Le conflit social en Guyane impacte fortement Arianespace. Selon la société européenne, les conséquences financières se chiffreraient pour elle à plusieurs millions d’euros. Les mouvements sociaux ont en effet entraîné le blocage du site de lancement de la fusée Ariane à Kourou. Des coûts qui devraient avoir des incidences sur les comptes de Airbus Safran Launchers, coentreprise à parité entre Airbus et Safran, qui détient 74 % de Arianespace.
Un porte-parole de la société a toutefois confirmé son objectif de 12 lancements cette année. Une fois que les opérations auront repris, Arianespace compte en effet pouvoir limiter les retards aux trois campagnes actuellement en cours, un planning rendu possible du fait qu’aucun lancement n’était prévu en mai. En 2017, Arianespace vise jusqu’à sept lancements d’Ariane 5, ainsi que sur trois lancements du petit lanceur Vega et deux de la fusée russe Soyouz.
Reste que la porte-parole considère comme prématuré toute publication de chiffres consolidés, la date de reprise des opérations étant importante pour pouvoir établir un bilan global dans lequel chaque jour compte, financièrement parlant. Néanmoins, elle peut d’ores te déjà affirmer que l’impact « se comptera en millions, et non en milliers d’euros ».
Or, la reprise n’est pas encore à l’ordre du jour. Des manifestants se sont en effet installés mardi devant le centre spatial de Kourou, le plan de près de 1,1 milliard d’euros proposé par le gouvernement pour améliorer les conditions de vie dans ce département d’outre-mer leur semblant en effet insuffisant.
Mercredi dernier, lors de l’examen du plan en Conseil des Ministres, François Hollande avait déploré les « intimidations » sur place. Pour rappel, l’industrie spatiale assure 9.000 emplois directs et indirects en Guyane, ce qui correspond à 15% de la population active du département. Les emplois directs, au nombre de 1.700, sont pour les trois quarts des contrats locaux.
Selon les projections des analystes, entre 23 et 25 gros satellites commerciaux devraient être lancés, en moyenne, chaque année dans le monde. Les échecs récents de Proton et les calendriers d’ores et déjà surchargés d’Ariane 5 et de Falcon 9 de Space X, qui ne peuvent assumer à eux seuls la totalité de ces tirs, pourraient donner, dans les prochaines années, un coup de pouce au programme japonais ainsi qu’aux nouveaux arrivants sur ce marché, tels que les lanceurs indiens indiquait en janvier 2016 le journal « Les Echos ». « Nous ne sommes pas les seuls en lice. Mais nous affichons une excellente fiabilité », affirmait alors Koki Nimura, le directeur des lancements du conglomérat japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI), évoquant le développement d’une nouvelle génération de fusée japonaise beaucoup plus économique.
Le 24 novembre 2015, le groupe a pour réussi sa première véritable mission commerciale en plaçant avec succès en orbite un satellite géostationnaire de télécommunications du groupe privé canadien Telesat. « C’était une étape cruciale pour nous », déclarait à cette date Koki Nimura, y voyant une fenêtre d’opportunités exceptionnelle pour les lanceurs du groupe.
Début 2016, un « vol » de la fusée H-2A du groupe MHI était selon les experts, facturé plus de 10 milliards de yens, soit 81 millions de dollars, compte-tenu notamment du coût élevé du moteur LE-7 du lanceur et du désavantage géographique de la base de lancement utilisée. Partant de Tanegashima, au sud du Japon, soit loin de l’équateur, les fusées nippones ont besoin de plus d’énergie pour placer un satellite en orbite géostationnaire. Mais la nouvelle fusée H3 de MHI – promise pour 2020 – pourrait ne coûter « que » 40 millions de dollars. De quoi être compétitive face à ses concurrents même si Space X n’a pas dit son dernier mot. Profitant d’une base plus proche de l’équateur et de technologies moins chères, la société aurait déjà réduit le coût d’un lancement à 60 millions de dollars et programmerait encore une baisse spectaculaire de ses prix avec ses éléments réutilisables.
