Record de la demande mondiale d’or en 2005 (1/2)

GoldstoresC’est le Conseil mondial de l’Or (‘World Gold Council’, WGC) qui l’a annoncé hier par communiqué de presse : durant l’année 2005, la demande mondiale d’or a atteint un niveau inouï de 3.754 tonnes (+ 7 % sur un an), soit un montant en valeur de 53,6 milliards de dollars (+16,4 % sur la même période). Dans son communiqué, le Conseil indique que « toutes les composantes de la demande (joaillerie, industrie et investissement) enregistrent une croissance annuelle à deux chiffres en valeur ».

Si la bijouterie est la destination de près des trois quarts de ce total, la composante la plus dynamique de la demande est cette année encore l’or d’investissement. Retour sur les tendances 2005, puis interrogations sur l’organisme qui en a fait part.

  • Du côté de l’offre

Selon les chiffres officiels du WGC, l’offre mondiale d’or a progressé de plus de 15% en 2005 pour atteindre 3.859 tonnes. Ainsi le marché de l’or est-il excédentaire de 105 tonnes cette année, contre un déficit de 162 tonnes l’année précédente.

Pourtant, la production minière, à 2.494 tonnes, progresse à peine. Et pourtant, la reprise des programmes de ventes à terme par les producteurs, qui mobilisent de l’or extrait cette année pour vente ultérieure, ne sont que de 138 tonnes cette année, contre 427 l’année précédente. Les minières ont tendance à reprendre leurs engagements en la matière, car les prix de ces contrats à terme étaient généralement faibles comparés au cours actuels, ce qui induit des manques à gagner substantiels. Mais l’année passée, donc, les producteurs ont fortement réduit leur tendance au « de-hedging ». Ce qui a permis d’afficher une offre minière nette, selon le communiqué, de 2.355 tonnes, en forte hausse de plus de 15% également.

Autre facteur de la forte hausse de l’offre, les ventes des banques centrales, notamment celles d’Europe liées par l’accord CBGA II (qui leur permet de céder 500 tonnes par an pendant cinq ans, contre 400 sous  CBGA I) : selon le Conseil, les instituts émetteurs ont vendu sur le marché en 2005 un volume record de 663 tonnes d’or, en hausse de 41% sur un an !

Dernière composante de l’offre d’or, le recyclage, qui progresse à peine en 2005 à 841 tonnes.

Bref, la hausse importante de l’offre d’or provient d’abord des ventes d’or propriété des banques centrales, extrait depuis longtemps, ainsi que de la réduction d’un « de-hedging » d’autant plus coûteux pour les minières que le cours de l’or monte. Et non d’une production minière stagnante.

  • Puis de la demande

1. La joaillerie en hausse modérée (+ 4,5%)

Hindubride Commençons d’abord par détailler l’évolution des usages de l’or l’année passée. En 2005, 72% de la demande d’or provenait sans surprise du secteur de la joaillerie, ce qui représente un total de 2.736 tonnes (+ 4,5% sur un an), soit une croissance en ligne avec la hausse du PIB mondial. En valeur, compte tenu de la hausse du cours de l’or sur la période, cela représente un montant de 39 milliards de dollars, en hausse de 13,5%.

« De nouveaux records annuels de demande ont été atteints en 2005 aux Emirats Arabes Unis, au Vietnam et, pour la troisième année consécutive, en Turquie », précise le communiqué. « En volume, des hausses à deux chiffres ont été constatées en Inde (+ 14%) et en Arabie Saoudite (+ 12%), ainsi que de solides progressions autour de 6 à 8% en Chine, aux Emirats Arabes Unis et en Turquie pour l’année sans son ensemble ».

Notons à titre indicatif quelques uns des premiers marchés mondiaux de la bijouterie. Nous ne retenons ici que les pays consommant plus de 100 tonnes par an, qui à eux tous représentent près de la moitié de la demande mondiale : l’Inde (589 tonnes en 2005, + 14%), les Etats-Unis (353 tonnes, + 0,6%), la Chine (241 tonnes, + 8%), la Turquie (197 tonnes, + 6%), et l’Arabie Saoudite (152 tonnes, + 12%). Le premier pays européen est l’Italie, connu notamment pour ses joailliers, avec 72 tonnes en 2005, en recul de 7% sur un an.

Reprenons dans leurs grandes lignes les explications avancées par le communiqué. La forte demande indienne repose sur des facteurs culturels renforcés par une croissance élevée de la richesse nationale comme de la population. La « saison des mariages », à l’automne, correspond traditionnellement à un pic de la demande mondiale, les dots étant souvent constituées de bijoux. Notons cependant que la hausse continue des cours de l’or a sensiblement découragé la demande indienne en fin d’année, puisque sur un an la demande indienne du T4 a reculé de 51%, selon le communiqué.

