Honnêtement on s’en doutait, mais cela a désormais le mérite d’être clair : le président français Nicolas Sarkozy et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet ne sont pas « sur la même longueur d’onde sur la politique monétaire », a admis lundi soir M. Sarkozy
Reste tout de même à trouver un arrangement entre les deux hommes, au delà des clivages, l’un représentant la France, l’autre la Banque de l’UE, ne l’oublions pas.
Le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker s’est dit quant à lui lundi soir « content de voir la France entrer dans une phase de réforme profonde » et s’est dit certain qu’il n’y aurait pas d' »arrêt général à la consolidation budgétaire en France ».
« Sur la politique monétaire, j’en ai brièvement discuté avec mon ami Jean-Claude Trichet. Nous ne sommes pas exactement sur la même longueur d’onde », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse, à l’issue de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à laquelle il participait. Notons au passage que Jean-Claude Trichet reste toujours son ami….
Pourtant à mots à peine voilé, le président de la BCE avait critiqué dimanche la position du nouveau président français, jugeant que ce serait « une énorme erreur de sous-estimer l’Europe en tant que succès », insistant notamment sur le « succès remarquable de l’euro en Europe et dans le monde ». Il s’exprimait ainsi lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence.
Le président français reproche quant à lui à la BCE de mener une politique de hausse de taux d’intérêt, dont une des conséquences est de soutenir le niveau élevé de l’euro. Fin mai, Nicolas Sarkozy avait assuré qu’il ne voulait pas remettre en cause l’indépendance de la BCE, mais qu’il « prendrait des initiatives » pour doter la zone euro d’un véritable gouvernement économique. Le renforcement de l’Eurogroupe, l’instance qui regroupe les ministres des Finances des pays de la zone euro, est un thème récurrent pour contrebalancer le pouvoir de la Banque centrale européenne, accusée de se soucier exclusivement de la lutte contre l’inflation et non de la croissance ou du chômage.
En réponse à cette position, un haut responsable de la Banque centrale européenne a néanmoins rejeté lundi l’idée défendue par la France de donner plus de poids politique à l’Eurogroupe sur le front des changes, la jugeant dangereuse pour la stabilité des prix dans la zone euro. La création d’un « gouvernement économique européen » prévoyant une coopération plus étroite entre la BCE et les gouvernements allant au-delà d’un échange de vue informel, « ne conduirait qu’à une confusion des responsabilités et des missions », estime Jürgen Stark, membre du directoire de la BCE, visant indirectement la France sans la citer. « Surtout, l’indépendance de la BCE serait endommagée et en conséquence l’assurance de préserver de façon crédible la stabilité des prix dans la zone euro serait mise en danger », poursuit l’Allemand.
« Nous sommes contents de voir la France entrer dans une phase de réforme profonde: c’est une bonne nouvelle pour l’Europe, la France ne sera plus jamais le pays de l’immobilisme », a déclaré pour sa part le président de l’Eurogroupe M. Juncker, à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro à laquelle participait exceptionnellement le président français pour présenter son programme de réformes.
M. Juncker a cependant souligné que M. Sarkozy avait promis lors de cette réunion que la France resterait « profondément ancrée dans une philosophie de consolidation budgétaire« . Et qu’il s’était engagé, « sans que nous ayons à le pousser », à ce que « toutes les recettes supplémentaires conjoncturelles qui seraient réalisées au-delà des prévisions budgétaires soient affectées à la réduction de la dette et du déficit. » « Il n’y a donc pas de stop et pas d’arrêt général à la consolidation budgétaire en France », a souligné M. Juncker.
Source : AFP
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