Si Falcon Heavy, le lanceur lourd de Space X est certes très en retard sur son calendrier (le premier vol était prévu en 2013), il devrait néanmoins décoller cette année. Permettant alors à l’entreprise américaine de se porter candidate pour le lancement des satellites les plus lourds de l’U.S. Air Force …. et de concurrencer Arianespace sur le marché des gros satellites de télécommunications. Ce futur lanceur dotée d’une performance de 21 tonnes en version pourrait également révolutionner le marché s’il devient comme promis, totalement réutilisable, ses capacités en faisant alors un concurrent direct d’Ariane 5.
Les mouvements sociaux frappent donc Arianespace au pire des moments alors que la concurrence fait rage … Espèrons que les Guyanais ne tuent pas la poule aux œufs d’or … à la plus grande joie de Space X.
Sources : Reuters, Les Echos, Futura Sciences
Elisabeth Studer – 5 avril 2017 – www.leblogfinance.com
Ariane 6, la nouvelle arme des Européens face à SpaceX
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/02/11/2016/LesEchos/22310-045-ECH_ariane-6–la-nouvelle-arme-des-europeens-face-a-spacex.htm#hF58DdC7iOCMb0Fk.99
La nouvelle génération du lanceur européen, annoncée moins chère de 40 à 50 % que sa devancière Ariane 5, a reçu son « go » définitif. Une décision précipitée par les menaces de la concurrence.
Un des anciens patrons d’Arianespace, la société chargée de commercialiser les vols de la fusée européenne, l’a dit un jour : « Notre science est celle où le succès est le plus proche de l’échec. » En cet automne 2016, les faits lui donnent amplement raison. Plus de trente ans après le lancement d’Ariane 5, un lanceur déjà tiré à 88 reprises mais à présent trop cher à exploiter et peu flexible, l’Europe spatiale a su dépasser ses divergences pour rester compétitive. Et actuellement, les astres sont bien alignés pour Ariane 6, le successeur « low cost » de la famille. La principale partie financière du contrat (1,7 milliard d’euros) sera logiquement débloquée ce jeudi lors d’un conseil de l’Agence spatiale européenne (ESA), après un premier acompte de 680 millions, déjà approuvé en 2015.
Cette même instance ministérielle ayant déjà validé à la mi-septembre le « point d’étape » présenté sur Ariane 6, cela ouvre la voie à la commercialisation dès la fin de cette année de la nouvelle fusée qui doit entrer en service en 2020, en binôme avec Ariane 5 pendant trois ans. L’accord principal trouvé entre les ministres dès la fin 2014 à la conférence de Luxembourg devrait ainsi structurer pour plusieurs décennies l’Europe spatiale. Au total, ce programme est chiffré à quelque 3,4 milliards d’euros, en incluant la part supportée directement par les industriels (400 millions) et le coût du nouveau pas de tir en construction en Guyane (600 millions).
La raison de ce sursaut ? Elle se nomme incontestablement SpaceX, la firme du très médiatique Elon Musk. « C’est certain que la compétition nous a stimulés et a accéléré les réflexions », reconnaît Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace, arrivé à ce poste à une époque (printemps 2013) où l’avenir d’Ariane 6 était loin d’être dégrossi. Répit certainement provisoire, qui renvoie aux premiers échecs d’Ariane 5 en 1996-1997 : l’épouvantail américain est cloué au sol depuis début septembre. SpaceX a beau viser une reprise des tirs dès que possible, la spectaculaire explosion au sol de son Falcon 9, avec à bord un précieux satellite, pendant un remplissage de routine en oxygène liquide à deux jours de son décollage, fait désordre.