Aux Etats-Unis, il est indiqué que l’année 2005, caractérisée par une hausse de la demande de bijoux, est « la première depuis 2001 à ne pas se caractériser par un déclin ».

L’explication de la tendance est similaire en Chine, même si la demande chinoise n’a pas ralenti au T4, au contraire, grâce aux pièces d’or de collection classées comme bijoux mais considérées en Chine comme un placement. 2006 sera placée sous le signe astrologique du Chien, qui « est généralement considéré comme de bon augure pour les mariages », note le Conseil.

La demande turque, toujours en forte hausse, répond à des impératifs traditionnels orientés contre l’inflation monétaire. Comme en Chine, les médailles en or se vendent énormément, mais sont classées en bijouterie alors qu’elles relèvement localement d’une logique d’investissement.

Enfin, la forte hausse enregistrée par l’Arabie Saoudite tient en bonne partie à la hausse des recettes pétrolières, mais tient aussi au net assouplissement d’une réglementation nationale très contraignante en matière de fabrication et d’importation de bijoux. La hausse est cependant une tendance qui caractérise le Moyen Orient dans son ensemble, puisque la demande d’or de bijouterie a crû dans cette région de 8% l’année dernière.

Le communiqué note que « l’Europe est restée l’exception d’une tendance mondialement positive pour la demande d’or en 2005. Les achats de joaillerie ont été inférieurs cette année à leurs niveaux de l’année précédente sur les deux principaux marchés, l’Italie et le Royaume-Uni ». La faiblesse de la conjoncture italienne et l’extension de la TVA applicable aux objets d’or outre-Manche sont les explications avancées.

2. L’industrie en berne : + 2,1%

Troisième usage de l’or : la demande des industries. Principal poste de ce secteur, les industries électroniques consomment de l’or pour la fabrication de circuits intégrés notamment. Cette demande a pris 4% en 2005, à 270 tonnes.

La faiblesse de la progression de la demande industrielle s’explique par la dentisterie, qui en représente 1/6ème et recule de 4% sur la période. Le Conseil mondial de l’Or explique ce recul « à 80% (…) par la réduction des financements publics allemands pour les soins dentaires ». La réforme de la Sécurité sociale allemande peut donc produire des effets sur la demande d’or…

3. L’or d’investissement en pleine forme : + 26% !

Fortknox « La demande d’or d’investissement identifiable en tant que tel (voir la demande de médailles classées comme bijoux en Chine et en Turquie, NDLR) a totalisé 600 tonnes en 2005, en progression de 26% sur un an » en volume et de 37% en valeur, se félicite le Conseil de l’or, contre cependant une progression de 44% en 2004. L’année dernière, l’or d’investissement représentait 8,6 milliards de dollars en montant. En deux ans, le volume d’or d’investissement a presque doublé, et multiplié par 2,2 en montant grâce à la hausse de l’or : indubitablement, ce marché de produits de placement connaît un impressionnant essor.

« Les chiffres 2005 (…) montrent qu’au cours du quatrième trimestre en particulier, des flux substantiels en provenance des investisseurs institutionnels se sont positionnés sur l’or », ajoute t-il. Ces 600 tonnes se répartissent en deux groupes : le premier d’entre eux, qui représente les deux tiers du total, est composé de supports physiques. Il s’agit d’abord de lingots d’or, qui vont de la barre d’or dit « monétaire » d’une douzaine de kilos à des lingotins de quelques dizaines de grammes. En 2005, la demande mondiale a absorbé 268 tonnes de lingots, soit presque 90 tonnes de plus qu’en 2003. Viennent ensuite les pièces d’or frappées par les instituts officiels, à hauteur de 120 tonnes.

Streettracksgs Mais le produit qui enregistre le plus fort décollage, sur un marché lui-même en plein boom, c’est celui des fonds sur or. Le communiqué ne dit pas autre chose : « la catégorie connaissant la plus forte croissance sont les ETF et assimilés, qui ont décollé massivement de 53% en volume et de 67% en valeur. Sur les 203 tonnes de flux entrants d’ETF en 2005, 168 tonnes, soit 83%, reviennent au produit streetTRACKS GOld Shares, soutenu par le WGC et coté sur le New York Stock Exchange ».

En proportion, c’est plus impressionnant encore : les ETF et assimilés représentaient 12 % de l’investissement en or en 2003, 28% en 2004 et 33% en 2005. Le volume d’or concerné a été multiplié par 5 en deux ans.

