pour les pays européens de garder le contrôle sur leurs approvisionnements énergétiques, c’est tout.
Il ne faut quand même pas oublier qu’un certain nombre de secteurs (défense, énergie, technologies sensibles, etc.) ont partie liée avec notre indépendance et notre souveraineté, autrement dit avec la maîtrise de notre avenir.
Et puis les mêmes qui s’indignent qu’on n’ouvre pas assez la porte aux fonds d’investissement des pays émergents s’indignent-ils autant de l’absence de réciprocité ? La Chine par exemple protège jalousement ses entreprises de toute prise de contrôle étrangère.
Sans parler de l’origine de ces fonds dits souverains, qui est parfois douteuse ou contestable.
Réponse à Olivier
« Au-delà du « patriotisme économique » parfois excessif, je crois qu’il y a quand même la crainte légitime de voir les plus beaux « fleurons » de notre industrie (comme on dit) tomber aux mains de gens qui n’ont pas toujours des intentions très pures, ni des stratégies favorables à la sauvegarde de l’emploi… »
Encore et toujours des allégations infondées. Par contre quand les « fleurons » délocalisent dans certains pays pour réduire leurs coûts
c’est bon pour l’emploi n’est-ce pas?
« Quand on s’inquiète par exemple des ambitions de M. Poutine concernant le gaz en Europe (via Gazprom), où est le « racisme » ? Il s’agit pour les pays européens de garder le contrôle sur leurs approvisionnements énergétiques, c’est tout. »
Comment peut-on prétendre vouloir garder le contrôle de quelque chose dont on ne dispose pas? Il y a du gaz en France? Non bien sûr. Nous sommes obligés de l’acheter à la Russie, l’Algérie, etc…
Nous acceptons d’acheter des matières premières à ses pays pour les vendre sur notre marché intérieur mais nous refusons qu’ils le vendent eux-mêmes car nous avons peur de perdre des avantages qui sont illégitimes.
« Il ne faut quand même pas oublier qu’un certain nombre de secteurs (défense, énergie, technologies sensibles, etc.) ont partie liée avec notre indépendance et notre souveraineté, autrement dit avec la maîtrise de notre avenir. »
Ca me fait rire cette propension à évoquer la souverenaité nationale alors que la France a déjà vendu les bijoux de famille. Par exemple la sécurité des aéroports est laissé à des compagnies privées mais ça ne choque pas grand monde. Pour prendre un exemple encore plus frappant le domaine de l’eau qui est le bien le plus précieux et dont tout les humains ont besoin pour vivre a été laissé au privé. Qu’est ce qui empêcherait des intérêts privés voire étrangers de saboter ou contaminer le réseau et ainsi mettre en danger la vie de millions de citoyens? La aussi personne ne dit rien. C’est à géométrie variable l’indignation chez vous?
« Et puis les mêmes qui s’indignent qu’on n’ouvre pas assez la porte aux fonds d’investissement des pays émergents s’indignent-ils autant de l’absence de réciprocité ? La Chine par exemple protège jalousement ses entreprises de toute prise de contrôle étrangère. »
Pourriez-vous apporter des éléments probants permettant d’étauer vos affirmations?
« Sans parler de l’origine de ces fonds dits souverains, qui est parfois douteuse ou contestable. »
Encore une fois des allégations infondées. Pourtant l’adage dit que l’argent n’a pas d’odeur. Par contre l’argent français est très propre selon vous? L’argent de la prostitution, de la drogue, des jeux, etc… provenant de France trouve plus de grâce à vos yeux que les pétrodollars.
Lorenzo manie l’approximation avec brio mais puisqu’il veut quelques arguments, les voici :
– sur les « fleurons » : je n’ai jamais prétendu que les grands groupes français ne délocalisaient pas, au contraire je le déplore et le dénonce. Mais d’une part (comme je l’écris dans l’article) ils ne sont déjà plus français pour la plupart (au moins la moitié du CAC 40) et l’on revient au problème des fonds d’investissement étrangers ; d’autre part les délocalisations ne sont pas dues simplement à la voracité financière du capitalisme, explication un peu courte car cette recherche du profit maximal par les actionnaires a toujours existé, pendant les Trente Glorieuses comme à toutes les époques. Non, la vraie raison des délocalisations c’est l
Merci Olivier de demonter la critique pseudo-argumentee de Lorenzo.
WASHINGTON (AFP) 21/03/08 – Le Fonds monétaire international (FMI) va surveiller de plus près les fonds souverains, ces outils d’investissement détenus par un Etat, dont la richesse, les politiques d’achat agressives mais aussi un certain flou entourant les objectifs suscitent des interrogations.