Fanfaronnades
De quoi décaler les plans de la société californienne qui, non contente de casser les prix quand la concurrence internationale pointe son nez (certains de ses tirs sont facturés à peine 50 millions de dollars, soit la moitié de ceux d’Ariane), veut frapper encore plus fort avec son nouveau Falcon Heavy. Un colosse équipé de 27 moteurs, capable de placer en orbite « une masse équivalente à celle d’un Boeing 737 avec ses passagers et leurs bagages, soit plus de deux fois la charge utile du lanceur Delta IV, son concurrent le plus proche, pour seulement un tiers de son prix ! » fanfaronne la firme sur son site Internet…
Vieux briscards du spatial, les Européens savent bien que la menace de leur obsédant rival ne s’est pas envolée dans l’épaisse fumée du pas de tir de Cape Canaveral. Et que leurs clients exècrent les monopoles. Elon Musk, qui a signé ses premiers contrats en 2011, a déjà surmonté nombre d’échecs (notamment avec son premier lanceur léger Falcon 1, puis en essayant de récupérer au sol le premier étage de son Falcon 9) et dispose d’un solide carnet de commandes de 70 lancements à réaliser pour 10 milliards de dollars. Y compris de solides engagements auprès de la Nasa ou de l’armée américaine, soit deux tiers de ses réservations de facto inaccessibles à la concurrence européenne. De cette façon, « SpaceX recycle à l’export les bénéfices qu’il engrange sur son marché domestique, décrypte Stéphane Israël. Il peut offrir un tir à 50 millions de dollars, mais un lancement de fret vers la station spatiale avec sa capsule Dragon est facturé 150 millions de dollars, et un tir pour le GPS américain 82 millions… S’il y a bien un prix qui n’existe pas en réalité, c’est celui de 62 millions de dollars affiché sur son site Internet ! Pour nous, il était grand temps de réagir le plus énergiquement possible ».
Des différents lanceurs qu’Ariane a rencontrés précédemment sur sa route, aucun n’avait engendré jusqu’à présent de sursaut majeur : ILS, qui commercialise le russe Proton, a été sauvé par l’insistance de quelques grands clients; Sea Launch, qui tirait des fusées russes Zenit depuis le Pacifique, a été mis en faillite après plusieurs échecs; United Launch Alliance (ULA), la société commune mise en place depuis dix ans sous l’égide du Pentagone entre Boeing et Lockheed Martin pour chasser les doublons entre leurs Delta IV et Atlas V respectifs, se contente pour l’essentiel des commandes institutionnelles américaines. Quant à la Chine, elle lance en circuit fermé, en raison d’une réglementation américaine protectionniste sur les exportations de matériel sensible (Itar).
Toutefois l’offre pourrait changer, « car il y a pas mal d’impétrants pour la décennie 2020 », prévient un expert du spatial. ULA, qui n’est pas totalement absent des radars, pourrait baisser ses prix grâce à son futur lanceur Vulcan. L’Inde, pour l’instant limitée à 3 tonnes d’emport par sa fusée nationale PSLV, veut développer un lanceur lourd susceptible de se mêler aux appels d’offres internationaux. Les Russes n’ont pas totalement lâché prise, comme en témoignent certains clients qui retournent chez Proton. Sans oublier le projet fou de Jeff Bezos, le richissime PDG et fondateur d’Amazon : le New Glenn, un lanceur réutilisable beaucoup plus haut que tous ceux sur le marché (plus de 95 mètres dans sa variante plus puissante) : son segment de marché n’est pas encore clairement affiché, mais la Nasa a récemment prévenu les Européens qu’il faudrait prendre ce projet au moins autant au sérieux que la saga SpaceX, selon nos informations.
Côté clients, « le marché commercial des satellites de télécommunications, soit la partie soumise à concurrence, ne dépasse pas 18 à 20 satellites par an. Un petit marché d’opportunité, sur lequel le rapport de force entre l’offre et la demande peut varier très vite », selon Rachel Villain du cabinet spatial Euroconsult. Une donnée stable si l’on compte à part les différentes constellations, à l’activité irrégulière. Pour préserver sa part de marché historique d’un peu plus de 50 %, l’Europe se devait donc de trouver un successeur à Ariane 5, adoptée en 1985 mais au départ imaginée pour des vols habités, comme vecteur de la navette Hermès qui n’aura jamais vu le jour. Avec un objectif affiché : des vols facturés autour de 70 millions d’euros, soit une réduction des coûts de 40 à 50 % par rapport au lanceur en fin de carrière.