–> Rappelons qu’un ETF, pour « Exchange Traded Fund », est une part de fonds négociable en Bourse aussi simplement que n’importe quel titre, mais qui porte sur un panier d’actions, d’obligations ou de produits de base. En France, on parle parfois de « trackers » pour désigner les ETF. L’or qui sous-tend l’ETF doit être détenu de manière mutualisée dans un coffre-fort, dûment gardé et assuré. Le stock doit être ajusté quotidiennement, à mesure que les investisseurs achètent ou vendent des parts de fonds. Un coût prélevé sur la valeur de la part de fonds vient régler les frais de gestion et de stockage.

Le WGC ajoute que « d’après les analyses de marché, la grande majorité des flux entrants sur l’or d’investissement sont constitués de nouveaux investissements, la « cannibalisation » des investissements pré-existants restant faible. En outre, la majorité des investisseurs semble avoir un profil de long terme. Et les flux entrants vers les ETFs dans les premières semaines de 2006 dépassent le taux moyen de ventes nettes des banques centrales durant toute l’année 2005″. Il n’en reste pas moins que face à 663 tonnes d’or vendues par les banques centrales, on retrouve 600 tonnes de flux entrants sur l’or d’investissement.

Au2005_1 Le WGC affirme qu’au cours du seul quatrième trimestre, les ETF sur or ont gagné 79 tonnes d’encours, quand les autres formes d’investissement en or auraient pris 200 tonnes. Soit près de la moitié du total annuel sur un seul trimestre, si nous comptons bien. L’évolution des cours de l’or vient confirmer un mouvement entrant en fin d’année, période durant laquelle la hausse et le volatilité de l’once d’or furent les plus vives (voir graphique cliquable).

Cité par le communiqué, James Burton, directeur général du WGC, estime « qu’il est clair que grâce au succès des ETF gagés sur l’or et à nos campagnes marketing à destination du monde de la finance, les investisseurs de long terme profitent de plus en plus des investissements en or ».

En rester là ne serait foncièrement pas honnête pour le lecteur de cet article.

Suite de l’article : Mais qui est derrière les ETF sur or ?

(11 commentaires)

  1. Hyper intéressant !!! merci bcp
    notamment sur les dentistes !
    « Troisième usage de l’or : la demande des industries. Principal poste de ce secteur, les industries électroniques consomment de l’or pour la fabrication de circuits intégrées notamment. Leur demande a pris 4% en 2005, à 270 tonnes.
    La faiblesse de la hausse globale s’explique par la dentisterie, qui représente 1/6ème de la demande industrielle et recule de 4% sur la période. Le Conseil mondial de l’Or explique ce recul « à 80% (…) par la réduction des financements publics allemands pour les soins dentaires ». La réforme de la Sécurité sociale allemande peut donc produire des effets sur la demande d’or…  »

  2. petit conseil pour les personnes intéressées par les placements dans l’or : Euro ressouces la seule que l’on peut placer dans un PEA…
    +90% depuis 1er janvier
    +203% depuis 1 an…
    et selon certains elle pourrait monter a +5

  3. L’ex-Guyanor offre il est vrai un beau parcours et de belles potentialités spéculatives…
    Mais ce n’est pas la seule mine d’or éligible au PEA : la place de Londres compte un nombre impressionnant de valeurs qui sont elles aussi éligibles pour la plupart (à la volée et sans jugement de valeur, Peter Hambro, Avocet, Celtic Resources, etccc…).
    Le lien suivant les liste, mais je ne garantis pas qu’il soit à jour :
    http://www.dani2989.com/articles/minespeable16012004.htm
    Et peut-être y en a-t-il de cachées ailleurs dans les places de marché d’UE

  4. Bonjour, site extrèmement intèressant pour le profane que je suis. En fait de commentaire , je voudrais vous demander pourquoi le cours de l’or baisse de manière significative actuellement et ce depuis un bon mois. Ma question n’est pas désintéréssée car je possède un compte e-gold et cette baisse m’inquiète un peu.
    Merci d’avance.
    Bonne continuation…
    Amicalement

  5. Et pourquoi voudrais-tu donc que le cours de l’or ne fasse que monter ?
    Ce genre de correction est très sain dans un marché haussier.

  6. honneur de vous féliciter apres avoir lu les détails de vos sites.je suis dans l’or dépuis 25 ans je veux bien travailler avec vos entreprises dans la transparence fiablité crédiblité.telephone:0022997192137 cotonou bénin

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