Des responsables du FMI ont l’intention de développer une sorte de code de bonne conduite volontaire qui délimiterait les contours de ce qu’il est de bon aloi de faire et de ce qui l’est moins pour ces fonds, indique le FMI dans un communiqué publié vendredi.
On estime que les fonds souverains gèrent aujourd’hui des sommes évaluées entre 2.000 et 3.000 milliards de dollars d’investissements, et qui pourraient grimper entre 6.000 et 10.000 milliards de dollars d’ici cinq ans.
Des responsables gouvernementaux comme des commentateurs privés ont fait part de leurs inquiétudes sur la transparence de ces fonds, sur leur taille et leurs stratégies d’investissement qui pourraient être motivées politiquement.
Nombre d’Etats, comme par exemple un grand nombre de pays pétroliers, ont souvent recours à ce type de fonds pour investir sur le très long terme et s’assurer un revenu plus régulier et plus pérenne que celui tiré des matières premières.
D’autres ont recours à ces fonds pour diversifier leurs sources de revenus.
Ces véhicules d’investissement, qui existent de longue date pour certains, ont fait parler d’eux récemment pour être venus au secours, à coups de milliards de dollars, d’institutions financières américaines qui avaient besoin d’argent frais après s’être brûlé les doigts sur le marché des prêts hypothécaires à risque (« subprime »).
Ainsi Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), le fonds souverain de l’émirat d’Abou Dhabi, a-t-il investi en novembre 7,5 milliards de dollars dans Citigroup, le plus grand groupe bancaire américain, suivi cette année par le GIC (Government Investment Corporation) de Singapour avec 6,8 milliards de dollars.
Si l’argent a été très bien accueilli cette fois, d’autres tentatives de rachat ont été rejetées parce que jugées trop sensibles stratégiquement.
N’attendant pas d’avoir le code de bonne conduite du FMI, les Etats-Unis ont pris les devants.
Jeudi, le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a rencontré des responsables des fonds souverains de Singapour et de l’émirat d’Abou Dhabi et les trois parties sont tombées d’accord pour appeler à un code de bonne conduite mutuelle.
Les principes rejoignent ceux que devrait édicter le FMI à l’automne.
Pour les fonds, les décisions d’investissement doivent ainsi être « fondées uniquement sur des bases commerciales, plutôt que dans le but de faire avancer directement ou non les ambitions politiques du gouvernement contrôlant le fonds », indiquait le Trésor américain dans un communiqué.
Les fonds doivent être encouragés à « une plus grande transparence » dans leurs objectifs d’investissements notamment et disposer de « structures de gouvernance forte ».
Les pays hôtes de leur côté « ne doivent pas ériger de barrières protectionnistes » contre les investissements étrangers, soulignait-il également.
L’Allemagne contre les fonds souverains
A l’instar de la France, qui a rendu public jeudi 22 mai un rapport remis au ministère de l’économie prônant « ouverture » et « réciprocité » vis-à-vis des fonds souverains, l’Allemagne ne ferme pas sa porte à ces investisseurs étatiques. En voyage dans les pays du Golfe, le ministre allemand des finances, Peer Steinbrück, l’a confirmé : « Personne ne veut barrer la route aux investisseurs étrangers. Nous serions fous d’agir de la sorte », a déclaré le ministre social-démocrate (SPD), mardi 20 mai, lors d’une visite à la chambre de commerce et d’industrie du Koweït. « Notre intérêt est bien plutôt de faire venir les fonds souverains en Allemagne », a-t-il insisté.
Avec ce plaidoyer, M. Steinbrück s’essaie au grand écart alors même que Berlin prépare une loi visant à protéger les entreprises allemandes des convoitises des investisseurs étrangers. En première ligne, ces fameux fonds dits souverains, alimentés par les Etats et dotés de réserves de change faramineuses qui effrayent à Berlin. La cagnotte dont ils disposent est évaluée à quelque 3 000 milliards de dollars (1 920 milliards d’euros).
Pour limiter leur influence, Berlin travaille depuis plusieurs mois à un dispositif aux relents protectionnistes : tout projet d’acquisition de plus de 25 % d’une entreprise allemande dite « stratégique » ou relevant de la « sécurité publique » devra être notifié au gouvernement. Lequel se réserve le droit d’opposer son veto. Actuellement, seul le secteur de l’armement est soumis à une telle réglementation.
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