« Ce n’est pas SpaceX qui nous a fait bouger, c’est l’évolution du marché « , plaide Alain Charmeau, le patron d’Airbus Safran Launchers (ASL), la nouvelle société commune entre le constructeur de la fusée et son motoriste, forte de 8.400 salariés en France et en Allemagne et pivot du nouveau dispositif industriel. « On a vu apparaître les satellites à propulsion électrique, qui sont à la fois moins lourds et plus volumineux, et différents types de constellations, dont certaines avec de très petits satellites. Nous avions donc besoin de répondre à ces évolutions « , ajoute-t-il.
Le coût prime sur les performances
Au-delà de la 6e génération de sa fusée-maîtresse, qui balaiera mieux le marché avec ses deux options de propulsion (à 2 ou 4 boosters), l’Europe a surtout fait table rase du passé en bouleversant toute l’organisation de la filière. Lassée de devoir débloquer chaque année plus de 100 millions d’euros pour compenser le déficit d’exploitation d’Arianespace, avant tout fierté française. « Tous les acteurs européens ont compris en 2014 que si l’on ne [rendait] pas Ariane 6 compétitive, il n’y aurait pas d’Ariane 6 du tout », résume Alain Charmeau.
De l’avis de tous, l’impulsion décisive fut donnée par Geneviève Fioraso, l’ex-ministre française en charge du secteur. « Il a fallu mettre les industriels en phase côté français, convaincre l’agence française (le Cnes) de la nécessité de trouver un nouvel équilibre, travailler sur un programme à coût moindre, plus modulaire, avec une plus grande intégration industrielle « , dit-elle en se souvenant de maintes réunions ministérielles informelles. Il a fallu surtout remiser le projet du Cnes d’une Ariane 6 entièrement à poudre (PPH), au coût prohibitif, calée sur une charge utile uniforme de 6,5 tonnes en lancement simple, selon l’étrange doctrine du « one size fits all « . Et renoncer également à Ariane 5 ME, une nouvelle variante de la fusée actuelle adoptée en théorie, défendue par l’industrie mais trop grosse pour les lancements institutionnels européens, décisifs pour le futur équilibre financier d’Ariane.
Pendant qu’Airbus et Safran révisaient leur copie, débouchant à l’été 2014 sur la version définitive du lanceur, évoluait en parallèle la réflexion sur la nouvelle gouvernance, selon laquelle ASL, récemment formé, va devenir le premier actionnaire d’Arianespace, en grimpant de 39 % à 74 %. Avec cette privatisation implicite, les industriels acceptent de plus grandes responsabilités et plus de prise de risques, mais ont aussi considérablement raccourci les délais, comme l’illustrent les nouvelles relations avec les agences spatiales : « Avant, on avait un certain nombre de revues sur l’état d’avancement des programmes, les experts nous posaient des questions et l’industrie se focalisait sur les réponses à fournir, résume Alain Charmeau d’ASL; c’est ainsi qu’Ariane 5 ME a demandé 7 mois de revue et 550 documents distincts. Mais à présent, les représentants des agences ont les infos en continu, ils nous aident plus qu’ils nous contrôlent, et cet exercice aura duré seulement 15 jours cette année. »
Dans le petit monde industriel d’Ariane 5 dimensionné à l’origine pour 2 à 4 tirs par an, il s’agit désormais de revoir sérieusement l’organisation, pour accroître les cadences (le plan de vols est de 11 à 12 Ariane 6 par an plus 3 Vega) et baisser les coûts fixes. Réduction des allers-retours des composants entre les sites et les pays, économies d’échelle sur les commandes de boosters, impression 3D afin de limiter l’emploi des matières, division par trois du temps de préparation du lanceur à Kourou… C’est nouveau, mais désormais le coût prime sur les performances.
Quant aux clients, les grands opérateurs de satellites, ils ont été étroitement associés dans la conception du lanceur, via leur association (l’Esoa). La division par deux du coût du kilogramme lancé, promise par Ariane ? « C’est un objectif atteignable, l’industrie met toutes les chances de son côté pour y parvenir, avec une approche plus « business centric » que ce qui prévalait jusqu’à présent « , estime Yohann Leroy, directeur technique d’Eutelsat. Mais pas question pour sa société de mettre tous ses oeufs dans le même panier : « Nous avons besoin d’avoir au moins trois lanceurs disponibles », en témoigne Falcon Heavy, « une solution que l’on regarde « , dit-il. Elon Musk est loin d’avoir dit son dernier mot.
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/02/11/2016/LesEchos/22310-045-ECH_ariane-6–la-nouvelle-arme-des-europeens-face-a-spacex.htm#hF58DdC7iOCMb0Fk.99
Ariane 6 a-t-elle les épaules face à la fusée réutilisable de SpaceX?
Le 05.01.2016 à 16h22 | Mis à jour le 05.01.2016 à 16h22 Challenges
https://www.challenges.fr/transports-et-defense/ariane-6-a-t-elle-les-epaules-face-a-la-fusee-reutilisable-de-spacex_30248
A peine lancée, déjà dépassée. C’est la hantise de l’Europe spatiale au sujet de son futur lanceur Ariane 6, dont le premier vol est prévu pour la fin 2020. La réussite de la récupération du premier étage de la fusée Falcon 9 de l’américain SpaceX, le 22 décembre dernier à Cap Canaveral, ouvre en effet la voie à de futurs lanceurs spatiaux réutilisables, qui permettraient une baisse drastique du prix des lancements. Or Ariane 6, si elle doit afficher des prix deux fois plus bas que l’Ariane 5 actuelle (100 à 120 millions de dollars le lancement de deux satellites, contre plus de 200 millions pour Ariane 5), n’est pas conçue pour être réutilisable. Et n’a pas vocation à le devenir dans un proche avenir.
Faut-il pour autant dézinguer le projet Ariane 6 en cours de route et repartir d’une feuille blanche? Ce serait une erreur majeure, assure Arianespace. « Il ne faut pas dévier d’un iota de notre feuille de route, a martelé le PDG du groupe, Stéphane Israël, lors de ses vœux à la presse mardi 5 janvier. La bonne stratégie n’est pas de copier celle de vos concurrents, mais de mettre en place la vôtre. »S’il reconnaît que l’atterrissage réussi du premier étage de Falcon 9 est « un exploit technologique », le dirigeant met en garde contre un affolement généralisé qui aboutirait à remettre en cause un programme Ariane 6 à peine lancé.
Modèle économique à démontrer
Les arguments en faveur du statu quo sont nombreux. Un, les grands clients opérateurs satellites continuent de pousser le projet actuel. « SES et Eutelsat ont écrit l’année dernière au directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA) pour réaffirmer qu’il faut absolument lancer Ariane 6 au plus vite, et ils sont toujours sur la même ligne », souligne Stéphane Israël. Deux, le modèle économique d’un lanceur réutilisable reste à valider. « Pour faire un lanceur réutilisable, il faut d’abord récupérer le premier étage, ce que SpaceX a fait de façon remarquable. Mais il faut aussi s’assurer que cet étage peut être lancé à nouveau à un coût compétitif, ce qui reste à démontrer », soulignait Jean-Yves Le Gall, président du CNES, lundi 4 janvier lors de ses vœux à la presse.
Troisième argument contre le lanceur réutilisable, il nécessite une cadence de lancement importante pour assurer une rentabilité correcte, assure Stéphane Israël. « Or nous n’avons pas 15 ou 20 lancements institutionnels par an garantis comme nos concurrents américains », relève-t-il. Le dernier argument est technique: pour redescendre sur terre, une fusée réutilisable doit embarquer du carburant complémentaire, utilisé pour freiner sa descente. D’où une capacité d’emport amputée. « Ariane 5, quand elle décolle, est pleine comme un œuf, souligne Stéphane Israël. On ne peut pas se passer de 30 à 50% de la performance du lanceur pour faire du réutilisable ».
L’Europe saupoudre
Pour Arianespace, Ariane 6, deux fois moins cher que son prédécesseur, est déjà une avancée suffisante pour combattre SpaceX. Modulaire, elle permet de lancer des petits satellites comme des gros. Son étage supérieur réallumable lui permet de lancer efficacement les constellations de satellites, un des segments du marché en forte croissance (OneWeb, LeoSat, O3B…). Ne lui manque finalement, assure Stéphane Israël, que l’engagement des acteurs institutionnels européens (Commission européennes , ESA et ses Etats-membres) à lui garantir une cadence de lancements de 5 lanceurs par an, un niveau qui lui permet un modèle économique performant.
Faut-il pour autant jeter aux orties tout projet de fusée réutilisable? C’est loin d’être certain. L’Europe spatiale, un temps alliée à la Russie sur le sujet, étudie d’ailleurs la question depuis plusieurs années. Mais elle se contente pour l’instant d’un certain saupoudrage. La conférence ministérielle de l’ESA a prévu une enveloppe de quelques millions d’euros pour un programme baptisée LEE (Launcher Evolution Elements), qui vise à identifier les évolutions possibles des lanceurs européens, dont le réutilisable.
Prométhée, moteur réutilisable européen
Le CNES étudie un moteur réutilisable, baptisé Prométhée, qui pourrait fonctionner à oxygène liquide et méthane liquide, a expliqué Jean-Yves le Gall. « Il faut continuer à travailler pour être paré à toutes les éventualités, assure le patron du CNES. Si d’aventure dans trois, quatre, cinq ans, le réutilisable devient une réalité, il faut que nous ayons une réponse suffisamment avancée. » Selon l’Usine Nouvelle, un accord avec Airbus Safran Launchers, maître d’œuvre d’Ariane 6, a été signé le 12 novembre pour lancer les travaux sur le sujet.
Airbus Defence & Space, lui, travaille aussi sur un concept baptisé Adeline, qui permet de réutiliser la partie la plus chère du lanceur: le moteur, la baie de propulsion et les équipements d’avionique liés, qui représentent 70 à 80% de la valeur totale d’une fusée. Le lanceur équipé du système Adeline décolle normalement, larguant son premier étage une fois hors de l’atmosphère. Le « module de retour » (les parties réutilisables) redescend sur terre à une vitesse supérieure à Mach 5. Une fois de retour dans l’atmosphère, l’engin se mue en petit drone, en mettant en marche deux hélices amovibles sur ses ailes, qui lui permettent de finir son vol comme un avion.
Challenges
En démontrant la fiabilité technique de la réutilisation d’un lanceur, SpaceX rend en tout cas encore plus crédible sa promesse d’une réduction de 30% du prix des lancements spatiaux, qu’il facture aujourd’hui 62 millions de dollars au prix catalogue. Cela porterait le tarif d’un tir de Falcon 9 aux alentours de 44 millions de dollars, quand la future Ariane 6 européenne, prévue pour 2020, devrait être facturée 90 à 100 millions d’euros pour un lancement double, soit 48 à 53 millions de dollars le satellite. Si, bien sûr, les engagement de réduction de coûts pris par Airbus Safran Launchers, le maître d’oeuvre d’Ariane 6 (40 à 50% de moins par rapport à l’actuelle Ariane 5), sont honorés.
Trois lanceurs réutilisables en 2020
De là à dire que le futur lanceur européen est déjà en danger, il n’y a qu’un pas, qu’il serait encore imprudent de franchir. Certes, Ariane 6 va se retrouver à l’horizon 2020 face à trois lanceurs américains réutilisables: Falcon 9, Falcon Heavy, le futur lanceur lourd de SpaceX, et le New Glenn de Blue Origin, la start-up spatiale du fondateur d’Amazon Jeff Bezos, qui vient de signer ses premers accords de lancements avec les opérateurs Eutelsat et OneWeb. Le lanceur européen, lui, ne pourra pas être réutilisé. L’Europe spatiale, la France en tête, travaille bien sur un moteur réutilisable, baptisé Prometheus, qui devrait afficher un coût divisé par dix: un million d’euros, contre dix au moteur Vulcain actuel. Mais ce dernier ne devrait pas équiper Ariane 6 avant 2030.
Il faut cependant se garder d’enterrer trop tôt Ariane. D’abord parce si les obstacles techniques sont en train d’être franchis, l’équation économique des lanceurs réutilisables reste à démontrer. « Tout dépend des frais de remise en condition, souligne dans les Echos Jean-Yves Le Gall, le patron du CNES, l’agence spatiale française. A mon avis, le temps où la fusée pourra atterrir et redécoller sans interruption n’est pas encore arrivé. » Les navettes spatiales américaines, réutilisables mais ruineuses à remettre en état, avaient été mises au rebut en 2011 faute d’avoir pu démontrer leur compétitivité.
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Un problème de charge utile
D’autre part, les clients des lancements spatiaux, des opérateurs satellites comme Eutelsat, SES, Intelsat ou Inmarsat, répugnent en général à trop dépendre d’un seul prestataire de lancements, pour ne pas risquer d’être cloué au sol en cas de problèmes techniques. « L’idéal, c’est au moins trois fournisseurs de lancements », expliquait récemment le directeur technique d’Eutelsat, Yohann Leroy. Un léger supplément de prix par rapport à SpaceX est acceptable pour les clients, à condition que la fiabilité et le respect du calendrier, pour l’instant points faibles du groupe américain, soient au rendez-vous.
Enfin, les lanceurs réutilisables ont aussi leurs défauts. « Une fusée réutilisable du type de SpaceX doit embarquer 30% de son carburant pour assurer son retour. Cela réduit d’autant la charge utile », rappelait en 2015 Jan Woërner, directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA). SpaceX va donc devoir prouver que la réduction de coûts permise par son lanceur réutilisable est supérieure à celle de la charge utile. Faute de quoi, la réutilisabilité resterait cantonnée à l’exploit technique, faute de modèle économique.
SpaceX n’est pas le seul danger
L’Europe spatiale, elle, devra éviter deux écueils. Un, sous-estimer SpaceX, qui bénéficie des juteux contrats de la Nasa, et depuis peu, de l’US Air Force, ce qui lui donne une puissance de frappe impressionnante sur le marché commercial où il peut casser les prix. Deux, se focaliser sur le seul SpaceX, alors que la concurrence russe repart de l’avant avec une nouvelle gamme de lanceurs Proton et Angara, et que l’américain Blue Origin apparaît, vu les moyens quasi illimités de son fondateur Jeff Bezos, comme le nouvel épouvantail du secteur. « Ils sont redoutables, très crédibles techniquement, et beaucoup plus fiables sur les délais et plus lisibles en termes de stratégie que SpaceX », assure-t-on chez un opérateur.
Si on n’arrive pas a lancer nos casseroles, on ira faire une demande polie à la Corée du nord 🙂 🙂
http://www.ledevoir.com/societe/sante/495543/sante-sexuelle-la-syphilis-congenitale-fait-un-retour
Véritable état de la planète !! En Guyane règne le sida et le vol avec violence !! et au Québec arrivent syphilis ( « inflation » de + 28% en un an !!) et tuberculose résistante. Mieux vaut avoir la tête dans l’espace 🙁
Avec le coup en deux temps en Syrie de Donald (véritable élu US pur jus n’en déplaise à certains !!)
On va connaitre que du bonheur !! Dans un premier temps il faudra éviter les propriétés et les paradis fiscaux du bord de mer.
Secondairement il va devenir difficile de jouer les équipages sur les rafiots pour cause de tirs au but !!
La valse à deux temps on connait, c’est la valse du petit caporal autrichien à moustache, l’incendie du Reichstag c’est aussi le même que celle déjà utilisée pour attaquer l’Irak, c’est le coup de la fiole d’arme de destruction massive présentée par Colin Powell (http://www.ina.fr/video/2205136001007!! )
C’est un coup caractéristique des Nazis quelle que soit leur religion .
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